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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

samedi 11 novembre 2023

Lance-pierre de Mercedes Helnwein

Lance-pierre de Mercedes Helnwein a terminé dans ma PàL grâce à ma passion pour l’achat de livres d’occasion : un moyen d’acheter sur un coup de tête des livres au pif et de faire de belles découvertes. Ici, ça a fait mouche !



Quatrième de Couverture
À quinze ans, Grace Welles s’est résignée à sa solitude de fille singulière dans un pensionnat de seconde zone perdu au fin fond de la Floride. Son père vit en Californie, où il a une famille légitime, et sa mère vit... sur une autre planète peuplée de licornes. Tout bascule cependant le jour où Grace sauve un nouvel élève de sa classe sur le point de se faire tabasser : d’un seul tir de son lance-pierre, elle fait exploser pour toujours la monotonie de sa vie d’adolescente. Grâce à ce Wade Scholfield qu’elle n’a pas vu venir, sa vie ne sera plus jamais la même.

Avec lui, Grace découvre qu’une autre existence est possible, où les règles du lycée ne sont pas si tragiques et où une simple conversation sur les tunnels spatio-temporels peut conduire à des baisers passionnés capables de mâter son cerveau toujours en ébullition. Alors, pourquoi diable se retrouve-t-elle à briser en mille morceaux le cœur de Wade ? Et que peut-elle faire en comprenant enfin que l’univers ne tourne pas autour d’elle et que, sous ses airs désinvoltes, Wade cache un lourd secret ? Se pourrait-il qu’elle soit finalement la seule à pouvoir l’aider ?

Ce récit acide et sensible raconte avec justesse et sensibilité l’histoire de deux êtres qui se trouvent et se déchirent, puis grandissent. Le portait d’un premier amour flamboyant sur fond d’amitié, de poésie, de bouillonnement hormonal et de fous rires.

Mon avis
Grace est une adolescente dont les préoccupations semblent à des lieux de celles de ses camarades : garçon, vêtements, ragots, popularité… Tout cela ne l’intéresse pas. Elle préfère capter l’attention de son professeur préféré, se repaître de ses pensées torturés à travers ses poèmes et écouter les Smashing Pumpkins. Puis elle rencontre Wade qu’elle ne réussit pas à effrayer comme les autres jeunes de son lycée. Pire, il s’intéresse à elle et la perce rapidement à jour, lui faisant ressentir de toutes nouvelles émotions. Mais il n’est pas facile de composer avec les premiers émois adolescents, surtout quand on le moindre faux pas peut se transformer en chaos émotionnel sans nom.

Lance-pierre est un roman qui m’a frappée sans que je m’y attende. Il fait partie de ces livres où les personnages adolescents sont écrits avec une telle justesse qu’ils nous touchent en plein cœur. Ce roman est l’incarnation de tout ce que j’aime dans les œuvres qui traitent de l’adolescence avec talent : retranscrire sans fausse note la tempête d’émotions qui touche les jeunes lorsqu’ils se découvrent à travers le regard des autres. Lance-pierre est un roman frétillant d’émotions, c’est l’adolescence à l’état brut, ça pique les yeux et l’âme.

Grace découvre progressivement qu’elle n’est pas si différente de ses camarades et que ça ne lui enlève aucune profondeur. Marquée par l’histoire particulière de ses parents, elle a simplement érigé des barrières autour d’elle pour ne pas ressembler à sa mère qui est l’autre femme, qui semble être en suspend toutes les périodes où elle attend que l’homme de sa vie trouve une ouverture pour les rejoindre un trop court instant.

« L’adrénaline me réconfortait. Ou peut-être était-ce la certitude de n’avoir rien à perdre. Quand les gens essayaient d’être sympas, alors j’avais tout à perdre ; quand dès le départ c’étaient des connards, je ne risquais pas d’aggraver la situation. Ça signifiait moins de pression et beaucoup plus de liberté. »

Lorsque Wade vient fracasser ses barrières, Grace commence à perdre pied. Avoir quelque chose à perdre est tout ce qu’elle a cherché à fuir durant sa vie.

Grace grandit dans son rapport aux autres. Elle les découvre, les laisse entrer dans sa vie et apprend à composer avec toutes ces nouvelles émotions qui l’assaillent. Mercedes Helnwein nous montre que chacun est différent et semblable à la fois : certains se démarquent par leurs goûts, leur attitude, leurs choix mais, au fond, ce n’est pas ça qui nous différencie les uns des autres. Le simple fait d’exister fait de nous une espèce plurielle et c’est une des thématiques de ce roman. Grace se sent différente et voit ses camarades faire partie d’un même moule. Pourtant, en s’intéressant et se liant à eux, elle comprend que chacun est différent à sa façon.

Lance-pierre c’est apprendre à gérer ses émotions face à des personnes qui se débattent aussi avec les leurs. C’est grandir, c’est comprendre que les interactions avec les autres sont complexes. C’est accepter de prendre des risques pour vivre et se lier aux autres. C’est comprendre que perdre fait partie du jeu, un jeu qui en vaut souvent la chandelle. C’est user de la capacité des adolescents à ressentir pleinement les émotions souvent trop fortes pour illustrer la dureté du rapport aux autres mais sa nécessité vitale. Un roman touchant, déchirant et magnifique de justesse.

« La vérité, c’est que j’aimais trop Wade pour envisager un seul instant d’être amoureuse de lui. Ou peut-être que c’était au-delà de ça. Peut-être qu’en fait j’avais besoin de lui. Parce qu’il faisait de moi le centre de son univers quand il m’écoutait parler, et parce qu’il me laissait profiter à fond de son énergie et de son imagination colossales. Certains jours, j’avais l’impression de le dépouiller, de lui prendre tout ce que je pouvais pour aller m’en repaître tranquillement dans ma chambre. Je me disais que ça marchait peut-être dans les deux sens. Qu’il se sentait bien grâce à moi comme je me sentais bien grâce à lui, mais je ne comprenais pas vraiment ce que j’avais à lui apporter. Au fond, j’étais persuadée de posséder des pouvoirs occultes qui l’aveuglaient et le liaient à moi malgré lui. C’était la seule explication possible. Et alors ? Je n’avais aucune intention d’annuler un sort que j’avais jeté par accident. »

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jeudi 9 novembre 2023

Les héritiers de Salem, Tome 2 : Le fils oublié de Salem d'Emilie Bonnet

Le premier tome de la saga d’Emilie Bonnet Les héritiers de Salem avait su piquer ma curiosité : je n’avais pas adhéré aux personnages qui étaient trop simplistes à mon goût mais j’avais bien aimé sa personnalisation de l’histoire de Salem et c’est donc sans surprise que je me suis procurée le deuxième tome.



Quatrième de Couverture
Il y a seulement quelques mois, Serena était encore une insouciante adolescente californienne. Aujourd’hui tout a changé. Elle vit avec ses deux frères Jon et Wyatt dans le manoir de Wailing Hill à Salem, ville que leurs parentes ont fui pour les protéger de leur destinée de sorciers. La fratrie a découvert un monde où cohabitent sorciers, vampires et loups-garous. Un monde déchiré par des guerres de pouvoir, où le danger est omniprésent. Après une nuit d’horreur où elle a vu la mort frapper, Serena est dévorée par l’angoisse : où est passé Jullian ? Alors qu’elle espère le voir réapparaître, c’est sa tante Monica qui fait son retour au Manoir accompagnée d’un inconnu, Léon, sorcier vaudou…

Mon avis
Du sang sur les mains, Serena a du mal à reprendre pied. Pour sauver Wyatt, elle a fait appel à un pouvoir qui la dépasse aujourd’hui. Si l’ombre à la tête de porc n’est plus, de nouveaux ennemis semblent prêts à surgir à tout moment pour profiter des dissidences qui font rage au sein de la communauté de Danvers. Serena saura-t-elle garder le contrôle pour faire face à de nouvelles menaces ?

L’intrigue prend un nouveau tournant et met en lumière la fragilité des alliances au sein de Danvers. De nouveaux personnages entrent en piste et nous cherchons à savoir tout au long de la lecture dans quel camp ils jouent. Les pions sont avancés de case en case et le mystère s’épaissit. Emilie Bonnet enrichit encore son univers dans ce tome avec de nouvelles clés et de nouvelles pratiques. Les héritiers de Salem est une saga qui gagne en profondeur dans ce deuxième tome et qui prouve que son potentiel est bien là.

L’autre bonne surprise est l’évolution des personnages. S’ils étaient trop lisses et clichés dans le premier tome, ils gagnent eux aussi en substance, notamment ceux qui sont secondaires. C’est pile ce qui manquait au tome précédent. Serena se construit et les personnages autour d’elles deviennent intéressants. Alors il y a une légère dissonance entre la temporalité décrite et l’évolution parfois un poil rapide de certains personnages mais cela semble nécessaire à l’intrigue.
Concernant Jullian, je n’accroche toujours pas. Son absence au début du tome m’a bien fait plaisir et son retour m’a laissée de marbre. Le fils oublié de Salem est découpé en deux parties : la première est sous le point de vue de Serena et la seconde sous le point de vue de Jullian. Même avec ça, avec ses pensées, son histoire et ses états d’âme, c’est un échec. Jullian ne me plait définitivement pas. Heureusement, il y a Cole. Il est encore dans le spectre du cliché mais il a su capter mon attention et je sens un potentiel certain chez lui.

