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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

samedi 10 octobre 2020

L'Alchimiste de Paulo Coelho

Mon rythme de lecture est irrégulier mais, devinez quoi, ce n'est pas grave, c'est comme ça. Je réussis encore à dénicher des moments où la frénésie revient, de façon brève mais intense, et ça me suffit. C'est comme pour les chroniques : des fois, l'inspiration débarque d'un coup et je pose une nouvelle pierre à l'édifice de la mise à jour. La construction est encore en chantier mais, aujourd'hui, une petite finition des fondations débarquent avec mon avis sur ce livre qui attendait depuis bien trop longtemps dans ma PàL.



Quatrième de Couverture
'L' Alchimiste' est le récit d'une quête, celle de Santiago, un jeune berger andalou parti à la recherche d'un trésor enfoui au pied des Pyramides. Dans le désert, initié par l'alchimiste, il apprendra à écouter son coeur, à lire les signes du destin et, par-dessus tout, à aller au bout de son rêve. Destiné à l'enfant que chaque être cache en soi, 'L' Alchimiste' est un merveilleux conte philosophique, que l'on compare souvent au 'Petit Prince', de Saint Exupéry, et à 'Jonathan Livingston le Goéland', de Richard Bach.


Mon avis
L’Alchimiste de Paulo Coelho est de ces livres cocooning qui font du bien, qui nous plongent dans un calme profond et doux. La quête de Santiago est la nôtre, cette recherche du bonheur à travers la découverte de qui nous sommes, de l’accomplissement. Paulo Coelho nous invite à redéfinir ce que nous désirons réellement au plus profond de nous-mêmes.

Parsemé de révélations sur ce qui compte réellement dans la vie, L’Alchimiste illustre le fait que ce n’est pas la destination qui compte mais bien le voyage qui nous y mène. Un peu cheesy dit comme ça mais, au fond, lorsque nous surmontons une épreuve, c’est notre capacité à le faire qui nous rend fier et pas le résultat en lui-même, c’est la façon dont nous réussissons à aller au bout des choses qui nous permet d’apprécier ce que nous obtenons. C’est tout ce que conte l’auteur dans cette aventure. Santiago comprend au fil du temps que les signes ne s’offrent pas à lui comme par magie mais bien qu’il les a cueilli au fil de sa vie lorsqu’il était prêt à le faire.

Je regrette juste l’inégalité du livre que j’ai ressentie. Je me suis laissé porter sans difficulté par les trois quarts du livre mais le dernier quart de ma lecture ne m’a pas paru si fluide. Il y a un décrochage que je ne saurais expliquer si ce n’est que, finalement, plus on approche du but, plus il y a une certaine appréhension à ce que tout s’arrête. Je crois que le cheminement à tâtons est plus agréable pour moi que la dernière ligne droite, où la confiance est moins touchante que l’hésitation antérieure. Sûrement parce que ma quête est encore loin de sa conclusion et que je m’identifiais bien plus au Santiago du début qu’à celui de la fin.

Quoi qu’il en soi, c’est un conte philosophique qui fait du bien et qui m’a permis de faire une pause délicate dans un monde quotidien qui tourne toujours trop vite.

« Le jeune homme se souvint d’un vieux proverbe de son pays, qui disait que l’heure la plus sombre est celle qui vient juste avant le lever du soleil. »

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dimanche 6 septembre 2020

De bons présages de Terry Pratchett et Neil Gaiman

J'ai peu lu ces dernières semaines mais ça revient, tout doucement. J'ai encore quelques chroniques à rédiger, dans le désordre. Les astres se sont à nouveau alignés pour me permettre de reprendre le temps de lire, de prendre du temps pour moi. Et pour l'heure, c'est avec le Challenge Coups de coeur des A&M que je reprends le rythme.



Quatrième de Couverture
AL'Apocalypse ! Depuis le temps qu'on en parle... Eh bien, c'est pour demain. Enfin, dans onze ans, très exactement. Depuis que Dieu créa le monde et Satan l'enfer, chacun des deux cherche à tirer la couette à lui. Pour défendre leurs intérêts respectifs, ils ont leurs envoyés spéciaux sur terre. Côté Bien : Aziraphale (ange de son état, bibliophile et libraire à mi-temps). Côté Mal : Rampa (démon, lunettes noires et boots en peau de serpent, propriétaire d'une Bentley). Et l'Apocalypse, ça ne les arrange pas du tout. Parce que, vous savez ce que c'est, quand on vit quelque part depuis des siècles, on a ses petites habitudes. Alors ange et démon vont doubler leurs patrons et tout mettre en œuvre pour faire capoter l'Apocalypse.


Mon avis
De bons présages est de ces livres qu’on ouvre pour se détendre tout en ayant envie de garder le cerveau branché sur le serveur humour décalé. Il y a des moments pour tout et c’était pile le bon moment pour moi.
Ce livre, on en parle sur Accros & Mordus de Lecture depuis des années (Livre du Mois de mai 2019), je l’avais dans ma PàL depuis un bon moment et j’avais bien envie de rire un peu. Je n’ai pas été déçue.

Quoi de mieux que de voir le « Bien » et le « Mal » se dire que, finalement, l’Apocalypse, c’est pas si fun que ça ? Aziraphale et Rampa se rendent compte que le manichéisme c’est quand même moins fatigant et redondant que les rôles bien établis qu’ils sont censés jouer… surtout quand la fin du monde risque de venir mettre fin à leur vie terrestre qu’ils ont construite au fil des millénaires.

Je découvre en même temps Terry Pratchett et Neil Gaiman, je n’ai donc pas de curseur pour déterminer où démarre la plume de l’un pour passer ensuite à la plume de l’autre. J’ai senti par endroit un changement de ton, un style différent mais sans voir ma lecture saccadée, sans trébucher entre deux paragraphes : quand on ne connaît pas les deux auteurs, la lecture s’écoule sans barrage.

L’humour anglais est certainement ce qui m’a le plus plu : les digressions, les dialogues planants, les personnages décalés et les détails superflus (mais terriblement exquis) ont su se frayer un chemin sans encombre jusqu’à moi. Ce n’est pas tant l’histoire en elle-même qui est à garder en tête mais la façon dont elle est traitée : ça part dans tous les sens, dans du détail absurde et c’est ce que j’ai aimé. L’Apocalypse n’est finalement qu’un prétexte pour critiquer une société via des petits riens qui font finalement tout.

Si vous cherchez un univers complet, clair et fluide, vous risquez de ne pas trouver votre bonheur dans ce roman mais si vous voulez déconnecter de la réalité pour rire un peu, n’hésitez pas.

« Ne voyez pas ça comme un décès, dit la Mort, Dites-vous que vous partez en avance pour éviter les embouteillages. »

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dimanche 2 août 2020

Comme un million de papillons noirs de Laura Nsafou et Barbara Brun

Laura Nsafou est une autrice que j’ai découverte sur instagram via ses lectures et ses recommandations cultures et que je suis depuis pas loin de deux ans maintenant. J’ai profité du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil l’an dernier pour enfin me procurer son album qui était sur ma liste des merveilles à découvrir.



Quatrième de Couverture
A cause des moqueries, Adé est une petite fille qui n'aime pas ses cheveux. Accompagnée par sa mère et ses tantes, elle va découvrir en douceur la beauté de ces papillons endormis sur sa tête, jusqu'à leur envol final.


Mon avis
Comme un million de papillons noirs est une histoire toute douce abordant la difficulté pour les enfants d’accepter leurs particularités. Adé est une petite fille qui prend conscience de la nature de ses cheveux lorsque deux camarades se moquent de leur forme. Blessée, Adé explique alors à sa maman qu’elle n’aime plus ses cheveux et les trouve laids. Débute ensuite un cheminement pour la petite fille vers l’acceptation de soi grâce à l’aide de sa maman qui lui apprend subtilement à aimer ce qu’elle a et ce qu’elle est.

À travers les illustrations fabuleuses de Barbara Brun, je me suis laissé entraîner dans cette histoire qui met en scène cette petite fille chamboulée par les mots de ses camarades. Les enfants sont souvent durs entre eux, façonnés malgré eux par une société où les modèles sont toujours les mêmes, où les cases ont les bords bien trop saillants. Il n’est pas évident de trouver les bons mots, les bonnes images pour les apaiser là où, même chez les adultes, il est difficile de s’imposer avec ses particularités, des différences Laura Nsafou et Barbara Brun réussissent alors en quelques pages à donner des clés aux plus jeunes mais aussi aux moins jeunes pour apprendre à s’aimer.

Comme un million de papillons noirs est de ces livres qui permettent un nouveau regard mais, surtout, qui offrent à des enfants bien trop sous-représentés dans le monde de la littérature d’avoir des modèles auxquels ils peuvent s’identifier. Notre époque est encore marquée par des problèmes de représentativité et des artistes et auteurs comme Laura Nsafou et Barbara Brun permettent de faire de nouveaux pas en avant, même si la route semble malheureusement encore très longue.

« Aimer, c’est montrer aux autres ce qui nous fait du bien, dit Tantine. Pour aimer tes papillons, fais-leur ce que tu aimes. »

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vendredi 5 juin 2020

Le vice de la lecture d'Edith Wharton

Encore un petit essai dénicher à la librairie de la Halle Saint Pierre. Une lecture qui m'a permis de découvrir Edith Wharton pour le meilleur mais surtout pour le pire.



