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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

vendredi 10 juin 2022

Bière grenadine d'Hélène Vignal

J'ai découvert Hélène Vignal avec Si l'on me tend l'oreille et j'avais adoré sa plume et les émotions qu'elle pouvait transmettre à travers ses mots. J'ai donc rempilé avec un autre de ses romans qui est un coup de ♥.



Quatrième de Couverture
« On a enterré Yvan hier. Ça ne fait que vingt-quatre heures. Sa moto a dérapé jeudi dernier. Ça ne fait qu'une semaine. Il ne me parlait plus depuis six ans. Il me manquait depuis six ans. Il était déjà absent. Rien n'a changé. Sauf que. »
Claire et Yvan ont grandi ensemble comme frère et sœur. Puis un jour, parce que leurs parents se sont trop aimés puis déchirés, ils ont dû effacer leurs enfances communes. Ils avaient onze et douze ans et leur fraternité brisée, c'était juste des dommages collatéraux. Leur douleur n'a eu aucune place dans l'histoire des adultes.

Mon avis
Claire vient de perdre Yvan pour toujours, son meilleur ami d’enfance, mort à dix-huit ans dans un accident de moto. Ils s’étaient déjà perdus six avant, lorsque leurs parents se sont déchirés et lorsque leur amitié a été balayée sous le tapis avec les erreurs des adultes. Mais cette fois-ci la perte est définitive, emportée pour toujours par la mort.

Bière grenadine est une histoire de deuil.
Le deuil y est multiple, il se décline en plusieurs couches au fil des pages et nous entraîne dans son processus aux côtés de Claire.

Claire et Yvan ont grandi ensemble, comme frère et sœur, leurs parents étant amis et toujours ensemble : les weekends, les vacances, les moments de joie… Ils étaient accrochés l’un à l’autre, formant un tout, sous le regard attendri des parents qui les identifiaient comme un petit couple. Claire et Yvan s’aimaient d’un amour fort, fraternel, ce qui entrait déjà en collision avec le monde des adultes : le père de Claire et la mère d’Yvan ont eux été incapables de ça et ont traversé la ligne rouge, déchirant le cocon des enfants au passage. Ils avaient onze et douze ans.

Six ans plus tard, Claire est forcée de faire son deuil lorsqu’Yvan meurt brutalement. À travers son passé et son présent, elle remonte le fil de son histoire et on comprend qu’elle doit faire face à plusieurs deuils en même temps : celui de son enfance, celui de son amitié avec Yvan, celui des sentiments en suspens et enfin le deuil d’Yvan pour toujours.

C’est là toute la puissance et mais aussi la douleur de ce roman. Claire est restée suspendue dans le vide, au-dessus de la déchirure, attendant le retour d’Yvan dans sa vie, au moment opportun. L’accident de moto lui arrache cette perspective et la pousse en quelques jours à relancer la machine de sa vie pour sortir de son attente et poursuivre son chemin sur lequel elle s’est arrêtée six ans plus tôt.

De façon subtile, Hélène Vignal déroule les cinq étapes du deuil au fil du récit : le déni de l’attente des six longues années, la colère retournée contre les adultes, le marchandage par le besoin de rattraper l’Yvan des six années perdues, la dépression par la mélancolie et enfin l’acceptation lorsque Claire ferme enfin la porte d’Yvan pour en ouvrir une nouvelle.

Bière grenadine est un roman jeunesse au message fort et aux émotions puissantes, violentes. À chaque page, la boule au ventre mise en place dès le début de la lecture grandit, gigote, nous étouffe presque. On se fond dans les états d’âme de Claire, on calque nos deuils sur les siens et on respire à nouveau sur les dernières pages, libérés de ce poids confiés au début du récit par Hélène Vignal. C’est beau, c’est éprouvant et ça sonne juste. Un an après ma lecture, ça résonne encore dans ma tête et c’est toute la force de ce récit. Hélène Vignal a su encore une fois par la beauté de ses mots puiser dans nos ressources pour accepter les moments difficiles en faire nos forces.

« – Sauf qu’Yvan est mort. Et ça, c’est du présent pour toujours, je lui dis. » p. 33

« Plus je parle, plus Christophe me regarde. Il hoche la tête, il sourit souvent, il reconnaît Yvan. Quelqu’un qui le reconnaît, enfin. Je pose mes souvenirs derrière ses grosses lunettes, ils se nichent bien au chaud dans ses dreads. J’ai un endroit pour les poser, ils sont en sécurité avec lui. » p. 81

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