Je suis contente d’avoir persévéré dans cette saga et d’avoir lu ce deuxième tome qui s’inscrit dans mes lectures divertissantes sur les Sorcières de Salem. J’espère que la suite sera un jour publiée.

Petit information au sujet de cette saga : Les héritiers de Salem a été publié par les éditions Nouvelles Plumes que j’ai pu acheter via France Loisirs (j’ai une carte de membre qui a pas loin de trente ans et un contrat qui me permet d’acheter ce que je veux, quand je veux). La maison d’édition vient de fermer ses portes alors que le troisième tome devait paraître fin 2023 ou début 2024. L’autrice propose actuellement de la contacter par mail pour recevoir une version numérique brute du troisième tome. J’hésite encore à le faire, j’attends de voir si Emilie Bonnet va trouver une nouvelle maison d’édition ou non. De ce que j’ai pu voir en fouillant sur le net, on ne trouve plus le deuxième tome en neuf pour l’instant et il reste quelques copies du premier tome en circulation.

Les héritiers de Salem, Tome 1
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dimanche 5 novembre 2023

Les héritiers de Salem d'Emilie Bonnet

J’ai une tendance, assez proche d’un comportement compulsif, à poser mon regard un peu trop longtemps sur toute œuvre qui comporte le nom de Salem. Tout a sûrement commencé dans ma tendre enfance, à l’époque bénie d’Hocus Pocus et Charmed, a évolué à travers la superbe pièce d’Arthur Miller, les films ou séries sur les sorcières, en passant aussi par le féminisme. C’est ainsi que Les héritiers de Salem d’Emilie Bonnet est arrivé dans ma PàL.



Quatrième de Couverture
À la suite de la mystérieuse disparition de leurs parents, Serena et ses deux frères s'installent à Salem, leur ville natale, auprès de leur tante Monica. Surprise du prestige du manoir familial de Wailing Hill, Serena comprend rapidement que l'évocation de sa famille, l'une des plus anciennes du pays, inspire autant de respect que de crainte. Bientôt des phénomènes étranges se multiplient autour de l'adolescente : une silhouette ornée d'une tête de porc entraperçue un soir de fête, un rêve sanglant qui se révèle prémonitoire, un colis tout aussi morbide... Quels secrets lui cache Salem ? Serena est-elle en danger ? Dans sa quête de vérité, elle peut heureusement compter sur ses frères et ses nouveaux amis, notamment Jullian, un garçon charismatique qui l'intrigue et la fascine...

Mon avis
Après la disparition de leurs parents, Serena, Jon et Wyatt Parris quittent la Californie pour retourner dans leur ville d’origine, Danvers, autrefois nommée la Grande Salem. Recueillis par leur tante, Monica Lewis, ils découvrent une ville où leur nom suffit à leur attribuer une place dans la société. Dans ce nouveau monde, la fratrie Parris va voir ses certitudes vaciller. Elle va devoir se faire une place au sein de la communauté magique à laquelle elle appartient de droit sous la menace pesante de la mystérieuse ombre à la tête de porc.

Les héritiers de Salem est un premier tome qui nous plonge rapidement dans l’intrigue de la communauté de Danvers. S’il n’y a pas de surprise particulière concernant la magie, Emile Bonnet réussit à personnaliser l’histoire de Salem qui a pourtant été vue et revue dans la littérature. On se laisse doucement emporter par l’univers tant connu et pourtant assez bien revisité.

Cette saga s’inscrit dans le genre Young Adult et les codes y sont bien présents tout au long de la lecture : les personnages principaux sont jeunes, innocents et jetés dans la fosse aux lions sans préambule. Les héros sont lisses, prêts pour gagner progressivement en caractère, les faux-semblants à décortiquer sont là, la romance interdite répond elle aussi présente tout comme les amitiés contrariées et l’antagoniste mystérieux à démasquer. La recette est complète pour fonctionner.

