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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

mardi 13 avril 2021

Sorcery of Thorns de Margaret Rogerson

J’ai lu ce livre en novembre 2020 sans prendre de notes, il s’agit donc d’un avis express basé sur mes souvenirs.



Quatrième de Couverture
Elisabeth, élevée au milieu des dangereux grimoires magiques d'une des Grandes Bibliothèques d'Austermeer, le sait depuis son plus jeune âge. D'ailleurs, peu de temps après le passage à la bibliothèque du sorcier Nathaniel Thorn, un des ouvrages se transforme en monstre de cuir et d'encre, semant mort et destruction. Et c'est Elisabeth qui se retrouve accusée de l'avoir libéré. Forcée de comparaître devant la justice à la capitale, elle se retrouve prise au cœur d'une conspiration vieille de plusieurs siècles.
Bien malgré elle, elle n'a d'autre choix que de se tourner vers son ennemi Nathaniel, et son mystérieux serviteur, Silas.
Car ce ne sont pas seulement les Grandes Bibliothèques qui sont en danger, mais le monde entier... et face à ce terrible complot, Elisabeth va devoir remettre en question tout ce qu'elle croyait jusqu'ici, y compris sur elle-même.

Mon avis
Sorcery of Thorns nous propose un univers où les livres traitant de la magie ont leur propre potentiel magique : s’ils sont abîmés, ils se transforment en créatures féroces qu’il faut combattre pour ne pas qu’elle sème mort et désolation. Seulement, une fois vaincue, la créature disparaît tout comme le savoir qu’elle renfermait sous sa forme de livre. Plus la magie traitée dans le livre est puissante, plus le monstre qui va potentiellement en découler sera destructeur. L’univers fait donc la part belle aux livres qui sont animés d’une sorte de volonté propre, qui sont des personnages à part entière et qui jouent le rôle de fil conducteur de l’intrigue : tout ce qu’il faut pour séduire une amoureuse des livres telle que moi.

J’ai lu ce roman d’une traite, au cours d’un weekend, lovée au fond de mon canapé et ne pouvant le lâcher tellement j’ai été happée par l’enchaînement des événements de l’intrigue. Plus que l’intrigue, même, c’est l’univers créé qui m’a fascinée et c’est aussi le principal défaut du roman : on sent la richesse des idées de Margaret Rogerson et on regrette qu’elles ne soient pas plus approfondies. Mais c’est un choix de l’autrice et il n’empêche pas de lire avec avidité le roman. J’aurais aimé bien plus de détails sur l’univers, sur la sorcellerie, sur le fonctionnement de ce monde mais le livre est déjà suffisamment dense et je comprends parfaitement que cela n’aurait pas forcément été nécessaire à l’intrigue.

Elisabeth, notre héroïne, a grandi au milieu des livres de sa bibliothèque et elle a développé avec un lien fort, rappelant aux passionnés de lecture ce lien qui se crée avec nos ouvrages, ce fétichisme que nous avons avec ces amas de papier qui renferment bien plus que des pages et de l’encre. On se fond avec facilité dans l’amour qu’elle leur porte, la douceur avec laquelle elle les traite et c’est tout le point fort de ce roman : titiller le point faible des lecteurs en jouant avec leur passion.
Elisabeth incarne le sens du devoir non pas envers une institution mais envers ces livres qui font son monde, qui l’accompagnent depuis toujours et qui représentent à ses yeux une vraie famille. Elle oscille entre sa loyauté envers la bibliothèque pour laquelle elle a donné toute sa vie et la conviction qu’il y a quelque chose de sombre qui se prépare. N’ayant connu que l’ordre des bibliothèques, il lui faut énormément de courage pour s’extraire des dogmes qui ont dicté sa vie entière, braver les interdits et aller au-delà des codes parce qu’elle sent que c’est ce qu’elle doit faire. Une sorte d’apologie de la désobéissance civile pour servir une cause juste à ses yeux. Et c’est en côtoyant ce qu’on lui a enseigné comme étant le mal suprême qu’elle comprend pas à pas que le manichéisme ne sert en rien la réalité de la vie.

Et pour vaincre la vision binaire du bien contre le mal, le personnage de Silas est parfait. Sans trop en dire, essence même du mal, il nous pousse à nous questionner sur notre vision du monde et sur la notion de déterminisme. C’est le personnage qui m’a le plus fascinée, par ce qu’il représente, par son comportement inhumain (dans son sens littéral) et par sa pleine conscience de sa nature profonde. Réussir à décrire un tel personnage est un coup de maître.

Il y a de nombreuses facilités, la puissance de certains personnages semble être un moyen de résoudre facilement les péripéties semées à travers l’intrigue mais, dans l’ensemble, cela ne m’a pas posé de problème.