Quatrième de Couverture
« Peu de vices sont plus difficiles à éradiquer que ceux qui sont généralement considérés comme des vertus. Le premier d’entre eux est celui de la lecture. »

Dans ce texte paru en 1903 dans une revue littéraire américaine, la romancière Edith Wharton (1862-1937) dénonce l’obligation sociale de la lecture, nuisible à la littérature et fatale à l’écrivain.

Mon avis
Le vice de la lecture est un texte dont j’avais vaguement entendu parler : j’avais en tête qu’il s’agissait d’un plaidoyer sur l’addiction à la lecture ou encore le plaisir coupable d’aimer lire et d’accumuler des ouvrages sans avoir le temps de tous les lire. Pourquoi cette impression s’était-elle imprimée dans mon cerveau ? Aucune idée mais, du coup, je peux vous dire que j’ai été très surprise en lisant ce texte.

Petit résumé tout personnel de cette lecture : Edith Wharton offre l’étendue de son mépris pour les lecteurs qui ont le malheur de ne pas être des « lecteurs-nés » soit des lecteurs touchés par la grâce de la littérature de façon innée (et, étrangement, même si ce n’est pas clairement dit, cette grâce semble préférer une certaine catégorie de la population).

Edith Wharton distingue deux catégories de lecteurs.
Du côté de la légitimité, elle décrit le lecteur-né comme la seule personne capable de lire réellement. Pour elle, lire est un art auquel seul le lecteur-né peut prétendre :

« Pourquoi serions-nous tous des lecteurs ? Nous ne sommes pas censés être tous musiciens, mais lecteurs nous devons tous l’être ; voilà pourquoi ceux qui ne peuvent lire avec inventivité lisent mécaniquement – tel un homme sans aptitude pour le violon qui considèrerait le grincement produit par un orgue de Barbarie comme un accomplissement équivalent ! »

Du côté du vice, donc, nous retrouvons le lecteur mécanique, ce pauvre fou qui ose toucher du doigt un art auquel il n’a pas droit. Ce lecteur mécanique qui représente le mal absolu et qui entraîne la chute de la vraie littérature, celle qu’il souille de son vil regard. Mais où est le mal ? On pourrait croire que c’est dans le fait que ce lecteur mécanique peut dévorer des fictions à la chaîne et permet à une littérature dite « moins noble » d’exister mais non, c’est bien pire avec la suite directe de la citation :

« Il doit être admis, d’emblée, qu’en matière de lecture, les vrais offenseurs ne sont pas ceux qui se restreignent à la camelote avérée. Un lecteur qui s’avoue grand dévoreur de fiction futile cause peu de dommages. Celui qui se précipite sur « le livre du moment » ne nuit pas gravement au développement de la littérature. La sorte d’esprit qui discerne dans les divisions naturelles de l’écorce du melon la preuve qu’il doit être dégusté en famille pourrait même considérer certains ouvrages – ceux qui ne nécessitent aucun effort autre que de tourner les pages et se servir de ses yeux – comme spécialement conçus pour le bon plaisir du lecteur mécanique,, façon distributeur automatique : « Veuillez appuyer sur la touche adéquate pour sélectionner le livre désiré. » La providence s’avère alors une infaillible pourvoyeuse en auteurs dont la mission évidente consiste à protéger la littérature des ravages provoqués par les sots ; et c’est seulement lorsque le lecteur mécanique s’égare hors de son pré carré qu’il devient un danger. L’idée à la mode selon laquelle lire est une qualité morale a hélas conduit nombre de consciencieuses personnes à renoncer à leur innocent badinage avec les livres facules pour des relations bien plus épuisantes avec la littérature. Ceux-là se font « un devoir de lire ». […] C’est lorsque le lecteur mécanique, armé de la haute idée de son devoir, envahit le domaine des lettres – discussions, critiques, condamnations ou, pire encore, éloges – que le vice de la lecture devient une menace pour la littérature. Alors même qu’il pourrait sembler d’un goût douteux de s’offusquer de cette intrusion motivée par de si respectables motifs, n’eût été cette incorrigible suffisance du lecteur mécanique qui fait de lui une cible légitime. L’homme qui joue un air sur un orgue de Barbarie ne cherche pas à soutenir la comparaison avec Paderewski ; le lecteur mécanique, lui, ne doute jamais de sa compétence intellectuelle. Tout comme la grâce mène à la foi, tant de zèle investi pour progresser est supposé conférer une cervelle. »

Bon, c’était une bien longue citation mais elle permet de capter l’essence même de cet essai : du mépris, encore et encore, partout, tout le temps. Dans cette citation, Edith Wharton écrase non seulement la littérature « camelote » qu’elle considère écrite pour les personnes aux qualités intellectuelles discutables, mais elle nous reproche, nous « sots » aussi petits que le sont nos cervelles, de chercher à pénétrer des sphères bien trop hautes pour nous esprits et de les menacer par nos capacités cognitives bien trop insignifiantes pour être retenues. Le tout dans le plus grand calme en disant « ouais ouais je sais ça peut paraître douteux mais regardez, ils sont vilains pas beaux, j’ai tellement raison et j’suis tellement dans mon droit ».
Une comparaison assez grossière me vient à l’esprit : c’est comme la politique. Le bas peuple est bien trop bête pour pratiquer l’art de la politique, pour en comprendre les rouages et s’il tape l’incruste dans cette roue de la fortune, tout part en eau de boudin. « Votez pour moi, je saurai vous défendre mais n’essayez pas de comprendre, vous êtes trop cons, faites-moi confiance, promis, ça suffira. »

Tout l’essai n’est qu’un déversement de haine envers les lecteurs jugés non légitimes. Les arguments y sont hautains et ne servent qu’à promouvoir l’entre soi encore et encore. Ce n’est pas une dénonciation de l’obligation sociale de lire comme le dit la quatrième de couverture mais plutôt une façon de dénigrer les personnes qui ont l’audace de vouloir lire des œuvres d’Edith Wharton considère écrites pour une élite seulement. Si le fait qu’un lecteur ne puisse comprendre toute la portée d’un texte mette en danger la littérature selon elle est un argument qui puisse être recevable, bien que discutable à mes yeux, c’est bien le fait qu’Edith Wharton considère qu’il faut un talent inné pour comprendre qui me sidère. Je ne comprends pas la portée de tout ce que je lis mais j’estime que j’ai le droit de lire, le droit d’apprendre, de me frotter au niveau littéraire que je souhaite sans que cela ne soit considéré comme un crime.

Et puis, de toute façon, entre Edith et moi, ça ne pouvait pas coller :

« Pour le lecteur mécanique, les livres une fois lus ne sont pas comme des choses qui grandissent, qui prennent racine et dont les branches s’entrelacent, mais des fossiles étiquetés puis rangés dans les tiroirs d’un meuble de géologue ; ou plutôt, comme des prisonniers condamnés à une vie entière de confinement solitaire. Avec un tel état d’esprit, les livres ne se parlent jamais les uns aux autres. »

Ma chère Edith, il semblerait que l’art d’user de la géologie pour faire des analogies nécessite aussi un talent inné dont vous étiez bien dépourvu. Je regrette que vous ayez eu l’audace de poser votre esprit bien trop altier sur une science dont visiblement vous ne saviez rien pour servir vos intérêts méprisables. Alors, comme je suis bien trop bonne, je vous offre une petite explication : ces fossiles sont eux aussi en interactions les uns avec les autres et ils permettent, figés dans le temps, de comprendre le passé, le présent et le futur. Ils ne sont pas confinés, bien au contraire, ils donnent des clés et leurs petits copains des tiroirs à côté permettent de toujours révéler plus de secrets les uns sur les autres. Comme quoi, l’usage mécanique de ce qu’on ne connaît pas est bien pire que de chercher à comprendre de nouvelles choses.

La géologue vous salue !

NB : J'ai encore des tas de passages surlignés, j'aurais aussi pu aborder le style argumentaire, les autres comparaisons douteuses mais j'aurais fini par citer l'intégralité du texte pour juste marteler à quel point le mépris est tout ce qui résume Le vice de la lecture.

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samedi 23 mai 2020

Conditions premières d'un travail non servile de Simon Weil

Lors de ma dernière visite à Paris j’ai pu découvrir la librairie de la Halle Saint Pierre, superbe endroit à la sélection beaucoup trop tentante. J’ai craqué pour une sélection d’essais dont Conditions premières d’un travail non servile de Simone Weil.



Quatrième de Couverture
« L'arbitraire humain contraint l'âme, sans qu'elle puisse s'en défendre, à craindre et à espérer. Il faut donc qu'il soit exclu du travail autant qu'il est possible. L'autorité ne doit y être présente que là où il est tout à fait impossible qu'elle soit absente. Ainsi la petite propriété paysanne vaut mieux que la grande. Dès lors, partout où la petite est possible, la grande est un mal. De même la fabrication de pièces usinées dans un petit atelier d'artisan vaut mieux que celle qui se fait sous les ordres d'un contremaitre. Job loue la mort de ce que l'esclave n'y entend plus la voix de son maitre. Toutes les fois que la voix qui commande se fait entendre alors qu'un arrangement praticable pourrait y substituer le silence, c'est un mal. »

Mon avis
Dans cet essai écrit en 1942, Simone Weil décortique le travail dans le monde ouvrier et apporte un éclairage sur les mécanismes qui peuvent le rendre insupportable. De la nécessité d’une motivation spirituelle (enfin, elle parle de Dieu toutes les trois phrases donc c’est pour les croyants uniquement visiblement) au besoin de repenser la façon de donner des ordres de la hiérarchie en passant par la disparition fatale de la connaissance de l’appart de la tâche réalisée dans l’image globale, la philosophe nous propose une explication à la souffrance des ouvriers ainsi que des pistes d’amélioration.

