Quatrième de Couverture
Les pieuvres ont l’amour tentaculaire : qu’il soit contre nature ne diminue en rien l’intensité de leur passion. L’histoire que conte ce livre le prouvera à ceux qui, d’étape en étape, suivront les confessions de son héroïne au destin bouleversé par sa rencontre avec un jeune garçon. En la découvrant, celui-ci a eu la révélation d’une vocation qui le possédera pendant près d’un siècle : filmer ces créatures des mers aux mœurs inconnues. Muni d’une caméra, et n’écoutant que son instinct, il fera de son patient travail d’exploration scientifique une œuvre d’art que l’on contemple aujourd’hui, fasciné.
La pieuvre, peu à peu délaissée et décidée à se venger, narre l’étrange parcours d’un homme habité par sa mission mais qui, lorsque son heure sera venue, devra payer à la bête le prix de ses abandons.
Poétique, aquatique, fantastique, amoureux surtout, ce premier roman, inspiré de la vie d’un artiste aussi exceptionnel que méconnu, nous entraine dans les fonds mouvants du souvenir et restitue, par ses mots, les beautés et les tourments d’un homme sur le rivage du monde.
Mon avis
Marie Berne rend hommage à Jean Painlevé, réalisateur et biologiste français, qui a apporté un autre regard au documentaire scientifique. Inspirée par La pieuvre (1927) et Les amours de la pieuvre (1965), Marie Berne use d’anthropomorphisme pour se plonger dans les pensées d’une pieuvre folle amoureuse de celui qui la porte à l’écran avant de la délaisser au profit de nouvelles créatures.
L’exercice de style est superbe, la plume de l’autrice est envoûtante et subtile, douce puis violente. Le talent de Marie Berne tient dans son choix des mots, des tournures, des images qu’elle met en scène. Seulement, la lecture a été très oppressante pour moi. L’amour décrit est obsessionnel, étouffant, destructeur. La pieuvre aime le réalisateur, elle aime ce qu’elle devient sous sa caméra, l’image d’elle qu’il lui renvoie en la filmant. Mais elle finit par ne vivre que par ça, son aigreur et sa haine grandissant au fil du temps, au fil de l’éloignant du passionné qu’elle aime tant.
Toute la construction du texte autour de cet amour malsain est parfaite, tellement précise que j’ai eu besoin de pas mal de temps pour lire ce livre, ressentant le besoin de le poser pour avoir l’impression de respirer à nouveau. C’est une sensation étrange, fascinante d’une part mais épuisante d’une autre. J’ai apprécié le travail de Marie Berne tout en étant soulagée d’arriver au bout de ma lecture pour pouvoir relâcher toute la pression accumulée.
Le grand amour de la pieuvre représente pour moi l’histoire d’un amour malsain, un drame violent pour la pieuvre. L’angoisse qui m’a étreinte à la lecture reste l’empreinte finale que ce roman a laissée sur moi, oppressée par le décompte effectué par la pieuvre au fil des chapitres. Un superbe travail mais un livre à lire en sachant quoi s’attendre.
Je remercie Glory Book Box pour cette découverte, merci de me permettre de découvrir chaque fois de nouvelles autrices ♥
« Et si je me tenais sur ce fond sombre, je verrais sans doute la lumière de son corps ? Six jours encore. Chaque fois que je crois l’attraper, l’étreinte semble trop brève, il a la bougeotte. Pourvu qu’une autre ne l’ait pas entamé. Ce serait le néant dans mes cœurs de pieuvre esseulée. »
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