Seulement, pour ce premier tome, la recette n’est pas suffisante en tous points. Si l’intrigue et les détails de l’univers qui viennent peu à peu construire le récit sont assez bien choisis, les personnages, eux, ne m’ont pas convaincue. C’est tout mon problème avec le Young Adult : parfois ça passe, parfois ça casse. Dans ce premier tome, les personnages ne sont pas suffisamment explorés à mon goût : ils répondent bien aux codes du genre mais ça s’arrête là et ça manque de développement. Il y a du potentiel mais j’avais besoin de plus. Surtout, c’est la romance qui m’a le plus laissée de marbre : je n’ai senti aucune alchimie entre Serena et Jullian. Serena est un personnage en construction qui découvre un nouveau monde à qui on peut facilement pardonner son manque de profondeur initial mais, Juillian, lui, est bien trop fade à mon goût. Ses obligations qu’il suit sans sourciller ne devraient pas être une excuse à son manque de relief. Je suppose que la relation est une évidence pour l’autrice, évidence qui n’a pour le coup pas été suffisamment transposée par les mots.

J’ai tout de même passé un bon moment lecture : il s’agit d’un premier roman, on le sent, et il y a un réel potentiel dans cette intrigue. Le style d’Emilie Bonnet est aussi très agréable à lire et ses idées font que je n’ai pas hésité à acheter le tome suivant pour poursuivre l’aventure. Tout ce que je peux conseiller est de ne pas s’arrêter au premier tome si on aime les réécritures de l’histoire de Salem.

Les héritiers de Salem, Tome 2
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samedi 21 octobre 2023

Nos jours brûlés, Tome 3 : Le Dernier Feu de Laura Nsafou

Le dernier tome enfin sorti, il ne m'a fallu qu'une relecture des deux premiers avant de me jeter sur cette lecture finale.



Quatrième de Couverture
« À chaque instant, nous devions résister à l’envie d’abandonner, pour nous forger nos propres lueurs d’espoir. »

2053. Elikia, Yander et Diarra ont rejoint l’Ordre diaphane, au côté duquel ils luttent contre l’Être de la Nuit. Après la perte de nombreux guerriers et guerrières, Elikia tente de comprendre l’origine de ses pouvoirs de dragon, tout en faisant face aux divisions qui règnent au sein de la communauté. Mais la lutte finale mettra la loyauté de tous à rude épreuve. La Prêtresse sera-t-elle capable de vaincre la Nuit ? Tandis que l’équilibre des forces est sur le point d’être rompu, Elikia, elle, a choisi son camp…

Mon avis
L’affrontement final approche et Elikia n’a désormais que peu de temps pour comprendre son rôle et ses pouvoirs. Diarra se prépare à défier Guddi tout en transmettant à Elikia un héritage qui pourrait la dépasser. L’espoir s’effrite bien trop vite et les alliances se font de plus en plus incertaines : la fin d’un monde arrive à grands pas, lequel survivra à l’autre ?

Le Dernier Feu, en tant que tome de conclusion, ne déçoit pas. Les questions posées depuis le premier tome trouvent peu à peu leurs réponses, les mystères sont dissipés et nos héros jouent la partition de leur vie. Comme pour les tomes précédents, le rythme du récit joue les montagnes russes faisant monter progressivement la tension jusqu’à son point culminant. Certains passages laissent une sensation hachée mais, dans l’ensemble, les choix temporels fonctionnent toujours aussi bien.

Après avoir appris à s’ouvrir aux autres et à elle-même lors de son retour de mission, Elikia s’enferme désormais dans sa quête finale et se coupe des autres. Elle passe tout son temps auprès de Diarra, obsédée par la Prêtresse et les réponses qu’elle lui apporte et perd peu à peu ses liens avec les autres hybrides. Elle est parfaitement imparfaite, symbole de l’Humanité là où nombreux sont ceux qui voient chez elle un monstre : Elikia est une vraie héroïne de fantasy, bourrée de failles mais aussi de force.

Cette humanité est notre point d’ancrage, le moyen que nous donne Laura Nsafou pour ne pas perdre pied face à une guerre qui oppose des divinités, une guerre qui dépasse notre réflexion. Les Esprits Créateurs, les différents autres Esprits… Ils sont à des lieux de réfléchir comme les Hybrides, si humains finalement. Le contraste est violent entre la vie spatio-temporelle des Esprits et celle des Hybrides et c’est tout un tour de force que de réussir à faire saisir ces subtilités au lecteur. Et, sans trop en dire, l’histoire des Deums qui est le fil conducteur de ces trois tomes à travers Diarra est un concept qui m’a beaucoup plu. Il y a une forte symbolique de la parentalité – légèrement dysfonctionnelle ici – qui donne à réfléchir sur ce tournant où les enfants/élèves coupent le fil de l’éducation pour avancer et vivre par eux-mêmes. Quand on aime la fantasy qui explore l’imaginaire tout en traitant de thème qui résonne avec la réalité, on peut sans problème se lancer dans Nos jours brûlés.

