Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.
Pour m'ouvrir à de nouveaux horizons, je me suis fixée comme objectif de lire des Albums, à travers des BDs et autres romans graphiques. Aux Chapiteaux du Livre ce weekend, je suis tombée amoureuse de la couverture de cet album qui a tenu toutes ses promesses. Il m'a permis d'avancer mon Challenge A&M Mini Pot-pourri de l'Automne.
Quatrième de Couverture
La vieille Minoa conservait un inestimable trésor. Une graine grosse comme un poing et brillante comme de l’or. Le moment de la confier à quelqu’un de plus jeune était arrivé. Gravement, elle la donna à Djalil. Le jeune garçon veillerait à son tour sur cette graine extraordinaire : la graine de l’arbre unique. Un jour, Djalil la mettrait en terre et l’arbre révélerait son secret…
Mon avis
À travers la collection « Le Pont des Arts », le Réseau Canopé et les Éditions de l’Élan vert mettent en scène des œuvres accessibles aux jeunes ainsi que tout un dossier pédagogique pour les enseignants.
Myriam Ouyessad et Anja Klauss donnent une autre dimension à la mosaïque murale de la salle à manger du palais Stoclet par Gustav Klimt, triptyque composé de « L’Attente », « L’Arbre de Vie » et « L’Accomplissement ».
Oeuvre de Gustav Klimt
Anja Klauss reprend avec talent les couleurs et formes utilisées par Klimt pour raconter l’histoire du Gardien de l’arbre et les mots de Myriam Ouyessad complète à merveille ce tableau. J’ai été fascinée par ces couleurs chaudes, ces alliages de formes et ces liens tissés entre les pages. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre l’évolution de Djalil et sa quête pour préserver cette graine unique.
Djalil et Minoa
Ce petit album m’a réchauffé le cœur et me donne envie de poursuivre ma découverte de ce pan de la littérature que j’ai abandonné en commençant véritablement à lire il y a des années. Le couple illustration/mot est très bien dosé dans cet album et permet vraiment de toucher du doigt une œuvre qui n’est pas forcément facile à comprendre au premier regard et le but est atteint. Petits comme grands peuvent lire cet album et profiter de toute la douceur chaude qu’il offre.
J'ai beaucoup entendu parler de ce roman puisqu'il a été récompensé par de nombreux prix mais c'est sur les conseils d'amies que j'ai décidé de me lancer. J'avais cette folle envie de le lire, d'un coup, à ce moment de ma vie où je cherche encore et toujours à comprendre le monde. Et je ne regrette pas de l'avoir fait.
Quatrième de Couverture
Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.
Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur… L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.
Mon avis
L’enfance est la période de l’innocence, celle où l’on se construit d’abord dans la réalité de notre bulle avant de se forger dans la réalité du monde extérieur. L’enfance de Gabriel était douce, faite de cueillette de mangues, de pêche, de plans sur la comète dans le vieux Combi avec les copains du quartier. Un quartier de privilégiés, de gens riches. Gabriel aime son pays, le Burundi, celui qui l’a vu naître même s’il est Franco-Rwandais. C’est chez lui et il ne comprend pas bien pourquoi son copain Gino lui dit qu’il doit se sentir concerné par ce qu’il se passe au Rwanda. Il ne comprend pas bien pourquoi sa mère, réfugiée rwandaise, commence à dire que c’est la faute des Français. Il comprend par contre pourquoi son père a toujours refusé de leur parler de politique, à lui et Ana : une fois qu’il prend conscience de ce qu’il se passe, une fois qu’il voit, il n’y a plus de retour en arrière…
Petit pays est l’histoire de ces milliers d’enfances volées par les guerres civiles et les génocides. Petit pays est l’histoire aussi de ces pays dont les frontières ont été imposées par les colons sans tenir compte des ethnies. Petit pays est l’histoire de ces pays qui, après la décolonisation, laissent leurs anciennes colonies se débrouiller pour ériger des démocraties en quelques mois seulement alors qu’eux ont eu plusieurs siècles pour se construire. Petit pays est l’histoire d’un petit garçon qui est forcé de grandir trop vite.
Je connaissais le génocide rwandais de loin, j’avais effleuré simplement ce pan d’histoire parce qu’il nous est conté avec un regard extérieur, parce que j’étais encore petite à cette époque et que j’ai découvert cette histoire plus de dix ans après. Je ne savais rien du Burundi. Et puis Petit pays m’a permis de découvrir une partie de cette histoire à travers le regard de Gabriel, à travers un regard innocent qui ne comprend pas bien ce qu’il se passe, parce qu’il est privilégié mais, surtout, protégé par ses parents. Seulement, la situation dégénère et la protection n’est plus aussi solide, elle vole en éclats.
Si le roman n’amène pas de débat politique, le récit sème quelques graines qui ont fait germer dans mon esprit questions et réflexions. J’ai toujours eu un regard extrêmement dur envers la gestion des décolonisations et leurs conséquences, envers les réflexions du genre « on leur a rendu leur indépendance et ils n’ont pas su la gérer ». C’est bien plus complexe que ça et, sans entrer dans le détail, Petit pays apporte des éléments de réponse. Des éléments glaçants, qui poussent à vouloir plus encore changer les mentalités et à remettre en question le fonctionnement de l’ONU.
À travers la plume de Gaël Faye, l’enfance est douce, savoureuse, sucrée et parfumée. Elle s’étire tel un chat au soleil, lentement, profite du soleil et des pluies, des plaisirs simples de la vie. Puis, brutalement, elle chute, les mots perdent leur innocence et les images deviennent graves, choquantes, et la nausée monte. Elle grime si vite qu’on se demande où est passée cette douce enfance, on la regrette et, en un claquement de doigts, elle a disparu. Et c’est ce rythme, lent au départ, puis tout en dégringolade qui nous rappelle que, du jour au lendemain, tout peut basculer. Gabriel sentait le temps tourner, il sentait cette odeur d’orage mais tout était fait pour qu’il se gorge de soleil le plus longtemps possible. Lui qui ne voulait pas choisir de camp comme ses copains, lui qui ne comprenait pas pourquoi il était le Français, le Tutsi rwandais, le gosse de riche ou le métis alors que, dans son cœur, il se sentait simplement enfant du Burundi…
Personne ne devrait avoir à vivre ça mais tout le monde doit savoir. Avec ce récit d’enfant, Gaël Faye nous permet de toucher du doigt cette histoire qui semble si loin et pourtant si proche : le passé devrait servir de mémoire, il n’est encore aujourd’hui que prétexte à la surenchère. L’Homme n’apprend que peu mais, en secouant les mentalités, peut-être qu’un jour, le passé deviendra enfin leçon et non plus règle à suivre.
Petit pays n’est pas un livre d’histoire, c’est un roman, une fiction où l’on sent tout de même une grande part de vérité et, surtout, de vécu. J’ai aimé suivre les aventures de Gabriel, apprendre à travers son regard ce « petit pays », cette région des grands lacs, sa beauté, ses trésors mais surtout ses plaies. Et pour poursuivre le voyage, rien de mieux que les chansons de l’auteur qui permettent de se plonger plus encore dans son univers. Gaël Faye est un artiste avec de l’or au bout des mots, qu’il les couche sur papier ou qu’il les mette en musique. Et je regrette simplement d’être passée à côté aussi longtemps.
« J’enroule une tresse de Maman autour de mes doigts et je relis le poème de Jacques Roumain offert par Mme Economopoulos le jour de mon départ : « Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes… »
Je tangue entre deux rives, mon âme a cette maladie-là. »
Cet avis n’a pas été facile à écrire, parce que j’avais tant à dire et en même temps si peu de mots pour l’exprimer que ça reste assez brouillon mais je vais le laisser tel quel, parce que c’est comme ça que les mots sont venus. C’est un coup de cœur mais aussi un coup à l’âme. Et je vous laisse un peu de ce « Petit pays » en musique.
Ce weekend, Les Chapiteaux du Livre de Béziers étaient de retour pour fêter leurs dix ans. Petite manifestation littéraire de chez moi, ce salon propose de découvrir les maisons d'éditions d'ici et d'ailleurs, des auteurs qui mettent la région à l'honneur ainsi que de nombreuses activités. C'est assez cosy comme lieu, il y a de quoi boire, manger mais aussi s'amuser !
Je n'y suis restée que deux petites heures, entrecoupées d'un repas tout chouette, mais j'ai eu le temps d'acheter quelques livres et de découvrir quelques stands. J'ai un peu zappé la prise de photos et c'est bien dommage parce que le soleil était au rendez-vous !
Près de la zone de restauration, le collectif d'actions urbaines de Béziers, Nabuchodonosor, était présent et proposait tout un stand de livres gratuits : une très bonne action pour véhiculer la culture ! Je n'ai rien pris même si des titres me tentaient : j'étais là pour acheter de quoi découvrir de nouveaux horizons et je m'y suis tenue !
J'ai acheté un petit livre sur les mots occitans (même si j'en ai déjà plein) qui raconte avec humour l'histoire de ces expressions utilisées par chez moi, ainsi que l'origine de nombreux noms de familles et noms de lieux. On y retrouve aussi la définition de Rambalh, qui me correspond toujours aussi bien ! C'était un craquage imprévu qui fait toujours plaisir.
Mon objectif du moment est de me mettre à la lecture d'albums et BDs et j'ai donc craqué pour ces deux ouvrages qui sont superbes ! J'ai toujours préféré les livres avec uniquement des mots, sûrement parce que je n'ai jamais vraiment été fan de BDs plus jeune et j'ai raté cette transition d'ouvrages pour enfants à ouvrages pour adultes. Retrouvant goût à l'art graphique, j'ai cette envie depuis plusieurs mois et c'est désormais chose faite !
Eldeweiss de Lucy Mazel et Cédric Mayen m'a attiré par son résumé et la couverture. Les auteurs étant présents, j'ai pu faire dédicacer l'ouvrage et j'étais évidemment toute contente. Le scénario est d'ailleurs largement inspiré de l'histoire familiale de Mayen et on a pu discuter de cette base, de l'origine de cette histoire. C'était un échange vraiment agréable et j'ai hâte de me plonger dans cette BD !
Et il y a même un clin d'oeil à ma totale ignorance de ce monde de la BD. Ils ont été vraiment adorables !
J'ai passé un excellent moment, il y a eu d'autres achats mais pour ma maman et ma petite cousine donc hop, ça n'entre pas dans le cadre de ce billet. Vivement l'année prochaine ! Et si vous passez dans le coin fin septembre 2018, n'hésitez pas : c'est un événement peu connu avec pourtant une bonne fréquentation et les auteurs sont accessibles sans problème.
Ce matin, en allant chercher le courrier, surprise : une enveloppe envoyée par ma petite Jacana. Et, à l'intérieur,
un superbe marque-page fait main et, en plus...
Une super carte postale dédicacée par Christelle Dabos *_*
Parce que oui, Jacana a rencontré l'autrice lors d'un festival suisse au début du mois et elle en a profité pour faire signer une carte pour moi sans me le dire ! C'est une chouette copine Jaca, comme on les aime ♥
Pour boucler ma participation au Challenge Mini Pot-pourri de l'été A&M j'ai choisi de lire, à la section poésie, un poème d'Arthur Rimbaud que je partage ici.