Sorcery of Thorns est un chouette roman, pas forcément inoubliable mais dont le côté page turner a su rendre ce weekend de lecture fabuleux. Il n’y a rien que j’aime le plus au monde que de lire avec avidité un livre, de ne pas pouvoir le lâcher tant que je n’ai pas tourné la dernière page. Ce n’est pas gage de qualité exceptionnelle pour mes lectures mais c’est finalement une qualité que je préfère à l’excellence d’une histoire. C’est un peu comme la musique : elle peut être banale mais si elle a le mérite de me faire bouger dès la première note, alors elle atteint son but.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

vendredi 9 avril 2021

Neverwhere de Neil Gaiman

J’ai lu Neverwhere de Neil Gaiman par une forte envie de me plonger dans du fantastique de bonne qualité (mon année 2020 a été marquée par des lectures qui n’étaient pas toutes rangées dans la catégorie de la lecture de grand cru) et je savais qu’en misant sur Gaiman j’avais de grandes chances de passer un bon moment.
J’ai pioché ce livre dans ma PàL fort ancienne (j’ai acheté ce livre en 2013 ou 2014 je crois) pour me concentrer aussi sur mon challenge de l’année qui est de lire au moins 15 livres achetés avant 2021.



Quatrième de Couverture
Richard Mayhew vit à Londres une vie sans histoire, travaille dans un bureau, s'apprête à se marier, lorsqu'il sauve la vie de Porte, une jeune fille qui a le don de savoir ouvrir tout ce qui peut s'ouvrir. Cet évènement fait basculer sa vie. Sa fiancée le quitte, ses proches ne le voient plus, sa vie semble n'avoir jamais existé.
Il découvre alors qu'il existe un Londres d'En Bas, souterrain, peuplé de mendiants qui parlent aux rats, et de toute une société féodale et magique. Il décide de suivre Porte à la recherche des assassins de son père, dans l'espoir de trouver un moyen de reprendre une vie normale.

Mon avis
Richard Mayhew mène une vie bien rangée à Londres où il fait pile ce que l’on attend de lui et suit une voie toute tracée : obtenir une promotion méritée, épouser sa fiancée qui gère au millimètre près tout ce qui touche à leur couple, préparer sa délocalisation en banlieue pour ensuite y élever leurs futurs enfants… Rien ne s’écarte du plan initial jusqu’au soir où Richard croise la route de Porte, une jeune femme à qui il sauve la vie en prenant pour la toute première fois de son existence un risque. Il se retrouve alors propulsé dans la face cachée du Londres d’en Bas où chaque personne y mettant les pieds se voit effacée de la vie « normale ».

Neverwhere m’a fait replonger dans le plaisir du fantastique, celui où je me suis laissé guider par l’auteur sans savoir vers quels confins Neil Gaiman souhaitait me guider et le tout avec un plaisir tout à fait avouable. Il m’avait manqué, ce genre littéraire qui nous entraîne dans un tourbillon de mystères et qui efface tous nos repères avec une facilité déconcertante !

Neil Gaiman dessine un univers londonien aussi fascinant que mystérieux qui se dévoile peu à peu tandis que l’on suit les pas de Richard, ce personnage qui colle parfaitement à l’adjectif « normal » et qui est aussi perdu que nous, lecteurs, tout au long de l’intrigue. Mais être perdu ne signifie pas que cela pose problème : Richard s’en accommode parfaitement et c’est aussi là tout le plaisir de cette lecture. On suit l’intrigue en ayant les mêmes repères que Richard, c’est-à-dire le peu d’informations qu’accepte de nous distiller l’auteur et c’est ainsi que l’on se retrouve complètement fondus dans le cheminement de Richard : tout est différent, perturbant, déroutant même et c’est un régal. L’état d’esprit de Richard devient le nôtre et les aventures qu’il subit plus qu’il ne vit nous entraînent sans la moindre anicroche dans cet univers incompréhensible. Et c’est là tout le génie de Neil Gaiman : nous faire accepter un univers dont il ne nous donne pas les clés, nous faire suivre le déroulement de l’intrigue sans qu’à aucun moment on ne soit gênés par cette impossibilité à comprendre tout ce qu’il se passe. Richard se laisse porter par la quête qui ne le concerne pas, il est ici par un mauvais coup du hasard et accepte le tout sans chercher à comprendre tout ce qu’il découvre : on fait exactement comme lui et c’est fichtrement agréable.

Cependant, se laisser porter par l’intrigue n’empêche pas Richard d’évoluer à pas de géant en très peu de temps. S’il apporte son aide à Porte et ses compagnons dans leur quête en espérant pouvoir à la fin retrouver sa vie bien rangée, il découvre à leur contact que la vie peut offrir bien plus qu’une simple voie toute tracée. Il se découvre, aussi, réalisant que le courage ne se résume pas à choisir la sinuosité mais plutôt à savoir l’affronter. Peut-on rejoindre à nouveau la ligne droite lorsqu’on a compris que la voie de l’aventure a peut-être plus de sens ?

Neverwhere est une histoire délicieusement écrite permettant de mettre en perspective le sens de la vie et la façon dont on choisit de la mener. Parce que c’est bien le choix qui importe, le jour où l’on se rend compte qu’on a le pouvoir de le faire.

Gaiman est définitivement devenu un auteur que je relirai avec plaisir. Je n’ai pas disserté sur le style, mais il est toujours aussi prenant, bourré d’humour et de descriptions délicieuses. Bref, un auteur qui intègre ma liste des gens à relire !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture