Dernières chroniques

Bienvenue

Bienvenue !


Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

dimanche 17 septembre 2023

Nos jours brûlés, Tome 1 de Laura Nsafou

J’ai découvert Laura Nsafou à travers ses posts instagram ainsi que son blog où sa plume et ses réflexions savaient déjà m’embarquer sans difficulté. C’est avec Comme un million de papillons noirs que je suis entrée dans son œuvre de fiction, superbement illustré par Barbara Brun et j’ai donc gravé son nom dans la liste des auteurs à suivre au fil des ans. Évidemment, je n’ai pas pu passer à côté de sa saga Nos jours brûlés.



Quatrième de Couverture
« Ma mère m’a dit que la Nuit n’avait pas toujours été là, qu’il fut un temps où une gigantesque boule de lumière éclairait le monde et révélait ses couleurs. »

2049. Depuis vingt ans, le Jour a disparu, et la raison de ce bouleversement reste un mystère. Si Elikia n’a jamais connu que la Grande Nuit et ses dangers, sa mère, Diba, refuse de d’y résigner. Persuadées que la disparition du soleil est liée à celle de Juddu, une ancienne cité qui aurait abrité des êtres divins, toutes deux sillonnent l’Afrique en quête d’indices et de vestiges. Leur fantastique épopée les conduira jusqu’au cœur de l’Invisible…

Mon avis
Elikia a grandi en Europe au sein d’une nuit éternelle, ne connaissant du soleil que ce que sa mère, Dabi, lui a raconté. Dabi est persuadé que le soleil peut revenir et sa piste débute à Juddu, mystérieuse cité où son père était archiviste. Elikia suit sa mère dans ce périple à travers l’Afrique de l’Ouest, où elles s’enfoncent dans des territoires sombres, peuplés de créatures nocturnes aussi dangereuses que vicieuses. Si Elikia a foi en sa mère, elle est plus réservée concernant les légendes de l’Invisible sans savoir qu’au fond, elle est marquée depuis sa naissance par cette Grande Nuit.

Le premier tome de Nos jours brûlés est une plongée vertigineuse dans un univers où se mêlent des mythes africains et antillais pour former une mythologie vaste et complexe qui se dévoile au fil des pages. D’un point de départ dans notre monde où le soleil a disparu, Laura Nsafou nous guide vers une quête où les conflits divins sont au cœur de l’histoire, où la magie est maîtresse de la situation. À travers Elikia, nous découvrons l’histoire de la Grande Nuit, de Juddu et du dernier Éclaireur, un univers à la fois fascinant et addictif.

Le ton de la narration dans les premiers chapitres conte le début de l’histoire avec recul, côtoie les codes du tragique avec brio et accroche directement le lecteur. L’action y atteint rapidement un point culminant signant le basculement de l’intrigue. Lorsqu’Elikia rencontre Yander, le dernier Éclaireur et seul survivant de la cité de Juddu, elle plonge dans un monde qu’elle ne soupçonnait pas et on la suit avec avidité. Yander la recueille et commence à la former tout en lui donnant les clés de sa nature : Elikia est une Marquée, une hybride dotée par Guddi, la Nuit en personne, vouée à le rejoindre un jour. Yander accepte de l’aider à contrôler sa nature nocturne même si aucun Marqué n’a encore réussi à combattre l’influence de Guddi. Ensemble, ils se préparent à tout tenter pour retrouver la Prêtresse, seule personne capable de tenir tête à Guddi. Ce long apprentissage prend la forme d’un huis-clos où Yander est la seule personne qu’Elikia côtoie au quotidien, où elle apprend, expérimente, comprend et s’interroge chaque jour un peu plus. Le temps s’y écoule lentement, les ellipses apparaissent de manière dosée et l’ensemble du rythme permet de s’imprégner progressivement de l’univers.
La dernière partie, elle, nous lance dans une course effrénée qui nous rappelle que le danger rôde partout, que son apparence peut être trompeuse et que le temps presse. Elikia et Yander doivent à tout prix retrouver la Prêtresse avant que la Grande Nuit ne dévaste tout sur son passage mais, surtout, ils doivent être prêts à en payer le prix.