Dans un second texte, Expérience la vie d’usine, Simon Weil passe par le concret pour analyser le travail en usine : elle se sert de sa propre expérience. Cette partie a eu plus de savoir à mes yeux, moins abstraite, elle m’a paru plus sincère et palpable. J’en retiens que le principal mal du travail de nos jours est de ne pas permettre aux personnes de capter la vision globale dans laquelle elles sont supposées s’insérer. On nous demande de faire partie d’un rouage sans nous permettre réellement dans connaître les fonctionnements et la finalité et c’est tout là le problème : perdre de vue notre valeur dans un système nous rend servile et transforme le travail en une nécessité insupportable. Travailler dans le seul but de gagner de l’argent pour ensuite le réinjecter dans la machine économie est le mal du siècle de Simone Weil, mal qui continue à perdurer dans le nôtre…

Les essais philosophiques sont généralement trop tortueux pour moi mais j’ai bien aimé me plonger dans cette réflexion malgré le rappel quasi constant à la religion qui m’a empêchée d’adhérer à l’ensemble du propos.

« Il n’est pas bon, ni que le chômage soit comme un cauchemar sans issue, ni que le travail soit récompensé par un flot de faux luxe à bon marché qui excite les désirs sans satisfaire les besoins. »
Expérience de la vie d'usine, p67

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vendredi 1 mai 2020

Murmures à la jeunesse de Christiane Taubira

J’ai toujours été admirative de la façon dont s’exprime Christiane Taubira et de ses références littéraires, tout comme de sa culture. Au-delà de la femme politique, c’est l’oratrice et la femme de lettres qui a toujours su capter mon attention dans ses discours. Je m’étais dit qu’il fallait que je lise ses écrits et j’ai commencé par Murmures à la jeunesse, acheté il y a plusieurs mois déjà à la librairie chère à mon cœur Fiers de Lettres.



Quatrième de Couverture
« Attentats, lutte antiterroriste, état d’urgence… comment, dans ce contexte, préserver les valeurs qui sont le socle de la République ?
Déchéance de nationalité : peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose ? Peut-être serait-il plus raisonnable de laisser passer ?
Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience.
» Ch. T.

Christiane Taubira revient sur les tragiques événements de 2015, raconte comment ils ont été vécus au sommet de l’État, quelles sont les forces obscures qui structurent ce nouveau terrorisme, comment on embrigade de jeunes Français pour les transformer en tueurs…
Mais la République possède en elle-même la puissance de riposte nécessaire, une riposte qui ne requiert aucun reniement si elle s’inspire de l’histoire de ses combats. L’auteure appelle les citoyens à trouver dans la culture et la beauté les raisons de défendre avec la plus farouche détermination les valeurs de notre société. Par ces temps troubles et incertains, les paroles de Christiane Taubira élèvent le débat et redonnent espoir à la jeunesse.

Paroles d’une femme de conviction, paroles d’une femme libre.

Mon avis
Murmures à la jeunesse est un essai publié par Christiane Taubira juste après sa démission du gouvernement en 2016 mais dont l’écriture a été achevée quelques jours avant. Dans une préface rajoutée en décembre de la même année, elle explique les raisons de sa démission. On comprend alors le facteur déclencheur de son départ : la déchéance de nationalité. Y sont évidemment abordés les tragiques événements de 2015, des attentats de Charlie Hebdo à ceux du 13 novembre puisqu’ils ont été à la source des débats et dissonances concernant la question de la nationalité.

Cet essai est clairement politique mais ce n’est pas pour cela qu’il doit être lu. Christiane Taubira y détaille sa position sur la déchéance de la nationalité, les mauvaises raisons qui ont amené ce débat sur la table, son inutilité dans la pratique et les stigmatisations qui en auraient découlé en cas d’ajout à la Constitution.

Pour petit historique, la déchéance de nationalité s’est invitée sur le devant de la scène lors de la montée du terrorisme et des attaques perpétrées en France. Le projet consistait à permettre à l’État français de retirer la nationalité française aux binationaux condamnés pour terrorisme (oui, c’est très résumé, mais c’est surtout ainsi qu’on nous l’a présenté, nous le grand public citoyen). Pourquoi uniquement les binationaux ? Parce que la France n’était pas prête à jouer contre la convention internationale signée en 1961 sur la limitation des cas apatrides (donc sans aucune nationalité), signée mais pas ratifiée ceci dit. Ainsi, en ne concernant que les binationaux, la France se protégerait et permettrait aux personnes concernées d’avoir une solution de repli.

Christiane Taubira démontre les failles de ce projet et ses effets pervers. La situation en 2015 et début 2016 laissait une France traumatisée, blessée et ayant un besoin de Justice. Une Justice bien compliquée à appliquer quand quasiment tous les terroristes sont déjà morts aux yeux des Français. Alors, pour apaiser le peuple et donner un sentiment d’action, la déchéance de nationalité est mise sur la table. Seulement, que signifie la déchéance de nationalité pour une personne qui porte allégeance à un état terroriste auto-proclamé, qui meurt pour une cause contraire à tout ce que représente la France ? Rien du tout. Ce projet n’aurait donc eu pour but que de satisfaire les citoyens français en quête de Justice. Mais les terroristes arrêtés ? La déchéance n’aurait sûrement pu être applicable que tard, des années après les faits, laissant alors largement le temps aux États concernés par ces personnes binationales de les déchoir avant la France de leur nationalité : plus d’application pour la France ensuite.
Par contre, l’inefficacité de cette mesure pour faire Justice aurait eu un effet pervers sur les citoyens binationaux : leur expliquer que le simple fait d’avoir deux nationalités mettait une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, qu’être citoyens de deux États faisait d’eux les seules personnes en France à pouvoir être déchus de leur nationalité française. Sympa, pas vrai ? Une inégalité que Christiane Taubira ne pouvait accepter.

« Quand à rompre l’inégalité et étendre aux non-binationaux, l’effet en serait plus directement de fabriquer des apatrides. Et il y aurait là l’illustration de la différence entre l’égalitarisme et l’égalité. Là où l’égalité élève en élargissant à tous des droits et des libertés réservés à certains, l’égalitarisme nivelle, par le bas et par le pire. » p38

Murmures à la jeunesse permet donc à Christiane Taubira de mettre à plat ses positions, ses convictions et de transmettre avec des mots poignants tout ce qui a fait qu’elle ne pouvait que démissionner pour être en accord avec elle-même. Ce texte est politique, il étaye quelques arguments contre la déchéance de nationalité mais il est surtout écrit avec un talent certain. Au-delà des idées, c’est pour la plume de Christiane Taubira qu’il est à lire, pour les mots qui génèrent des émotions fortes. Si les idées sont importantes, c’est bien plus pour la façon dont elles sont exposées que j’ai absorbé chaque page avec délectation. Je suis persuadée que le projet sur la déchéance de nationalité était bien plus complexe que ce que décrit Christiane Taubira dans son essai mais ce n’est pas grave, parce que c’est le travail littéraire qui m’intéressait le plus. C’est d’ailleurs ce qui risque de vous rebuter si vous cherchez quelque chose de précis sur le sujet : Christiane Taubira enrobe énormément son propos sous des couches de références littéraires, philosophiques. C’est pile ce que je recherchais, même si replonger dans cette page de notre histoire n’a pas été des plus simples.

Murmures à la jeunesse pousse à la réflexion mais est aussi une main tendue, une invitation à apprendre et à comprendre, une passerelle érigée pour nous permettre à nous, nouvelle génération, de faire le lien entre nos aînés mais aussi nos aïeux et de prendre part à façonner le monde de demain. C’est avec notre passé que nous devons avancer vers notre futur, quel qu’il soit.

« Lorsque le peuple doute de lui-même, il devient salutaire de lui rappeler ce qu’il a pu dire, y compris de contraire à ses principes et ses mœurs, ce qu’il a su faire, y compris dans l’adversité la plus rude. Il est bon de rappeler qu’il s’est trouvé des citoyens pour se livrer à la délation. Ces faits d’histoire ne doivent pas devenir de vieux démons, mais ils invitent à une prudence protectrice. L’histoire nous réserve parfois de ces feintes qui dénaturent profondément une intention de puissance publique. » p62

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dimanche 26 avril 2020

The kissing booth, tome 2 : Going the distance de Beth Reekles

Après la sortie du film, j’avais lu le premier tome en VO et j’avais trouvé que ce n’était pas terrible mais tout de même divertissant en le prenant pour ce qu’il était. J’ai lu le tome 2, en VF, et c’est une catastrophe.



Quatrième de Couverture
Désormais en couple avec le beau Noah Flynn, Ella vit un rêve éveillé. Mais la réalité la rattrape rapidement quand ce dernier doit s'éloigner des plages de Californie.

Mon avis
Dans ce tome, le beau Noah intègre Harvard et Ella entame sa dernière année de lycée. Là où le tome 1 nous présentait une adolescente aux priorités axées sur l’amitié et la loyauté, le tome 2 tombe pile poil dans les travers de la romance adolescente peu travaillée. Noah est loin, Ella doute, elle se fait des films à partir de rien du tout et se persuade que la vie n’est que drames. Rien n’est développé et les points forts de l’héroïne ont disparu. L’intrigue est, au-delà du niais attendu dans ce genre de livre, tout sauf crédible. Il faudra m’expliquer à quel moment une personne refuse d’expliquer la réalité même si cela signifie perdre l’amour de sa vie qui se trouve à plusieurs heures d’avion en croyant qu’attendre de longues semaines suffira à mettre les choses à plat. Autant les malentendus sont plausibles, autant leur résolution touche au n’importe quoi.

Les personnages sont plus creux que dans le tome 1 (je ne pensais pas une régression possible), les clichés s’enchaînent alors qu’ils semblaient être combattus précédemment et on s’ennuie ferme. Hâte de voir ce que Netflix a fait avec l’adaptation pour rendre l’histoire un minimum attrayante parce que là, c’est un échec.

Mention spéciale à la disparition du lien spécial qui unissait Ella et Lee, unique point fort du tome 1, qui perd en substance dans ce tome.

Mais hey, au moins, j’ai trouvé la motivation de lire un peu en cette période où tout mon être n’est que flemme une fois que je rentre du boulot. J’ai même relu le tome 1 en VF et me suis rendu compte que la VO avait au moins l’avantage de paraître légèrement moins pauvre littérairement parlant. Le niveau d’écriture est bas mais c’est bien pire quand on lit la traduction. Lire des romances, c’est dur pour moi mais j’ai en plus un don pour les choisir mal écrites (que voulez-vous, les seules qui me tentent sont celles ayant été adaptées en film et elles sont souvent mauvaises à l’origine visiblement).

Si vous aimez les romances bien écrites, passez votre chemin. Si vous êtes juste fans de The Kissing Booth, ça vous plaira peut-être (à condition de ne pas être trop exigeants).

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samedi 25 avril 2020

Si l'on me tend l'oreille d'Hélène Vignal

Si l’on me tend l’oreille est un livre que j’ai découvert lors du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, fin 2019, parmi Les Pépites sélectionnées. La quatrième de couverture a eu raison de moi avec sa promesse d’un combat pour la liberté.



Quatrième de Couverture
Dans toutes les foires, on fait la queue devant la minuscule roulotte de Grouzna.
À chacun, la jeune fille murmure une phrase : « Si l'on me tend l'oreille, je parle. »
À chacun, elle prédit son destin.
Mais Grouzna ne sait pas lire son propre avenir. Elle ne sait pas que, par le caprice du prince des Trois Provinces, sa vie nomade va bientôt être menacée. Car on n'aime jamais ceux qui ont la liberté d'aller où ils veulent, en colportant les histoires et les secrets qu'on leur confie.
Alors Grouzna la solitaire va s'allier à d'autres Récalcitrants. Ensemble, ils vont se mettre en route.

Si vous lui tendez l'oreille, Hélène Vignal vous racontera dans ce livre de très nombreuses histoires, celle de Grouzna et du troubadour indomptable, celle de l'enfant au ventre tatoué et du cracheur de feu, du marin survivant, de l'homme qui parle à ses animaux de bois, de l'ermite aux chiens...
Elle vous amènera dans un monde poétique, aventureux et libre.



Mon avis
Si l’on me tend l’oreille est un livre que j’ai découvert lors du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, fin 2019, parmi Les Pépites sélectionnées. La quatrième de couverture a eu raison de moi avec sa promesse d’un combat pour la liberté.

Grouzna est une nomade, une jeune femme qui se rend de ville en ville pour s’installer au cœur des foires qui animent les lieux régulièrement. Il émane d’elle quelque chose d’irrésistible, un souffle de sérénité et de douceur qui fait que les clients défilent dans sa roulotte pour découvrir leur destin. Discrète, Grouzna se fond dans le décor jusqu’à ce qu’on pose les yeux sur elle. Si la jeune femme était persuadée d’être une personne se laissant porter par la vie, par les déplacements et par la volonté des Mères qui la suivent, elle découvre qu’elle est en réalité maîtresse de son destin et que sa force de caractère est bien plus présente que ce que l’on pourrait croire. Sans prévenir, elle fait souffler un vent de rébellion au cœur de ceux qui croisent sa route.

Si l’on me tend l’oreille est de ces romans qui coupent le souffle par les mots. La poésie qui s’échappe des phrases de l’autrice est à la fois douce et percutante. La trame de fond est bonne mais n’est là finalement que pour mettre à l’honneur la qualité de l’écriture, la puissance du message et magnifier des personnages qui ne seraient pas ce qu’ils sont sans cette plume. Je n’ai pas eu l’habitude de lire une littérature jeunesse où l’écriture primait sur l’histoire et c’est un pari réussi. Un pari d’autant plus risqué que Hélène Vignal choisit ici de raconter un conte doux-amer à son lectorat : elle ne ménage pas les jeunes âmes, elle coupe peu à peu l’espoir d’une histoire où tout finit bien avec brio. Elle nous rend tristes, nous donne envie de nous insurger mais nous conforte aussi dans l’idée que les difficultés et les désillusions ne doivent pas nous empêcher de poursuivre nos routes.

Ce roman se savoure pour ses mots, pour ce sentiment de révolte qu’il fait naître en nous et pour ses personnages qui pourraient être toi, moi, les autres. Il se savoure parce qu’il rappelle que rien ne peut arrêter un esprit libre, que la peur n’est pas un problème mais peut au contraire être un moteur et que les autres ne sont un obstacle que lorsqu’on leur en laisse le pouvoir.

« Comme tous les ambulants, elle apprit ainsi que transformer la réalité en histoires permet de la rendre acceptable et de continuer à faire partie du monde. Car elle savait d’instinct qu’on pardonne mal aux rescapés d’avoir vu le pire et d’en être revenus. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

jeudi 16 avril 2020

Immortels, Tome 3 de Cate Tiernan

Et voilà, je boucle mon marathon Cate Tiernan (enfin, pour ses romans traduits dans la veine magique) avec ce dernier tome de la saga Immortels.



Quatrième de Couverture
La magie et la noirceur de Nasty lui ont permis de survivre aux attaques du maléfique Incy. Mais sera-t-elle de taille face à Reyn, son éternel amour et… ennemi de toujours ?


Mon avis
Dans ce troisième et dernier tome nous touchons enfin du doigt le puzzle dans son ensemble, les pièces manquantes s’insérant au fil de la lecture. Comme dans sa saga précédente, Cate Tiernan tient une bonne idée de base mais ne fait malheureusement que la survoler, elle n’utilise pas le plein potentiel de ce qu’elle entreprend et c’est très frustrant. Je comprends que le public visé et le format choisi peuvent se satisfaire de cette bulle de superficialité puisque j’ai quand même apprécié ma lecture mais je regrette, mais comme je regrette… Je regrette vraiment qu’elle n’aille pas au fond des choses comme elle a pu le faire avec sa saga Sorcière. Heureusement, je me suis fait une raison avec Balefire et j’ai pu me contenter de ce que Cate Tiernan a bien voulu nous donner.

Ce tome est celui de l’épanouissement pour Nasty malgré les doutes, les épreuves. Elle se lance dans un projet, imagine un futur à court terme, ce qui est un grand pas en avant pour elle. Finalement, Nasty incarne les jeunes adultes qui se laissent porter par le courant durant trop longtemps et qui n’osent plus entreprendre. Elle est l’image de cette phase de transition difficile entre l’adolescence et la vie d’adulte, ce moment où tout nous semble insurmontable, où le farniente est une excuse à la peur de se vautrer. Notre héroïne comprend que c’est par baby steps qu’il faut avancer, que se projeter sur deux mois plutôt que deux ans permet de ne pas avoir peur du vide.

Le dénouement autour de ses origines est un peu trop facile, notamment parce qu’il n’y avait pas vraiment eu de construction de cette dernière intrigue dans les deux tomes précédents mais, EH, je n’attendais pas grand-chose de cette saga et le lâcher prise m’a permis de me dire « okay cool ça passe ».

Je retiendrai de cette lecture que j’avais envie de relire des histoires de magie, de sorcières sans me prendre la tête, juste en tournant les pages et que ça a marché. Et je sais qu’après ce petit interlude où lire la bibliographie de Cate Tiernan me tenait à cœur j’aurai besoin d’une intrigue bien plus travaillée et exploitée pour me plonger dans de futures lectures magiques.
Je ne conseille pas cette saga parce que, franchement, ce n’était pas un chef d’œuvre mais si vous ne voulez pas vous prendre la tête ou que c’est votre came, faites-vous plaisir !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 12 avril 2020

Immortels, Tome 2 de Cate Tiernan

Après avoir lu le premier tome j'ai de suite enchaîné avec le second. Immortels est une saga qui se lit facilement même si elle ne me laissera sûrement pas un souvenir impérissable.



Quatrième de Couverture
Nasty trouve tant bien que mal sa place à River’s Edge, où elle réfléchit à son passé et à ses nouveaux choix de vie. Mais la présence de Reyn reste problématique : Nasty le désire autant qu’elle le hait. Elle ne peut l’aimer car il a tué sa famille, et pourtant… Une nuit, Nasty fait un cauchemar troublant, où apparaît son ancien ami Incy, qu’elle n’a pas revu depuis sa fuite. Elle le voit devant un feu de bois où se consument les autres membres de leur ancienne bande. Peu de temps après, Nasty se surprend à effectuer un acte de magie sans le vouloir, comme si sa nature originelle se réveillait en situation de danger. L’instant n’a duré qu’une seconde, mais elle a bel et bien pratiqué de la magie noire, une forme d’énergie détectable par les immortels à la recherche d’autres immortels... comme Incy.


Mon avis
Dans ce deuxième tome, Nasty est tiraillée entre les efforts constants qu’elle doit fournir pour rester sur le sentier qu’elle a choisi de suivre et la voie de la facilité où il lui suffit de suivre ses anciens amis en faisant taire ses émotions. Seulement, ce qu’elle apprend depuis qu’elle est à River’s Edge la force à ouvrir les yeux et à voir ce qu’elle n’avait jamais réalisé avant. Aucun demi-tour n’est permis et Nasty doit faire face à l’obscurité qui l’entoure.

Nous en apprenons un peu plus sur les immortels, sur leurs capacités et sur l’équilibre entre le bien et le mal, avec un peu de gris pour s’échapper légèrement des stéréotypes. Immortels reste tout de même une saga stéréotypée, que ce soit à travers ses personnages, son intrigue où la vision des choses proposée mais on peut trouver ça et là de petites nuances qui permettent de lire sans être exaspéré. Le tome tourne pas mal autour de la notion de choix, des doutes, de l’envie d’abandonner et de la possibilité d’entrevoir cette petite lueur d’espoir qu’on cherche finalement tous dans la vie.

Comme dans le tome précédent, le fil de l’histoire se découvre à travers les états d’âme de Nasty, ce qui peut paraître long voire ennuyer le lecteur mais cela ne m’a encore une fois pas dérangée. J’aime bien suivre l’évolution de l’héroïne même s’il n’y a rien d’exceptionnel à ce qui est proposé : c’était juste ce qu’il me fallait au moment de ma lecture. À d’autres moments je n’aurais sûrement pas apprécié ce livre et c’est aussi ce qui est intéressant avec la lecture : lire est aussi une histoire de rendez-vous, de moment choisi, de mood… Le timing est ce qui me plait le plus dans un livre : quand il est là, chaque livre peut offrir un petit quelque chose.

L’intrigue ne se complexifie pas, elle reste même somme toute simpliste, peut-être même un peu trop quand on connaît le potentiel des idées de Cate Tiernan mais je me suis fait une raison et j’ai pu poursuivre mon aventure sans attente, en prenant simplement le plaisir de lire quelque chose de simple, où les pages se tournent seules et où l’esprit prend une pause méritée pour juste se laisser emporter dans une aventure imaginaire.

Rien de bien fabuleux mais un moment agréable, grâce à la magie du timing.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 22 mars 2020

Immortels, Tome 1 de Cate Tiernan

Comme annoncé, après avoir lu Sorcière puis Balefire, il ne me restait plus que la saga Immortels pour en finir avec les sagas traduites de Cate Tiernan. Le fiasco de Balefire a fait que j’ai lu cette saga sans attendre quoi que ce soit et heureusement : cela m’a permis d’apprécier le positif et d’éluder facilement le négatif.



Quatrième de Couverture
Nastasya est une immortelle : elle semble avoir 18 ans mais en a 459. Ces dernières décennies, sa vie consiste à noyer son ennui dans les soirées arrosées. Un soir à Londres, son meilleur ami brise le dos d’un homme qu’il trouvait gênant. Bouleversée par cette cruauté et rongée par la culpabilité de n’avoir rien fait pour s'interposer, Nasty s’enfuit aux États-Unis. Elle y rejoint River, une autre immortelle qui l’avait invitée autrefois à vivre chez elle. Nasty se retrouve alors dans un centre de réhabilitation pour les immortels qui ont perdu le goût de vivre. La rebelle jeune fille finit par se plier aux règles de la maison et se lie avec les autres habitants, dont le sombre et mystérieux Reyn. Sa nouvelle vie lui permet de renouer avec ses origines, dont elle avait enfoui le souvenir. Elle se rappelle notamment l’assassinat de sa famille auquel Reyn pourrait ne pas être totalement étranger…
« Je suis née en 1551, un joli chiffre bien symétrique. Quatre cent cinquante ans plus tard, on me demande encore ma pièce d’identité dans les bars. Avant que vous vous mettiez à crier, Waouh, génial ! Laissez-moi vous dire à quel point c’est pénible. Je suis une adulte. Depuis presque toujours. Pourtant, je ne peux sortir de cet état d’adolescence éternelle, et je ne peux pas modifier mon apparence. »


Mon avis
Nasty est une immortelle sans but dans la vie, qui vit au rythme de ses folles soirées et des ignobles gueules de bois qui en résultent. Coincée dans ce monde depuis plus de 450 ans, peut-on le lui reprocher ? À sa place, ne serions-nous pas fatigués des difficultés de la vie et ne serions-nous pas tentés d’enchainer les jours en nous laissant porter par l’oisiveté après avoir connu des premiers siècles bien trop intense ? Puis arrive l’élément déclencheur, la violence gratuite, malsaine et jubilatoire dont fait preuve son meilleur ami, en utilisant la magie, cette faculté que les Immortels ne prennent selon elle-même plus le temps d’exploiter… Prenant subitement conscience d’un malaise étouffant, Nasty prend la fuite à la recherche d’une femme lui ayant proposé son aide des décennies plus tôt.

Les Immortels est une saga à l’univers prometteur, comme tout ce que crée Cate Tiernan. Cette autrice a un don pour amener de nouvelles visions de la magie, tout comme elle a une tendance à ne pas exploiter les pépites qu’elle tient entre ses mains. Ici, il y a du mieux, quelque chose qui se rapproche de Sorcière que j’ai tant aimée.

Nasty a plus de 450 ans. Elle a vécu des drames tout au long de sa vie et a fini par mettre ses émotions sur mute pour supporter son quotidien. Ses souvenirs sont flous et cela semble cohérent : qui peut se targuer d’avoir des souvenirs exacts sur l’ensemble de son existence avec une espérance de vie de 80 ans ? Personne. Alors imaginez une existence de plusieurs siècles et pouf !

À travers un univers fantastique, Cate Tiernan aborde finalement les angoisses du quotidien, la faculté ou non à avancer à travers les épreuves, la capacité à dépasser nos traumatismes ou à les enfouir si profondément qu’on en oublie les facteurs déclencheurs. Chercher un but à sa vie, donner un sens à son existence, surmonter ses échecs, accepter les joies en sachant que les peines seront intenses elles aussi. Et surtout, se rapprocher de l’essentiel, retrouver goût aux tâches du quotidien, à la beauté de la vie malgré ses imperfections.

Immortels n’est pas un livre où l’action est intense. Le narrateur interne, Nasty, nous offre une introspection qui risque de décevoir les lecteurs cherchant à vibrer d’aventures. Cependant, j’ai apprécié ma lecture, non pas parce que c’est excellent, je ne vais pas vous mentir, mais parce qu’elle est arrivée à une période où la remise en question de notre existence, l’importance d’écouter ses émotions et de revenir aux essentiels a fait écho en moi. Ce livre est plein de défauts, les personnages y sont peu profonds, l’intrigue y est beaucoup trop peu développée à mon goût, la romance qui se dessine y est stéréotypée mais il y a quelque chose qui a su attiser mon envie d’aller au bout.

Comme toujours, je regrette que Cate Tiernan n’ait pas plus creusé la pépite qu’elle avait entre les mains avec son univers magique mais j’ai fini par m’y habituer. Si vous cherchez une aventure magique, vous risquez d’être frustrés même s’il y a tout de même un bon os à ronger. Par contre, si le thème de l’immortalité vous intéresse, notamment à travers la recherche d’un sens à la vie, vous y trouverez peut-être votre compte. Ce premier tome est une bonne introduction à tout ça (attention tout de même si vous n’aimez pas vous farcir les états d’âmes d’un personnage, ce livre se résume presque à ça).

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

vendredi 13 mars 2020

Le Prieuré de l'Oranger de Samantha Shannon

J’ai découvert Le Prieuré de l’Oranger grâce à mes colocs de l’amour (anciennes colocs, certes, mais de l’amour pour toujours) lors de nos vacances retrouvailles. Il nous fallait un livre à lire en commun, pour poursuivre notre petite tradition LC et c’est ce titre qui est sorti du chapeau magique de Loeiza. Un pur plaisir de lire à trois et de guetter nos réactions au fur et mesure de notre avancée.



Quatrième de Couverture
Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s'éveille. La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d'elle... Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages.
Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l'usage d'une magie interdite s'impose pour cela. De l'autre côté de l'Abysse, Tané s'est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence. Pendant que l'Est et l'Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s'éveillent d'un long sommeil...
Bientôt, l'humanité devra s'unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.