Ophélie de John Everett Millais
Ophélie
I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or
II
O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Mon avis
Je ne suis pas très calée en poésie, principalement parce que j'ai l'impression d'avoir de grosses lacunes pour en saisir toute l'essence mais, parfois, je tombe sur des poèmes qui me parlent, m'émeuvent, comme en peinture. C'est le cas d'Ophélie que j'ai lu en le choisissant pour son titre, dans un recueil de Rimbaud pour le Challenge mini pot-pourri de l'été. Ophélie est un poème fluide mais aussi toute en langueur, en attente, en plainte. J'ai été saisie par la tragédie d'Ophélie, par sa longue descente des eaux, par son suicide.
C'est une scène Shakespearienne que nous décrit Rimbaud, je joins d'ailleurs le tableau de John Everett Millais qui en fait de même : les deux œuvres sont souvent associées.
J'aime beaucoup Rimbaud, ses mots, le rythme de ses poèmes et je suis bien contente d'avoir choisi celui-là. Je vais peut-être même lire l'ensemble du recueil !
Les TAGs de la blogo n'ont jamais été trop mon truc mais je réponds toujours à ceux qui me taguent parce que c'est du partage d'amour ♥
C'est Sue-Ricette du blog Graine de souris qui m'a taguée, n'hésitez pas à aller faire un tour chez elle parce qu'on y est trop bien !
10 questions sont posées et à chaque réponse faite, on comptabilise 1 point. On ne peut citer le même livre deux fois dans le tag. C'est donc parti !
1) Votre meilleure lecture de vacances.
C'était le tome 3 de La Passe-Miroir de Christelle Dabos La mémoire de Babel que j'ai adoré lire cet été *.*
2) Le premier livre que vous avez lu/lisez après être rentré de vacances.
C'est Glacéde Bernard Minier, lu début septembre. Mais bon, c'est pas vraiment la rentrée pour moi puisque j'ai terminé mes études et que je suis en phase de transition.
3) Un livre qui se passe au mois de septembre.
J'avoue que je sèche... Faudrait que je cherche mais... #flemme
4) Le livre PKJ qui sort prochainement/vient de sortir et qui vous fait le plus envie. Dans l'ombre de Stella d'Alexandra Sirowy a l'air pas mal.
5) Un livre qui se passe près de chez vous. Le jardin des poètes de Richard Andrieux que j'ai lu la semaine dernière, qui prend place à Béziers :)
6) Un livre avec une couverture qui évoque l'école.
La plupart des couvertures des Fables de La Fontaine. Rien que l'évocation de ce nom ou des illustrations, j'ai l'impression de retourner sur les bancs de l'école !
7) Un livre qui met en scène un professeur que vous auriez aimé avoir.
Le professeur McGonagall dans Harry Potter. J'aurais aimé l'avoir parce qu'elle est inspirante, juste, droite et terriblement classe !
8) Un livre où le personnage principal vient de déménager/commence une nouvelle vie. La Quête d'Ewilan, Tome 1 de Pierre Bottero où Camille change de monde. Littéralement.
9) Un roman contemporain qui se passe au lycée. Eleanor & Park de Rainbow Rowell.
10) Votre dernier achat. Russie de Zamiatine, un recueil de nouvelles et essais qui est d'ailleurs ma lecture en cours.
Et voilà, j'ai comptabilisé 9 points, c'est plutôt pas mal ! Je ne tague personne mais si vous voulez tentez, allez-y ;)
Pour enfin sortir de ma PAL des livres qui y sont depuis longtemps, j'ai choisi de participer au Défi Pile à Lire A&M et j'ai aussi pu inclure cette lecture dans le Challenge Mini Pot-pourri de l'été A&M. George Sand m'avait manqué ♥
Quatrième de Couverture
La Mare au Diable est un lieu maudit où souffle l'angoisse. Près d'elle se déroule toute l'histoire. Un paysan, veuf avec ses enfants, cherche femme. Qui épousera-t-il ? Celle qu'on lui a promise, ou une pauvre paysanne, harcelée par son patron ? Cette petite Marie est l'âme d'un paysage de rêve, et l'emblème de l'enfance éternelle.