Ce qui m’a le plus fascinée dans ce tome, au-delà de la découverte d’un univers richement construit, est la description de toutes les nuances sensorielles. Il y a une réelle volonté de Laura Nsafou de forcer le lecteur à utiliser l’ensemble de ses sens grâce à l’imagination pour plonger dans ce monde où la Nuit est omniprésente.
Les descriptions des couleurs, des variations de la nuit, des lieux, des odeurs, des sons, des goûts, des textures… Avec ses mots, Laura Nsafou réussit à faire frétiller l’ensemble de nos sens et c’est un véritable plaisir. Grande amatrice de descriptions, ici, je n’ai pas été déçue. Il y a un excellent dosage puisque c’est un livre jeunesse et l’action y est aussi suffisamment présente pour ne pas perdre les lecteurs. Les couleurs de ce monde sont particulières, elles sont exemptes de la lumière du soleil et c’est tout un exercice au fil de la lecture que d’imaginer les nuances du décor.
Les descriptions des personnages qui s’égrainent au fil des pages sont elles aussi fascinantes : il n’y a encore une fois pas que la vue qui s’exprime mais bien tous les sens à travers de superbes métaphores. Les images y sont fantastiques, bien plus que ce à quoi j’ai été habituée. Je ne saurais dire si c’est le sens du détail de Laura Nsafou qui transpire dans ses mots ou tout simplement l’amour qu’elle voue à ses personnages : parce que c’est l’effet que ça m’a fait, une déclaration d’amour toute en poésie à chaque description.

Elikia évolue énormément au fil du tome. Jeune femme de vingt ans suivant une mère obsédée par une quête fantaisiste au début de l’histoire, elle devient une femme forte prête à affronter sa nature profonde pour poursuivre la quête de sa mère, pour en faire la quête de sa vie.
Au fil du huis-clos, sa relation avec Yander m’a beaucoup touchée : le lien est fort sans tomber dans le pathos. La différence d’âge ne me choque pas puisqu’il n’y a pas d’attraction sexuelle décrite. On est sur une jeune femme qui découvre qui elle est en vivant uniquement avec une personne qui l’aide à comprendre et apprendre. Il n’y a qu’eux deux et Yander ne la traite pas comme sa fille : ça passe naturellement puisque hors des constructions sociales. Elikia est certes, une gamine, mais son vécu en fait une personne plus mâture : on n’est pas sur une relation d’ascendance d’un homme plus vieux sur une frêle jeune femme, c’est là que c’est bien écrit et que ça prouve qu’il est possible de se défaire des concepts patriarcaux. Moi qui n’aime pas les relations jeune femme/homme mûr, ici, c’est la preuve que ça peut marcher quand c’est sans rapport de domination : toute la construction du texte et du personnage d’Elikia montre qu’elle se hisse progressivement sur un pied d’égalité avec Yander et que celui-ci l’y encourage.

Enfin, point intéressant, la difficulté de mettre des mots sur la différence entre des humains et des divinités est là. Comment retranscrire le fait que les Fondateurs ne voient pas les faits ou encore le temps comme les hybrides ? Comment réussir à faire comprendre aux lecteurs que leur vision est à des années lumières de la nôtre ? Laura Nsafou réussit à planter les graines de la compréhension, à nous permettre d’entrevoir le fossé qu’il existe entre les êtres. Les Fondateurs ont tout le temps du monde face à la rapidité du temps tel que nous le concevons. Lorsque Fano, Zanagha et Shen se laissent aller à cette urgence qui anime les hybrides, ils nous ressemblent presque : quand ils aident Yander et Elikia, quand ils placent en eux un espoir. Qu’ont-ils à perdre ? Du temps, non. Mais peut-être des émotions un poil trop humaines qu’ils n’ont pas l’habitude de laisser les habiter. Ce sentiment d’urgence qui les rattrape furtivement les rend intéressants et nous laisse présager quelques thèmes pour la suite de cette saga.

Nos jours brûlés a été une excellente découverte, un premier tome qui donne immédiatement envie de connaître la suite et qui offre des personnages aussi bien construits que l’univers. J’ai aimé me laisser embarquer dans cette histoire aux couleurs sombres et plurielles. J’ai évidemment sauté à pieds joints dans la suite.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 27 août 2023

Les Jardins de Zagarand d'Éric de Kermel

Encore un livre acheté d’occasion parce que la couverture est sublime. Le marché de la seconde main donne cette possibilité d’acheter un livre sur un coup de tête, de ne pas hésiter sur le contenu des pages et de se dire « bon, si je ne l’aime pas, c’est pas grave ». Spoiler alert : heureusement que l'occasion existe !