Mon avis
Le Prieuré de l’Oranger est un roman de fantasy qui nous plonge dans une quête où le destin de trois femmes les unit dans le but de vaincre le terrible Sans-Nom, menace suprême pour l’humanité. Au cours de la lecture, nous plongeons dans les intrigues des différentes contrées menacées, dans leurs us et coutumes, leurs croyances surtout. À travers les différents points de vue, nous comprenons que l’histoire est modelée selon chacun, qu’elle peut varier d’un côté à l’autre du monde et que la part de vérité de chaque récit permet de trouver les clés ouvrant les portes de la Vérité.

Samantha Shannon a expliqué s’être inspirée de la légende de Saint Georges et le Dragon, figure du christianisme, où Saint Georges terrasse un dragon qui réclamait des sacrifices humains en sauvant la population. Il aurait par ses actes négocié la conversion au christianisme de cette population. Et, effectivement, lorsque l’on parcourt les pages de ce roman, on retrouve bien les rouages de cette histoire… Et surtout cette conversion actée par le Saint qui sauve le monde et qui impose son règne ainsi que l’idolâtrie de sa personne un millénaire durant.
La réécriture de Samantha Shannon est féministe et assumée, tout en étant fine et sans lourdeur. Les femmes y sont fortes sans avoir besoin d’écraser les hommes. Elles y règnent comme eux mais ont tout de même été gommées dans certains points clés de l’histoire… Chose que nos trois héroïnes vont rectifier en cherchant à sauver le monde.

Nous retrouvons dans cet univers les codes de la fantasy, voire de l’heroic fantasy à travers une quête complexe, des complots, de la magie, la nécessité de jongler entre les croyances de chacun, le besoin de s’unir pour vaincre.
En plus de 900 pages, les événements s’enchaînent vite tout en suivant une chronologie cohérente, s’écoulant en plusieurs longs mois, voire années. Samantha Shannon ne s’embarrasse pas d’événements inutiles, de détails superflus. Chaque chapitre amène un rouage à l’histoire et c’est en ça que son récit est très bien mené. En plus d’une écriture agréable, fluide et suffisamment appuyée par une description précise et efficace, l’autrice plante son décor au fur et à mesure de l’intrigue et ne nous perd jamais en route grâce à l’absence de longueurs de l’histoire.

Les personnages sont variés, intéressants et ouvrent des fenêtres sur un multiculturalisme très appréciable. Samantha Shannon s’inspire des cultures réelles que nous pouvons connaître pour modeler celles de sa fiction et ses descriptions nous permettent de mieux appréhender ce qu’elle avait en tête : de l’orient à l’occident, du Sud au Nord, ses choix montrent les conséquences d’un monde cloisonné lorsque la fin du monde est proche tout en accentuant l’intérêt de faire fi des différences et de les utiliser au mieux.
Si les personnages ne sont pas exploiter à leur maximum, cela n’est en rien un problème : il y a la dose suffisante même si ceux qui aiment plus de profondeur risquent d’être frustrés. Rajouter 200 pages pour approfondir aurait été prendre le risque de laisser de côté les lecteurs qui aiment aller à l’essentiel.
Les relations entre les personnages sont aussi intéressantes même si seul le lien entre Sabran et Ead est réellement exploité. C’est un choix qui ne m’a pas dérangée, qui permet de surcroît d’avoir une relation LGBTQ+ non stéréotypée, non forcée et naturelle à la lecture, et c’est un gros plus pour moi. J’aime le naturel, l’expression de la réalité de certains sentiments, désirs et les œuvres actuelles ont encore bien trop de mal à mettre en avant ces liens sans une dose de forçage insupportable. Ici, ça coule de source et ça fait du bien. On ne se dit pas « ah bon ? » ou encore « ah ouais c’est le quota minimum pour satisfaire les gens ». C’est là, c’est comme le soleil qui brille, la lune qui veille, les saisons qui défilent.

N’ayant pas lu de fantasy depuis un bail, j’ai adoré ce roman. Il réunit les bases du genre, nous tient en haleine et reste efficace. Cependant, je pense que les habitués, les grands lecteurs risquent de ne pas réellement accrocher : il n’y a rien de novateur dans ce roman et son intérêt se situe plutôt autour des liens entre les nations, les croyances et les personnages. Les lecteurs cherchant un scénario épique novateur risquent d’être déçus.

Selon moi, ce roman s’adresse surtout au grand public plutôt qu’aux habitués, ce qui n’est pas une critique mais plutôt un avertissement : Le Prieuré de l’Oranger est encensé depuis sa sortie et cette publicité peut largement induire en erreur. C’est un excellent roman pour les lecteurs éclectiques, un roman sûrement basique pour les lecteurs assidus de fantasy et d’heroic fantasy. Comme souvent, la promotion d’un livre peut être trompeuse si le public réellement visé n’est pas annoncé. Et, il faut le dire, le féminisme qui transpire dans chacune des pages de ce livre est largement mis en avant par effet de mode mais, rassurez-vous, c’est comme la relation entre Sabran et Ead : ça coule de source. Rien ne semble forcé, stéréotypé à outrance. C’est là, c’est naturel, et ça fait du bien.

Un roman que je conseille à tous ceux qui veulent lire un peu de fantasy sans avoir peur de se perdre dans une univers complexe.

« Ce qu’il y a en dessous doit être en équilibre avec ce qu’il y a au-dessus,
En ceci réside la précision de l’univers.
Le feu s’élève de la terre, la lumière descend du ciel.
Trop de l’un embrase l’autre,
En ceci réside l’extinction de l’univers.
»

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

jeudi 13 février 2020

Balefire de Cate Tiernan (4 tomes)

J'ai parfois un entêtement qui rend ma vie de lectrice infernale : lorsque je sens qu'une idée est bonne, je fonce. Sauf que je fonce même quand je sais aussi pertinemment que l'idée n'est pas exploitée et que le résultat est catastrophique. Mais j'ai envie d'y croire. À chaque fois. Et à chaque fois, c'est la même chose : je lis un livre mauvais en me disant "c'est dommage, ça aurait pu être tellement bien"...



Quatrième de Couverture
A la mort brutale de son père, Thaïs, dix-sept ans, se voit contrainte de s'installer à la Nouvelle-Orléans avec une tutrice excentrique qu'elle n'a jamais vue de sa vie.
La ville l'accueille avec ses secrets et ses mystères, dont le plus bouleversant est sans doute la découverte de sa sœur jumelle, Clio.
Ensemble, les deux sœurs vont devoir affronter un destin hors du commun et apprivoiser un monde surnaturel qui pourrait bien causer leur perte.


Mon avis
Après avoir adoré la saga Sorcière de Cate Tiernan, j’ai voulu retrouver tous les ingrédients qui ont fait mouche avec moi en me lançant dans sa saga suivante, Balefire.

Thaïs et Clio ont été séparées à leur naissance pour leur protection. La première a grandi loin de la magie là où la seconde a toujours baigné dedans. Lorsqu’elles se retrouvent, une machine infernale se met en place et, apprenant tout juste à se connaître, les jumelles vont devoir affronter un destin qu’elles n’ont pas choisi au milieu de mensonges et trahisons.

Balefire n’arrive malheureusement pas à la cheville de Sorcière pour moi. Malgré une idée de base franchement intéressante et pleine de possibilité, j’ai eu l’impression de lire le brouillon d’une trame, sautant du coq à l’âne en un claquement de doigt. L’écriture est moyenne, les personnages insipides malgré un réel potentiel et les intrigues amoureuses sorties du chapeau prennent le pas sur un scénario qui avait pourtant tout pour plaire.

Beaucoup d’éléments sont amenés mais ne sont jamais utilisés, les événements complexes et importants sont traités en trois lignes quand on se tape trente chapitres sur les trahisons des vilains garçons (et c’est pas de nouvelles trahisons à chaque fois, non, on ressasse toujours les mêmes choses (mais c’est pas trop de leur faute ils sont perduuuus)) et le dénouement final c’est hop hop hop allez trois lignes magiques du « mais en fait c’était ça ?! » (ouais les gars mais j’avais pas capté, en tant que lectrice, que personne n’avait saisi LE détail pourtant évident et logique, tant qu’on ne se doute même pas que en fait c’était un mystère (genre il y a des cheveux sur la brosse de Micheline et personne comprend puis à la fin on nous dit « mais en fait, c’est peut-être parce qu’elle a des cheveux Micheline » ah parce que personne n’avait vu ses cheveux ? (l’évidence même en somme, voilà un peu pour vous situer le genre d’évidence évidente qu’évidemment aucun des personnages n’avait compris))).

Bref, Balefire c’est un background qui aurait pu être merveilleux si seulement Cate Tiernan avait pris le temps de l’écrire et le développer comme elle l’avait fait avec Sorcière. Je n’arrive même pas à comprendre comment une régression est possible sachant que Balefire est sortie après Sorcière. Et si certains se disent « oh mais en fait, si c’est juste de la romance paranormale, c’est bien aussi » c’est non : même cet aspect n’est pas bien géré, c’est d’un triste.