Un roman d'amour, mais traversé par le cri des chiens fous, la nuée sanglotante des oiseaux, le fossoyeur épileptique. La voix de la terre s'y accorde avec celle de l'Âme enfantine : George Sand y parle avec force du sol natal et des premiers souvenirs.
Mon avis La Mare au Diable est le premier d’une série de romans champêtres où George Sand a choisi de dépeindre la vie à la campagne mais surtout les paysans sous une autre forme que celle faite par ses pairs. Là où, comme elle le dit dans son premier chapitre en s’adressant à son lecteur, les artistes présentent les paysans comme les pauvres travailleurs qui engraissent les propriétaires avant de venir se coucher près de la mort, elle a choisi de montrer qu’ils avaient eux aussi de vraies personnalités, une vie pleine d’animation et des pensées plus profondes que celles qu’on leur prêtait habituellement.
Germain est veuf, il vit avec ses beaux-parents, son beau-frère et ses trois jeunes enfants. Il travaille dur, bien et a une bonne âme. Seulement, à cette époque, toute la famille vit réunie et sous le poids du gain de la terre possédée : plus il y a de bouches à nourrir, plus il faut engranger mais, surtout, il faut s’assurer que tous les petits-enfants auront la possibilité de vivre une fois leurs aînés éteints. C’est dans cette optique que le beau-père de Germain lui propose de se remarier pour trouver une femme qui saura s’occuper des intérêts de ses enfants : c’est que, notre beau Germain n’est pas vénal pour un sou et a tendance à se laisser porter par les décisions des autres tant que lui peut gérer son travail comme il l’entend. Seulement, se remarier ne l’enchante guère et, surtout, le voyage pour se rendre auprès d’une potentielle nouvelle épouse ne se déroule pas comme prévu.
À travers son roman, George Sand cherche à rendre hommage aux paysans de son enfance, à montrer qu’ils ne valent pas moins que les érudits des villes. Eux aussi sont tiraillés par les tracas de la vie, par la mort, par leurs émotions. Les mariages arrangés ne leur conviennent pas forcément, l’amour a tout de même une place dans leur histoire. C’est très romancé mais, en même temps, très réaliste. Germain est l’incarnation de l’homme qui ne réfléchit pas plus que nécessaire : il fait son travail, aime ses enfants, respecte ses aînés et pleure sa femme qu’il aimait réellement. Il ne se torture pas l’esprit avec des pensées parasites jusqu’à ce qu’on les lui mette en tête. La petite Marie, elle, est réfléchie, dégourdie surtout et sait quelle est sa place et ce qu’elle doit faire pour espérer pouvoir se marier : travailler quelques années pour réunir l’argent d’une dot correcte. Puis il y a Petit-Pierre, ce garçonnet qui n’en fait qu’à sa tête, qui réfléchit un peu plus que son père tout en gardeur la candeur de son âge. Ces trois-là forme un trio complémentaire lorsqu’il faut traverser les bois, près de la Mare au Diable pour atteindre les domaines qui attendent Germain pour une femme et Marie pour un travail.
L’écriture de George Sand a encore une fois était un plaisir. Elle conte cette petite histoire avec des phrases poétiques qui restent simples d’accès, qui vont au but. J’ai d’ailleurs pris plus de plaisir à me gorger de ses mots que de son histoire. La trame est intéressante, elle permet de s’immerger dans les coutumes du Berry notamment à travers les appendices de fin d’ouvrage mais sa façon de conter ne nous plonge pas dans l’histoire à proprement parler : c’est une réelle description de la vie à cette époque, une observation d’un pan de vie de ces personnages avec le regard extérieur. C’est très agréable lorsqu’on aime ce genre et cela permet de se mettre au niveau de George Sand pour voir tous ces protagonistes avancer dans leur vie.