Quatrième de Couverture
La légende dit que ceux qui vont à Zagarand n’en reviennent pas. C’est là que se rend Paul, dévasté par la perte de son fils, lorsqu’une lettre de sa sœur Mathilde l’invite à la rejoindre dans cette oasis du bout du monde. À Zagarand, la vie obéit à d’autres lois que celles qu’il connaît. À Zagarand, la nature et l’humain guident les femmes et les hommes qui ont fait le choix d’y vivre. Altérité, responsabilité et amour y sont les maîtres mots. Quelles légendes ont forgé cette utopie ? Avec Mathilde, Mayssa, Elias ou Amiane, des gestes simples, des rituels nouveaux, de puissantes émotions vont bouleverser les certitudes de Paul et lui permettre de réapprendre à vivre.

Mon avis
Paul vient de perdre son fils. Un père ne devrait pas enterrer son enfant, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Sur l’invitation de sa sœur Mathilde, Paul va entamer un voyage pour la rejoindre à Zagarand, lieu mystérieux au milieu du désert dont il est dit qu’on ne revient jamais. Ce périple va lui permettre de vivre une aventure bien plus profonde que ce qu’il imaginait.

Les Jardins de Zagarand d’Eric de Kermel fait clairement penser à l’univers de Paulo Coelho à travers sa forme de récit initiatique avec une pointe de conte philosophique. On y retrouve l’élément déclencheur avec la perte de sens, la quête d’une lueur d’espoir, la suspension du temps avec le retour à l’essentiel, la recherche du but de l’existence… Et la comparaison s’arrête ici pour moi : si Coelho réussit à me toucher, ça n’a pas été le cas avec De Kermel.

Zagarand est une cité où chacun peut trouver sa place et son rôle en se laissant aller non pas au but choisi mais au cheminement qui y mène. C’est l’énième illustration de la maxime « Ce n’est pas la destination qui importe mais le voyage qui y mène » qui est souvent traitée dans ce genre littéraire. On y apprend l’humilité, le retour aux essentiels ainsi que la communion avec la nature. On est amené à y redécouvrir le vrai sens des relations aux autres mais aussi à soi. En somme, Zagarand est un beau village utopique qui sert de décors aux messages transmis par l’auteur.

Eric De Kermel écrit bien, ses images sont poétiques, ses messages résonnent avec les préoccupations actuelles qui nous étreignent. Seulement, ses mots ne m’ont pas touchée. Je suis passée à côté de ce livre et, en relisant les passages que j’ai soulignés, je pense que c’est parce que ses belles phrases m’ont paru mécaniques, construites pour générer des émotions et non avec émotion. Ce n’est sûrement pas le cas à l’origine mais c’est ce que j’ai ressenti.
Ce manque de réaction à la lecture est sûrement aussi dû aux personnages qui ne m’ont pas touchée du tout. Le héros ainsi que les autres personnages dont il croise la route m’ont semblé vides d’émotions. Leur flegme m’a plutôt amené à les imaginer comme englué dans une vie plate où la passion n’existe pas, jusqu’à avoir l’impression de voir évoluer des êtres lobotomisés. Zagarand est censé être un lieu où les gens vivent heureux, de manière apaisée non pas parce qu’ils n’ont plus de problèmes mais parce qu’ils ont appris à les surmonter et, pourtant, j’ai eu l’impression d’être face à un village de personnes sans âme. En fait, j’ai eu une sensation d’utopie type Le meilleur des mondes de Huxley alors que je sais que ce n’était clairement pas le but de l’ouvrage : les personnages me semblaient anesthésiés là où ils auraient dû me fasciner.

Et, finalement, intrigue comme personnages ont ce travers : l’auteur a essayé d’implanter dans ses lecteurs exactement ce qu’il voulait qu’on ressente et il n’a pas laissé la place à la pluralité du lectorat, ce qui donne cette impression d’absence d’âme.