Je suis allée au bout par espoir d’une fin bien ficelée mais je ne recommande vraiment pas cette saga.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 9 février 2020

Sorcière de Cate Tiernan (15 tomes)

Avec La passe-miroir j'ai retrouvé la passion de la lecture de l'imaginaire, celle qui fait briller la magie au fond du petit coeur, celle qui donne envie de vivre des aventures épiques, de se rapprocher de la nature ou encore de faire rugir le héros qui sommeille en nous. Le soupçon de magie qui avait tant manqué à ma vie est de retour !



Quatrième de Couverture
Il se passe quelque chose en moi que je ne comprends pas. Je vois, je sens les choses différemment. J'accomplis des choses dont les gens normaux sont incapables. Des choses puissantes, des choses magiques. Ça me fait peur. Je n'ai jamais choisi d'étudier la sorcellerie. Par contre, je commence à me demander si la sorcellerie ne m'aurait pas choisie.


Mon avis
Sweep, Sorcière, Magie Blanche ou encore Wicca de Cate Tiernan est une saga en 15 tomes parue au début des années 2000 que j’ai découvert durant mon adolescence. Ayant grandi avec des séries comme Charmed, Buffy contre les vampires ou encore Sabrina l’apprentie sorcière mais aussi des sagas littéraires comme Harry Potter et Le livre des étoiles, il est facile de saisir que j’ai toujours beaucoup aimé les fictions à base de sorcellerie. Mon esprit très scientifique a vite fait d’apprécier le côté rituel de la magie dans la fiction et j’ai développé un attrait pour tout ce qui donnait un sens aux us et coutumes dans ces fictions.

Pourquoi tout ce blabla ? Vous allez vite comprendre.

Sorcière suit les aventures de Morgan Rowlands qui s’essaie un soir à la Wicca avec ses amis et découvre que la sorcellerie lui est naturelle, innée. Au fil des tomes, notre héroïne en apprend plus sur ses origines, se révèle être une sorcière dite de sang (comprendre de naissance) et possède un don exceptionnel qui la place au cœur d’intrigues dont elle se serait bien passée. Rien de neuf sous le soleil de la littérature du genre. Sauf que Cate Tiernan agrémente l’intégralité de sa saga de touches de Wicca. La Wicca, rappelons-le, est un courant religieux né aux USA au XXème siècle et qui est pratiqué par des tas de personnes. La Wicca a ses us et coutumes, ses symboles, ses rites établis. Cate Tiernan a fait un vrai travail de recherche sur le sujet pour créer une intrigue assez bien pensée même si certains dénouements sont attendus.

Au-delà de l’intrigue, Sorcière met finalement en scène une adolescente se sentant banale face à une véritable éclosion. En se découvrant un talent innée, Morgan se révèle, grandit et devient la femme qu’elle n’imaginait pas pouvoir devenir. Elle grandit progressivement, sans se laisser écraser par la pression autour d’elle malgré une histoire stressante (la magie c’est pas toujours très rigolo) et incarne ces jeunes filles qui ont du mal à trouver leur place dans un monde à cases. En mettant enfin le doigt sur ses points forts, Morgan devient ce qu’elle désire et non ce que les autres attendent d’elle.

Si la saga n’est pas exceptionnelle, si l’écriture est basique et les personnages secondaires assez peu développés, Sorcière a le mérite, à mes yeux, de mettre en avant des femmes fortes (parce que certains tomes mettent en avant d’autres sorcières toutes aussi contrariées par des faits magiques pas très funs) qui sortent de leur chrysalides pour devenir les papillons qu’elles ont choisi d’être.

L’idée de base est bonne et les tomes se lisent rapidement, avidement même temps on sent que la découpe de certains n’est là que pour avoir des formats courts, sans que l’intrigue ne traîne entre deux livres.

J’ai adoré commencer cette saga ado et je suis ravie de l’avoir enfin terminée récemment (le tout en un mois en comptant la relecture des vieux tomes). Aller au bout des sagas que j’ai commencées un jour est un objectif qui m’a semblé facilement atteignable grâce à Sorcière (bon, en réalité, tout n’est pas aussi simple mais c’est du détail).

Si vous aimez lire sans vous focaliser sur le style (surtout pour la version Sorcière qui est la traduction québécoise et donc un peu déroutante pour la française que je suis) et que la sorcellerie dans la fiction vous botte, n’hésitez pas. Ce n’est pas ce que j’ai lu de mieux, c’est même clairement moyen mais qu’est-ce que j’ai pris mon pied !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

samedi 8 février 2020

Le grand amour de la pieuvre de Marie Berne

Le grand amour de la pieuvre de Marie Berne faisait partie de la sélection de la Glory Book Box sur le thème des Abysses. J’aime toujours autant cette box littéraire que je recommande une nouvelle fois pour l’occasion parce qu'elle met en avant uniquement des autrices pour enfin faire la lumière sur toutes ces grandes plumes.



Quatrième de Couverture
Les pieuvres ont l’amour tentaculaire : qu’il soit contre nature ne diminue en rien l’intensité de leur passion. L’histoire que conte ce livre le prouvera à ceux qui, d’étape en étape, suivront les confessions de son héroïne au destin bouleversé par sa rencontre avec un jeune garçon. En la découvrant, celui-ci a eu la révélation d’une vocation qui le possédera pendant près d’un siècle : filmer ces créatures des mers aux mœurs inconnues. Muni d’une caméra, et n’écoutant que son instinct, il fera de son patient travail d’exploration scientifique une œuvre d’art que l’on contemple aujourd’hui, fasciné.

La pieuvre, peu à peu délaissée et décidée à se venger, narre l’étrange parcours d’un homme habité par sa mission mais qui, lorsque son heure sera venue, devra payer à la bête le prix de ses abandons.

Poétique, aquatique, fantastique, amoureux surtout, ce premier roman, inspiré de la vie d’un artiste aussi exceptionnel que méconnu, nous entraine dans les fonds mouvants du souvenir et restitue, par ses mots, les beautés et les tourments d’un homme sur le rivage du monde.

Mon avis
Marie Berne rend hommage à Jean Painlevé, réalisateur et biologiste français, qui a apporté un autre regard au documentaire scientifique. Inspirée par La pieuvre (1927) et Les amours de la pieuvre (1965), Marie Berne use d’anthropomorphisme pour se plonger dans les pensées d’une pieuvre folle amoureuse de celui qui la porte à l’écran avant de la délaisser au profit de nouvelles créatures.

L’exercice de style est superbe, la plume de l’autrice est envoûtante et subtile, douce puis violente. Le talent de Marie Berne tient dans son choix des mots, des tournures, des images qu’elle met en scène. Seulement, la lecture a été très oppressante pour moi. L’amour décrit est obsessionnel, étouffant, destructeur. La pieuvre aime le réalisateur, elle aime ce qu’elle devient sous sa caméra, l’image d’elle qu’il lui renvoie en la filmant. Mais elle finit par ne vivre que par ça, son aigreur et sa haine grandissant au fil du temps, au fil de l’éloignant du passionné qu’elle aime tant.
Toute la construction du texte autour de cet amour malsain est parfaite, tellement précise que j’ai eu besoin de pas mal de temps pour lire ce livre, ressentant le besoin de le poser pour avoir l’impression de respirer à nouveau. C’est une sensation étrange, fascinante d’une part mais épuisante d’une autre. J’ai apprécié le travail de Marie Berne tout en étant soulagée d’arriver au bout de ma lecture pour pouvoir relâcher toute la pression accumulée.

Le grand amour de la pieuvre représente pour moi l’histoire d’un amour malsain, un drame violent pour la pieuvre. L’angoisse qui m’a étreinte à la lecture reste l’empreinte finale que ce roman a laissée sur moi, oppressée par le décompte effectué par la pieuvre au fil des chapitres. Un superbe travail mais un livre à lire en sachant quoi s’attendre.

Je remercie Glory Book Box pour cette découverte, merci de me permettre de découvrir chaque fois de nouvelles autrices ♥

« Et si je me tenais sur ce fond sombre, je verrais sans doute la lumière de son corps ? Six jours encore. Chaque fois que je crois l’attraper, l’étreinte semble trop brève, il a la bougeotte. Pourvu qu’une autre ne l’ait pas entamé. Ce serait le néant dans mes cœurs de pieuvre esseulée. »


Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 12 janvier 2020

Vipère au poing de Hervé Bazin

Vipère au poing est de ces livres qui ornent la longue liste des romans français que j’espère lire un jour. J’ai sauté le pas avec celui-ci grâce à Epo9 qui souhaitait le lire aussi l’été dernier et nous nous sommes lancées dans une petite lecture commune.



Quatrième de Couverture
Vipère au poing, c’est le combat impitoyable livré par Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à leur mère, une femme odieuse, qu’ils ont surnommée Folcoche. Cri de haine et de révolte, ce roman, largement autobiographique, le premier d’Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d’emblée parmi les écrivains contemporains les plus lus.


Mon avis
Roman décrit comme autobiographique, Vipère au poing conte les aventures de Brasse-Bouillon, jeune garçon qui grandit en détestant sa mère au plus haut point. Rejetant tout ce qu’elle représente, il passe son enfance et son début d’adolescence à s’opposer à celle qu’il nomme Folcoche. Des bêtises enfantines aux tentatives de meurtre, Brasse-Bouillon se construit autour de son envie de nuire à cette mère, son but ultime finit par résumer l’intégralité de son existence au sein de cette famille.