Cette trilogie terminée, j’en garde un excellent moment de lecture. J’ai adoré passer du temps dans l’univers de Nos jours brûlés, et c’est une saga que je relirai avec plaisir.

Nos jours brûlés, Tome 1
Nos jours brûlés, Tome 2
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jeudi 19 octobre 2023

Nos jours brûlés, Tome 2 : Les Flammes ivoire de Laura Nsafou

Après avoir lu le premier tome de Nos jours brûlés je n'ai pas mis bien longtemps à me procurer le deuxième tome tant le début de cette trilogie m'a happée.



Quatrième de Couverture
« J'avais peut-être repris forme humaine, mais je ne comprenais pas pourquoi on m'avait ramenée dans un monde sans soleil. »

2051. Quand Elikia rouvre les yeux, comprend qu'elle est vivante et qu'il fait toujours désespérément noir, la colère la submerge. Cependant, son sacrifice pour ramener le Jour n'a pas été tout à fait vain : Diarra, la deum capable d'inverser le cours des mondes, est de retour. La quête du soleil prend avec elle une ampleur inédite. Pour se montrer à la hauteur du combat qui s'annonce, Elikia devra explorer l'étendue de ses nouveaux pouvoirs... car le dragon en elle n'attend qu'une chose : sortir.

Mon avis
Quand Elikia revient à elle, plusieurs mois se sont écoulés. L’épreuve du réveil de Diarra ne l’a pas tuée mais l’a métamorphosée et Yander a tout fait pour la retrouver. Lorsqu’elle reprend forme humaine, Elikia replonge dans une lutte qu’elle pensait avoir achevée. En rejoignant l’Ordre diaphane, Diarra, Yander et Elikia espèrent trouver des alliés. Si l’arrivée de la Prêtresse est synonyme d’espoir, celle d’une marquée génère surtout de la méfiance. Lorsque trois missions doivent se jouer en même temps, Elikia décide de poursuivre son chemin sans ses compagnons pour découvrir qui elle est devenue.

Ce tome marque une grande évolution d’Elikia. Sa forme de dragon a profondément marqué son être et ses interrogations constantes autour des efforts qu’elle doit fournir pour se maîtriser l’épuisent. Sous sa forme de dragon, elle se sentait libre et apaisée parce qu’elle n’avait pas à lutter contre sa nature. Le tome est construit autour de cette métaphore qui met en scène la lutte et le lâcher-prise dans une danse effrénée. Elikia oscille entre ces deux choix qui ne sont finalement que l’effet miroir l’un de l’autre : lâcher-prise et enfin se sentir « libre » tout en étant soumise à sa nature nocturne ou lutter contre l’emprise de Guddi mais aussi contre elle-même pour conserver son libre-arbitre.

Le récit s’articule autour de l’action mais aussi de l’introspection et s’étale sur une longue durée de temps où les ellipses sont nombreuses : ce choix temporel aurait pu être frustrant mais il permet de rendre l’évolution d’Elikia réaliste. Elle s’apprend seule, découvre l’amitié avec Swodena, ainsi que la perte et découvre aussi une détermination toute nouvelle. Après une longue période à vivre en communauté dans une proximité constante, Elikia retrouve une vie où elle passe de plus en plus de temps seule, où elle prend le temps de vivre à son rythme, à s’écouter mais, surtout, à s’apprécier.

Les Flammes ivoire est un tome qui prend la forme d’un voyage initiatique, ce qui n’est possible que grâce à son choix de se séparer de Yander et Diarra. Lors du premier tome, Elikia était l’élève de Yander, puis Diarra lui a donné de nouvelles clés au début du deuxième tome et, enfin, elle est entrée dans sa propre quête en poursuivant son chemin. En étant livrée à elle-même c’est son apprentissage qu’elle poursuit en découvrant qui elle est.

Si Laura Nsafou nous apporte de nouveaux éléments sur son univers ainsi que sur les mystères de la disparition du Soleil, c’est surtout sur Elikia qu’elle nous éclaire et sur les difficultés de s’accepter avec nos différences. Ce deuxième tome est tout aussi plaisant que le premier et me conforte dans l’idée que Nos jours brûlés est mon coup de cœur de l’année 2022.

Nos jours brûlés, Tome 1
Nos jours brûlés, Tome 3
Les avis des Accros & Mordus de Lecture