« Lorsque nous écrivons, les vagues déposent nos émotions sur la grève tels ces minuscules coquillages qui se mélangent au sable. Auparavant, ils flottaient et roulaient dans nos esprits et voilà que leur course s’achève enfin. »

Eric de Kermel pose son image et l’explique à outrance, imposant sa vision, son but et il ne nous laisse pas de place. C’est un choix stylistique qui se vaut mais qui ne fonctionne pas sur moi. Cette lourdeur a étouffé la moindre petite émotion que j’aurais pu ressentir : si j’aime quand on me guide dans certains ouvrages, ce n’est pas le cas avec les récits initiatiques dont le but est normalement de permettre à l’individualité du lecteur de choisir ce qu’il veut en garder. Ici, tout ce qu’on m’a laissé c’est l’image de hippies défoncés qui ont le luxe de quitter leurs responsabilités même si je reste persuadée que ce n’est pas le but du roman.

Les Jardins de Zagarand est un beau livre, au cœur duquel on retrouve de douces illustrations de Valentine Plessy mais qui n’a pas su venir jusqu’à moi. Il a tout de même su atteindre d’autres lecteurs alors, si ça vous tente, allez-y.

« J’aime l’Izir qui ne fait pas comme tout le monde. J’aime l’idée d’un fleuve qui fait un court passage sur terre et se fait oublier sans lutter avec le désert où il s’unit à la terre. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 20 août 2023

Normal People de Sally Rooney

J’ai lu Normal People après avoir littéralement dévoré la série qui m’a complètement happée. Je ne suis pas particulièrement sensible au 7ème art, notamment par une réelle ignorance sur le sujet, mais tout dans la série m’a touchée : des dialogues aux silences (surtout les silences), des plans larges aux détails ainsi que les différents thèmes explorés. Et comme à chaque fois qu’un livre est à l’origine des images à l’écran, j’ai lu le livre.



Quatrième de Couverture
Connell et Marianne ont grandi dans la même ville d'Irlande. Il est le garçon en vue du lycée, elle est la solitaire un peu maladroite. Pourtant, l'étincelle se produit : le fils de la femme de ménage et l'intello hautaine connaissent ensemble leur premier amour.
Un an plus tard, alors que Marianne s'épanouit au Trinity College de Dublin, Connell s'acclimate mal à la vie universitaire.
Un jour, tout est léger, irrésistible ; le lendemain, le drame pointe et les sentiments vacillent.
Entre eux, le jeu vient tout juste de commencer.
Sally Rooney réussit le tour de force de donner une dimension unique et universelle à cette histoire. Porté par des dialogues saisissants de justesse, Normal People est un roman magistral sur la jeunesse, l'amitié, le sexe, sur les errances affectives et intellectuelles d'une génération qui n'a plus le droit de rêver, mais qui s'entête à espérer.

Mon avis
Marianne et Connell découvrent les hauts et les bas d’une première histoire d’amour à un âge où se construire est la première grande difficulté de la vie. Issus de deux mondes différents, ils se rapprochent à travers leur sensibilité et leur sentiment de ne pas entrer dans le moule que leur offre leur environnement. Au fil des années, ils vont grandir tout en s’accrochant plus que jamais l’un à l’autre à chacune de leurs retrouvailles.

La beauté de cette histoire tient dans la façon qu’a Sally Rooney de montrer la complexité du passage à l’âge adulte dans sa simplicité la plus brute. Marianne et Connell sonnent juste, ils sont à fleur de peau, en proie avec leurs émotions et leurs interrogations qui résonnent avec les lecteurs. On peut facilement s’identifier à leurs doutes, leurs souffrances, leurs épreuves.
À travers un effet miroir, ils s’ancrent l’un à l’autre, faisant pencher la balance de leur relation sans jamais réussir à maintenir l’équilibre suffisamment longtemps pour durant les premières années. Puis, petit à petit, ils réussissent à reprendre leur souffle en même temps après avoir sombré, traversant le miroir pour se tenir côte à côte et se soutenir. Marianne et Connell partagent cette sensation que seuls eux deux peuvent se comprendre dans un monde où les gens autour d’eux sont différents, simples, à la limite de la superficialité.

Et puis, une fois l’histoire terminée, on comprend que le passage à l’âge adulte est terminé, que Marianne et Connell, comme toutes les autres personnes avant eux, ont réussi l’épreuve. On réalise qu’ils n’ont rien de différents du monde qui les entoure, qu’ils ne sont que des « normal people », ce qui les rend plus réalistes encore. Ils se sont accrochés l’un à l’autre comme on le fait avec ses amis lorsqu’on est jeunes et persuadés que personne d’autre ne peut comprendre ce que l’on vit.