J’ai préféré lire La petite Fadette en terme d’attachement aux personnages mais La Mare au Diable a beaucoup à offrir et j’ai su cueillir au cœur des pages ce qui m’intéressait. On peut peut-être reprocher à George Sand d’avoir caricaturer ses personnages secondaires pour aboutir à ce qu’elle souhaitait mais, dans un format court, cela n’est pas gênant. Certains y ont vu une opposition entre les érudits de la ville et les paysans, notamment par la candeur et la bonté d’âme qui semblent dominer chez les paysans mais George Sand s’en est défendue : pour elle, c’était réellement à but de sortir cette campagne de la vision macabre et tragique à laquelle on la destinait dans les œuvres pour raconter enfin une belle histoire.
Un livre à la plume magique pour nous offrir un peu du Berry du XIXe siècle et surtout, un peu de douceur. Des croyances, des coutumes, un peu de superstition et nous tombons tête la première dans ce roman champêtre.
« Nous croyons que la mission de l’art est une mission de sentiment et d’amour, que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la parabole et l’apologue des temps naïfs, et que l’artiste a une tâche plus large et plus poétique que celle de proposer quelques mesures de prudence et de conciliation pour atténuer l’effroi qu’inspirent ses peintures. Son but devrait être de faire aimer les objets de sa sollicitude, et au besoin, je ne lui ferais pas un reproche de les embellir un peu. L’art n’est pas une étude de la réalité positive ; c’est une recherche de la vérité idéale, et Le Vicaire de Wakefield fut un livre plus utile et plus sain à l’âme que Le Paysan perverti et Les Liaisons dangereuses. »
Quatrième de Couverture
Claire a dix-huit ans, elle est étudiante à Paris et lit Marguerite Duras. Bernard a vingt-neuf ans et travaille à la chaîne dans une usine de Béziers. A priori, ces deux personnages n’ont rien à faire ensemble. Pourtant, lorsque Bernard rencontre Claire sa vie s’illumine. En ce début des années 60, Bernard mène une vie tranquille. Avec quelques amis fidèles il partage des plaisirs simples – l’apéritif rituel au café des Marronniers, les parties de pêche, les promenades au bord de l’eau – qui lui permettent de supporter son handicap et les tracas professionnels liés aux humiliations d’un contremaître tyrannique. Mais soudain, sa vie prend un tour tragique : licencié, il est ensuite mêlé à une rixe mortelle. Que va-t-il lui arriver?
Mon avis Le jardin des poètes c’est un roman mais c’est aussi un parc de Béziers que je connais, où j’ai été enfant, et plus grande aussi. C’est ce qui m’a attirée vers ce livre, parce que je savais qu’à travers ces pages, je retrouverais des lieux familiers.
Bernard est un jeune homme naïf, gentil et simple, presque simplet par moment. Il a un regard sur la vie assez doux au départ, dans les premières pages, malgré les malheurs qu’il a connus. Après un accident de voiture, il se retrouve défiguré mais vivant, contrairement à son ami qui l’accompagnait. Trois après, il travaille dans une usine, n’a plus de pertes de mémoire et a ses petites habitudes dans son quartier, notamment au bar du coin. Marco, son meilleur ami avec qui il travaille, Emile, le patron, Gabriel, un autre habitué, Jojo, le pilier de comptoir et bien d’autres noms rythment sa vie. Puis il rencontre Claire, une jeune femme belle, intelligente, bavarde et il ne comprend pas trop ce qu’elle lui trouve mais il apprécie sa présence, de plus en plus. Claire est étudiante à Paris et, à la fin de l’été, elle repart. C’est à ce moment-là que la petite routine de Bernard est peu à peu ébranlée : au travail, dans les discussions virulentes au comptoir, dans sa vie personnelle… Au fil des mois, Bernard est confronté à la mort : il se rend compte que la vie est un cadeau qui peut être retiré à tout moment, en toutes circonstances.
C’est à travers les yeux de Bernard que l’on suit cette histoire, à travers ses réflexions simples, comme celles d’un enfant qui découvre le monde parce que, finalement, il n’avait jamais réellement questionné son petit monde, Bernard. La mort devient de plus en plus palpable et elle le travaille.
Au fil des pages, l’ambiance s’assombrit, nous menons inévitablement vers une série de drames annoncées sur fond de violence et d’alcool. Cette violence, elle s’exprime à travers les mots mais aussi les gestes : la violence verbale puis physique envers les Algériens à cette époque où la Guerre d’Algérie est encore fraîche dans une région où les émigrés sont nombreux, la violence des gens qui ne savent pas se faire entendre autrement dans un monde où les classes modestes s’en sortent avec leurs poings, la violence de la vie qui s’écoule jusqu’à la mort. Et l’alcool, cette douce boisson qui permet d’adoucir les malheurs pendant quelques heures mais qui a un coût, qui mène aussi vers des situations complexes, dramatiques.
À travers Le jardin des poètes, Richard Andrieux nous offre une peinture de la vie au sein d’une petite ville du sud de la France, peu avant mai 68, après plusieurs guerres, où le chômage menace et où la mort n’est jamais loin. Mais il nous offre aussi un pan de vie où différentes âmes se rencontrent et s’habituent les unes aux autres, s’apprécient et forment une petite bande où chacun est là pour soutenir l’autre. Et c’est en période de malheurs que ces liens, superficiels en apparence, se montrent forts et profonds.
On pourrait reprocher à ce roman de ne pas aller assez loin, de créer des liens entre les personnages de façon trop facile mais, au fond, c’est ça la vie : on s’entiche des autres sans s’en rendre compte, on se laisse entraîner dans les tourbillons de la vie et de la mort sans prendre garde et c’est d’un coup que tout nous saute aux yeux. Les personnages sont des caricatures, des traits exacerbés mais c’est aussi parce que Bernard décrit son entourage ainsi.
J’ai été touchée par cette histoire, j’ai apprécié ma lecture et ai suivi avec avidité la descente aux enfers des personnages, m’attendant à un final tragique alors que, finalement, nous ne sommes pas dans une tragédie de Sophocle mais dans une histoire qui pourrait être vraie. Tellement vraie que même le village choisi comme lieu de drames est connu vers chez moi pour être un lieu de violence gratuite en période de fêtes (là, il faut comprendre qu’à chaque fois que j’y suis allée, j’ai vu des bagarres stupides à foison, sur fond d’alcool). Bref, j’étais chez moi dans ce roman et ça m’a fait du bien.
Sans être le roman de la décennie, Le jardin des poètes est une lecture agréable qui permet de se glisser dans la peau d’un ouvrier des années 60 et de suivre ses aventures dans une ambiance où la camaraderie était tout aussi présente que la violence. Un roman qui permet aussi de penser à la mort et à la façon dont elle peut surgir brutalement, tout comme elle peut décider de faire languir celui qui l’attend.
« Papillon, c'était un brave homme. Quand Libellule, ma grand-mère, s'était envolée, il s'était mis à picoler de chagrin. »
J'ai entendu parlé de Glacé sur Accros & Mordus de Lecture lors d'un partenariat avec les Éditions XO et je savais que je finirais par lire du Bernard Minier un jour. C'est maintenant chose faite et j'intègre ainsi le Challenge Thriller/Polar A&M dont le but est de découvrir de nouveaux auteurs du genre, voire le genre tout court pour moi puisque je lis peu de polars et de thrillers.
Quatrième de Couverture
Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d’un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d’altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ? Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l’extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !
Mon avis
Gendarmerie et Police nationale sont appelées sur les lieux d’un crime peu banal : un cheval décapité a été hissé en haut d’une centrale, au cœur des Pyrénées, sans que personne ne s’aperçoive de quoi que ce soit. Le commandant Servaz se retrouve pris dans cette enquête alors qu’il a un vrai meurtre à gérer à Toulouse. Mais l’argent n’attend pas : le cheval appartient à Éric Lombard, milliardaire pressé et surtout influent qui veut savoir qui a tué son cheval, une bête aussi chère sur le marché qu’à ses yeux. Seulement, un cadavre humain finit par s’ajouter à la liste et l’enquête commence alors à se complexifier… Et si le centre psychiatrique regroupant les pires meurtriers d’Europe, à quelques kilomètres, était lié à ces crimes ? C’est tout autour de ce sac de nœuds que nous évoluons aux côtés de Servaz.
J’ai très vite été prise par cette enquête, ralentissant même le rythme de ma lecture pour la savourer plus encore. Évidemment, passés le deuxième tiers du livre, je n’ai plus pu m’arrêter avant d’obtenir le fin mot de l’histoire.
Bernard Minier nous offre un décor aussi angoissant que son enquête, malgré toute la beauté qu’il offre : aux pieds des Pyrénées, aux portes de l’hiver, quand les nuits sont longues et le froid mordant, le mystère grimpe, s’insinue en nous et nous fait réfléchir en tous sens. Les descriptions ne sont ni trop longues, ni trop courtes : elles servent parfaitement le récit et sont disposées de sorte à nous plonger dans cette ambiance sombre comme la nuit mais parfois lumineuse comme la neige. Ces instants de clarté, dispersés au fil des pages, révèlent les indices nécessaires à comprendre au fur et à mesure où veut nous mener l’auteur tout en nous laissant constamment dans le doute. Pour un premier roman, le dosage est bien maîtrisé.
Le dénouement final est certes, un peu alambiqué mais il reste cohérent avec la trame mise en place. Le schéma classique utilisé nous permet de ne pas nous laisser berner trop facilement par les évidences et de pousser plus loin la réflexion, à raison.
Les personnages sont creusés, intéressants et attachants. J’ai apprécié leur côté humain, leurs erreurs, leurs angoisses et les morceaux de vie qui sont proposés. J’ai particulièrement apprécié l’épilogue qui montre que les relations humaines classiques sont dépassées, qu’elles offrent dans notre monde bien plus de choses tout en étant complexes.
Mention spéciale aux questions de société posées par l’auteur à travers le monde capitaliste dans lequel nous vivons mais aussi le traitement réservé aux criminels enfermés dans des centres psychiatriques. Que ce soit à travers la sous-traitance des grosses entreprises ou l’usage de techniques subversives pour « soigner » les psychopathes et sociopathes, Minier nous pousse à voir au-delà de son roman et c’est quelque chose que j’aime en littérature.
Enfin, l’écriture est agréable même si, par moment, j’ai tiqué sur des réflexions un peu superficielles imputées aux personnages : on ne peut pas tout réussir du premier coup.
Je suis certaine de poursuivre mon aventure au cœur de l’imagination de Minier avec la suite des enquêtes de Servaz pour, à nouveau, me gorger avec envie de cette région que je trouve magnifique.
La PAL d'un lecteur, c'est le palais des merveilles mais aussi le pire fléau du monde : on la nourrit tellement qu'elle dépasse souvent notre rythme de lecture, surtout dans mon cas. Du coup, la semaine prochaine, j'ai décidé de me lancer dans le Défi Pile à Lire A&M pour lire un livre qui squatte la mienne depuis bien trop longtemps !
Le principe est simple : j'ai mis un liste de quatre livres zonant depuis longtemps dans ma PAL en m'inscrivant et un membre du forum devait choisir un de ces livres pour que je réalise le défi. C'est Khaany qui a sélectionné pour moi La Mare au diable de George Sand. J'ai donc une semaine à compter de lundi pour remplir mon défi !
Et vous, comment faites-vous pour venir à bout de votre PAL ? N'hésitez pas à venir sur le forum pour participer !