Hervé Bazin possède une plume fine, infiniment drôle, qui rend la lecture divine, qui donne aux mots une saveur à laquelle je ne m’attendais pas. J’ai adoré le ton utilisé, l’humour, le choix dans le vocabulaire. C’est réellement le point fort de ce roman, c’est ce qui fait que cette lecture m’a beaucoup plu. Le regard acéré que porte le héros sur le monde qui l’entoure se marie parfaitement aux mots piquants choisis par l’auteur. Chaque petite action du quotidien de cette famille est dépeinte avec précision et une pointe d’humour qui se savoure sans retenue. Un véritable plaisir pour l’esprit.

L’histoire, cependant, est plus complexe à apprécier. En fait, c’est très bon à lire mais le malaise créé au fil des pages rend la lecture ambivalente. Brasse-Bouillon va de plus en plus loin, tout comme sa mère. Ces deux être que tout semble opposer s’avèrent en fin de compte faits du même bois et c’est ce qui les pousse à être incompatibles. Folcoche est consciente qu’il s’agit du fils qui lui ressemble le plus et c’est sûrement en ça qu’elle est impitoyable avec lui : il représente la seule réelle menace à son autorité parce qu’aussi fort qu’elle, si ce n’est plus. Brasse-Bouillon, lui, met du temps à comprendre qu’il est elle, qu’elle est lui : ce dégoût d’elle va le pousser à devenir ce qu’il a toujours détesté et à finalement l’assumer. Il devient profondément mauvais et l’accepte parce qu’il se défausse : pour lui, tout est de la faute de sa mère et non de la sienne.
Lorsque la haine mène aux tentatives de meurtre, la lecture devient laborieuse, non pas par le style mais par les sentiments qu’elle fait naître chez le lecteur : le monstre que devient Brasse-Bouillon dérange, le fatalisme dans lequel il plonge, l’impression que c’est son destin et que rien ne peut s’y opposer… Finalement, c’est une sorte de tragédie qui s’offre à nous. Voir un enfant jovial devenir plus horrible que cette mère qu’il voulait fuir à tout prix à quelque chose de tragique, génère une sensation d’immuabilité qui met mal à l’aise et nous soulage une fois l’histoire terminée.

Je sais désormais pourquoi Vipère au poing est un roman qui a su traverser le temps. Écrit par un auteur à la plume efficace et fascinante, il montre les travers familiaux qui se transmettent malgré nous. Il dérange parce qu’il prend le parti de dire que nous ne pouvons réellement lutter contre notre héritage de sang et qu’il transforme un enfant en boule de haine et rancœur.

« Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais partout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu'il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur !
Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m'avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi.
Merci ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing.
»


Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 5 janvier 2020

La Passe-Miroir, Tome 4 : La Tempête des échos de Christelle Dabos

La Passe-Miroir est une saga découverte via Accros & Mordus de Lecture et c'est en toute logique que j'ai lu le dernier tome avec une chouette Lecture Commune sur le forum (et avec des amies hors forum aussi, parce que c'est une grande aventure de l'amour cette saga ♥). Difficile pour moi de tourner cette page, il m'a fallu plus d'un mois pour enfin rédiger mon avis (le deuil, ça prend du temps) et c'est avec le coeur lourd que je dis au revoir à Ophélie, Thorn et tous les autres personnages (jusqu'à la prochaine relecture).



Quatrième de Couverture
Le monde est sens dessus dessous. L’effondrement des arches a bel et bien commencé. Une seule solution pour l’enrayer : trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans seulement savoir à quoi il ressemble ? Ophélie et Thorn se lancent ensemble sur la piste des échos, ces étranges phénomènes qui semblent la clef de toutes les énigmes. Ils devront explorer plus en profondeur les coulisses de Babel ainsi que leur propre mémoire. Et pendant ce temps, sur Arc-en-Terre, Dieu pourrait bien obtenir le pouvoir qu’il convoite tant. De lui ou de l’Autre, qui représente la plus grande menace ?



Mon avis
La Passe-Miroir est une saga qui m’a fait ressentir tout ce que je n’avais pas touché du doigt depuis des années : l’enivrement à la découverte d’un univers merveilleux, l’attente avide de la publication des tomes, la fébrilité à la lecture du premier chapitre du dernier tome… Et la sensation de vide intense une fois la dernière page lue. La Passe-Miroir est un retour en arrière pour moi, à une époque où, enfant et adolescente, je vibrais avec Harry Potter ou la suite de sagas de Pierre Bottero, de La Quête d’Ewilan aux Âmes Croisées. Ce vide, cette impression d’être orpheline une fois les personnages quittés à la fin de l’histoire, c’est la preuve que cette saga a merveilleusement fonctionné sur moi et qu’elle entre dans le panthéon de mes lectures préférées.

J’ai relu les trois premiers tomes avant de me lancer dans la lecture du dernier pour me rafraîchir la mémoire (et aussi pour ronger mon frein durant la dernière ligne droite) et j’ai bien fait : si j’avais un souvenir précis des deux premiers tomes, j’avais lu le troisième trop vite (aaaah la passion) et avait oublié bien des détails qui m’auraient fait défaut à la lecture du dernier tome. Et là, nouvelle preuve de la magnificence de cette saga à mes yeux : chaque relecture est un pur bonheur, je ne m’ennuie pas et je savoure tout autant que la première, la deuxième ou la dix millième fois.
Le troisième tome nous laissait avec des tas de réponses amenant de nouvelles questions de façon exponentielle : mais qui était réellement Ophélie, qui était l’Autre et qu’était-il finalement arrivé au monde durant cette déchirure ?

Aaaah (ceci est un soupir de contentement).
Ce quatrième et dernier tome aura été une apothéose allant bien au-delà de ce que j’imaginais. Si des détails réussissaient à s’imbriquer les uns dans les autres, si j’avais saisi des pistes, si j’avais compris la ligne directrice de certains aspects, je n’aurais jamais pu déceler l’ensemble du génie de Christelle Dabos.
Ce tome est un condensé de toute l’histoire, de toutes les pièces manquantes, de tout l’univers qui a germé dans la tête de l’autrice et de bien plus encore. J’ai dévoré le livre en trois jours, accumulant les réponses distribuées et devenant de plus en plus admirative au fil des pages. Christelle Dabos a su faire tenir en un tome tant d’informations sans que cela ne soit un problème, malgré mon impression terrible de ne pas être capable de tout retenir. Et une fois la fin arrivée, on se dit que fiou, même le rythme est un excellent crescendo auquel on ne s’attendait pas : des longs mois puis années écoulés entre les deux premiers tomes et le troisième, des longues semaines ensuite pour arriver à une accélération maîtrisée à la seconde près dans le final. Un bijou qui a sûrement des défauts qu’on ne saurait réellement pointer du doigt tant le plaisir de la lecture est intense.

J’ai lu ce tome quatre en même temps que mes amies avec lesquelles j’ai découvert cette saga, en plein Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, sortant nos livres dès que nous nous accordions du repos (et beaucoup, beaucoup de thé ♥). J’ai pleuré dans le train du retour en lisant certains chapitres poignants et j’ai vite terminé cette saga le soir pour pouvoir ensuite appeler mon amie et partager notre peine, notre joie et notre amour pour La Passe-Miroir.

Cette saga m’a permis de découvrir une autrice de talent, dont la prose poétique toute en légèreté m’a fait voyager dans un univers fabuleux, m’a fait rencontrer des personnages d’une réelle profondeur tous plus attachants les uns que les autres et a su réveiller en moi ma passion perdue pour les sagas que j’avais perdue en grandissant, faute de retrouver cet attachement à un univers. J’ai adoré chaque aspect de ma lecture, chaque description, chaque détail, chaque petit recoin dessiné avec perfectionnisme par Christelle Dabos et je ne regrette absolument pas d’avoir plongé tête baissée au cœur des Arches. La fin m’a fait pleurer, déchirée par l’histoire et surtout triste de devoir quitter tous ces personnages et cette saga cocon que j’ai adorée. Je me conforte dans l’idée de l’ouverture possible de la fin, de la possibilité d’utiliser les éléments laissés à disposition pour me construire une suite où tout pourrait arriver, surtout ce qui ferait chaud à mon petit cœur.

Si vous hésitez à aller au bout de cette saga parce que les premiers tomes sont assez lents (ce que j’ai personnellement beaucoup aimé), alors foncez : la fin ne vous laissera même pas le temps de reprendre votre souffle. Et si vous n’osez pas la débuter parce qu’elle vous paraît complexe, sachez que tout a un sens et que, même si vous ne saisissez pas l’ensemble des détails, le plaisir est tout de même là. De la joie à la tristesse en passant par l’appréhension et les moments de pure rigolade, La Passe-Miroir est une saga complète qui va énormément me manquer jusqu’à ce que je la relise. Et la relise encore. Et encore.

« Cette langue deviendra un jour, si tout marche selon ses plans, celle de l’humanité entière. Parce que la guerre, c’est lorsqu’on cesse de se comprendre. »


Les avis des Accros & Mordus de Lecture

La Passe-Miroir Tome 1 : Les fiancés de l'hiver
La Passe-Miroir Tome 2 : Les disparus du Clairdelune
La Passe-Miroir Tome 3 : La mémoire de Babel