Je parle délibérément de « l’histoire » et non du « livre » parce que le livre m’a beaucoup moins touchée que la série. Le style de Sally Rooney est particulier, tant dans la mise en forme du texte que dans le choix des phrases. Ce n’était pas déplaisant à la lecture mais je ne suis pas certaine que j’aurais autant apprécié Normal People si je m’étais contentée du bouquin. J’ai aimé ma lecture non pas à travers la plume de l’autrice mais bien parce que je me remémorais les émotions provoquée par la série. D’ailleurs, les autres livres de Sally Rooney ne me tentent pas pour le moment. D’habitude, je suis bien plus touchée par les mots et la vivacité des émotions que provoquent chez moi les héros de papier alors, qu’ici, j’ai l’impression que la série a apporté ces réactions que le livre n’a pas fait naître chez moi. En lisant, je me projetais sans cesse vers ce que j’avais vu à l’écran. Sur papier, Marianne et Connell semblent plus plats, ils me font penser à une jeunesse désabusée et blasée, limite monotone. À l’écran, on a la sensation de personnages sur le fil, prêts à imploser à chaque seconde, ce qui est plus poignant pour moi.

Si je n’avais qu’un seul conseil à donner sur Normal People ce serait de plutôt regarder la série qui fait réellement de cette histoire quelque chose de beau et de profond.

« Il veut comprendre comment fonctionne son esprit. S’il décide de se taire pendant une conversation, Marianne lui demande : Quoi ? au bout d’une ou deux secondes. Ce “Quoi ?” lui semble contenir tant de choses : non seulement l’attention quasi scientifique à ses silences, qui lui permet de poser cette question, mais un désir de communication totale, le sentiment que tout ce qui n’est pas dit est une rupture malvenue entre eux. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

vendredi 30 juin 2023

Chroniques homérides, Tome 3 : La marque de Cronos d'Alison Germain

Après le tome 1 et le tome 2, place au dernier tome de cette trilogie. Il est à noter qu'il ne faut pas se fier aux quatrièmes de couverture : elles accentuent toutes la part de la romance dans l'histoire et pas de la meilleure des façons...



Quatrième de Couverture
Hestiapolis est tombée. Nous n’avons pas été assez forts, nous n’avons pas su contrecarrer les plans de Néocles. Aujourd’hui, les Homérides sont dispersés à travers le monde, mais une partie s’est réfugiée dans la rotonde archontide à Athènes, pour tenter de comprendre et se reconstruire.

Car si les murs de la cité gardienne étaient censés nous protéger, peut-être voilaient-ils également la vérité. Ces éléments clefs qui nous font défaut pour démêler les projets de nos ennemis, leur identité, et surtout pour enfin anticiper leur prochain mouvement et contre-attaquer.

Néocles, Moira… aucune de leurs intentions ne sont claires et je ne sais plus à qui me fier. Mon frère, devenu aveugle, lutte contre ses propres cauchemars qui lui soufflent l’existence d’une nouvelle menace. Seul Angus demeure mon ancre, mais lui comme moi restons perdus dans une machination qui nous dépasse mais dont le gain semble être l’héritage d’Homère : le pouvoir des dieux que nous gardions depuis des siècles.

Mon avis
Le chaos se rapproche plus que jamais : Louise a vu son foyer tomber, de nouveaux jamais ne jamais se relever mais elle doit continuer à avancer. Les apparences sont trompeuses, les dangers nombreux et le dénouement tout proche.

La marque de Cronos offre à travers un dernier tome rythmé révélations, affrontements, remises en question et dénouement final. Une fois encore, les codes du genre sont respectés et l’enchaînement des événements s’articule plutôt bien autour de l’intrigue. On retrouve encore de grosses ficelles du genre, comme les retournements de situation qui manquent parfois de finesse mais, dans l’ensemble, ça fonctionne.

Le gros point fort de cette trilogie est la personnalisation de la mythologie : l’histoire des homérides est une idée originale et assez bien menée pour une toute première trilogie. On sent la passion d’Alison Germain et le travail de construction qu’il y a eu derrière son intrigue. Sans trop en révéler, j’ai bien aimé certains des rouages mis en place pour l’histoire des homérides, les tenants et aboutissants ainsi que la grande question du libre-arbitre qui est finalement centrale depuis le premier tome.

Pour une première saga, Alison Germain a su s’en sortir grâce à une idée originale, un style fluide et un rythme bien mené. Les maladresses et les clichés se font rapidement oublier grâce à l’intrigue et la lecture est agréable. Le talent est là et l’expérience mènera sans aucun doute à de prochains ouvrages de qualité. Une bonne découverte.

Chroniques homérides, Tome 1 : Le souffle de Midas
Chroniques homérides, Tome 2 : L'ultime oracle
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

samedi 24 juin 2023

Chroniques homérides, Tome 2 : L'ultime oracle d'Alison Germain

Après le tome 1, j'ai directement enchaîné avec le deuxième tome, profitant de quelques jours de congés.



Quatrième de Couverture
Après avoir appris l’existence des Homérides, je suis parvenue, non sans difficultés, à Hestiapolis, havre de paix et de protection pour ce peuple aux dons incroyables, dont je fais désormais partie. Là-bas, je retrouve Ellie, la Pythie, qui voit dans mon destin et les récentes épreuves que j’ai dû surmonter l’accomplissement de sa dernière prophétie. Mais si maintenant un nom peut-être mis sur la menace qui plane, sa compréhension recèle encore beaucoup de zones d’ombre et l’Ordre Homéride n’arrive pas à s’accorder sur le plan d’actions à établir. Pire, il me prive de ma liberté sous prétexte de me protéger. J’ignore tout des coutumes et de l’histoire de mes semblables, mais je vais devoir apprendre vite, car les murs de la cité ne semblent plus être un obstacle suffisant pour arrêter celui qui veut s’accaparer mon pouvoir.

Mon avis
Louise parvient enfin à rejoindre Hestiapolis, foyer des homérides, après avoir échappé à son ennemi. Profondément marquée par cet affrontement, elle se relève doucement, retrouve ses proches et découvre de nouvelles informations sur sa nature profonde. Pour sa protection, elle doit rester cloitrée au sein de la cité, ce qu’elle supporte assez difficilement. Malgré les précautions, l’ennemi se rapproche de plus en plus.

L’ultime oracle nous plonge au cœur de la vie des homérides, de leur diversité et nous permet d’en apprendre un peu plus sur leur histoire et leur nature. On est peu à peu plongé dans des rouages ancestraux et politiques et on progresse aux côtés de Louise dans ces découvertes. L’univers mis en place n’est pas parfait, certains rouages manquent de finesse ou de complexité mais l’idée de base reste intéressante : si, comme moi, on lit de la fantasy issue de la mythologie grecque uniquement de temps en temps, je pense qu’on peut aisément y trouver son compte. Une sorte d’introduction dans ce genre de littérature qui, je pense, ne suffira par contre pas à convaincre les aficionados déjà bien rodés.

Le rythme des chapitres est un point fort du livre : le dosage entre actions et explications est bien géré, on ne se perd pas en longueur inutilement et l’écriture est toujours dynamique. Des points mériteraient d’être un poil plus développés mais ça n’a pas dérangé ma lecture. On sent l’amour d’Alison Germain pour la Grèce Antique dans ses descriptions et son souci du détail pour la cité d’Hestiapolis et le rendu est assez sympa.

Comme je le craignais dans le premier tome, Louise se révèle être l’héroïne stéréotypée qui tend vers le côté badass et tête brûlée de la force et perd en naturel. Elle m’a souvent agacée par son manque de réalisme, notamment dans ses pensées et réactions : son culot est bien trop gros pour sonner juste à mon goût. Il en va de même pour sa relation avec Angus : c’est trop fort, trop vite et le mièvre qui en découle m’a clairement laissée de marbre. La passion des débuts laisse trop vite la place à l’intensité des sentiments… Qu’on n’a même pas eu le temps de voir naître. Ce n’est pas parce que la romance est prévisible qu’il faut l’accélérer. Si le dosage de l’intrigue est bien fait, celui des personnages et de leurs liens, lui, est le gros point faible de ce tome.

L’écriture et les idées de l’autrice restent cependant prometteuse et, malgré les points faibles, cette lecture a été plaisante l’été dernier, allongée à l’ombre d’un arbre, entre deux plongeons dans la piscine.

Chroniques homérides, Tome 1 : Le souffle de Midas
Chroniques homérides, Tome 3 : La marque de Cronos
Les avis des Accros & Mordus de Lecture