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mercredi 6 avril 2016

Le charme discret de l'intestin de Giulia Enders

Aussitôt acheté, aussitôt lu ! Ce livre est un bon gros coup de ♥ ! De la science vulgarisée avec justesse, de l'humour, de jolies illustrations : une magnifique histoire d'amour entre l'auteur et l'intestin.



Quatrième de Couverture
Surpoids, dépression, diabète, maladies de peau… et si tout se jouait dans l’intestin ?
Au fil des pages de son brillant ouvrage, Giulia Enders, jeune doctorante en médecine, plaide avec humour pour cet organe qu’on a tendance à négliger, voire à maltraiter. Après une visite guidée au sein de notre système digestif, elle présente, toujours de façon claire et captivante, les résultats des toutes dernières recherches sur le rôle du “deuxième cerveau’’ pour notre bien-être. C’est avec des arguments scientifiques qu’elle nous invite à changer de comportement alimentaire, à éviter certains médicaments ainsi qu’à appliquer quelques règles très concrètes en faveur d’une digestion réussie.
Irrésistiblement illustré par Jill Enders, la soeur de l’auteur, voici un livre qui nous réconcilie avec notre ventre.
Succès surprise, Le Charme discret de l’intestin s’est vendu à plus de un million d’exemplaires en Allemagne et sera publié dans une trentaine de pays.

Née en 1990, Giulia Enders, passionnée de gastroentérologie, finalise sa thèse à l'université de Francfort. Motivée par la guérison de sa grave maladie de peau grâce à un changement radical de son alimentation, la jeune femme se penche sur les études les plus récentes de ce domaine. Premier prix de la Nuit des sciences de Berlin, où les jeunes chercheurs communiquent de la façon la plus originale le résultat de leurs études, son intervention a eu un succès faramineux sur la Toile.
L’illustratrice Jill Enders, graphiste diplômée, participe dès le début au succès des travaux de sa soeur.


Mon avis
J’ai entendu parler de ce livre il y a plusieurs mois déjà et, dès le départ, il m’a appelée. Je suis ce qu’on pourrait appeler une « décomplexée du caca », je n’ai aucun problème à dire « Je vais faire caca ». Si on a le malheur de m’entendre à travers la porte, et bien tant pis. Et si on le dit « Mais ça ne nous intéresse pas, j’aime pas », c’est bien dommage : être décomplexée du caca, c’est le meilleur moyen de pouvoir aller au toilette quand on en a besoin sans que la tête bloque le processus parce qu’on sait qu’il y a un autre individu dans le coin. Et ça, croyez-moi, c’est magique : se foutre totalement de la finesse de la porte qui vous sépare de la foule permet de se sentir mieux. Surtout en cas de stage de terrain de plusieurs jours, en cohabitation avec ses camarades géologues. Pourquoi tout ce laïus ? Parce que, forcément, quand j’ai vu la façon dont Giulia Enders parlait de l’intestin, en insistant sur le fait qu’on ne devait pas avoir honte de notre système digestif, je me suis dit illico que c’était pour moi (et ce sera peut-être pour vous).


Le charme discret de l’intestin est souvent positionné dans les rayonnages consacrés à la diététique et aux régimes A TORT. Ici, Giulia Enders ne nous dit pas « donne ça à ton corps et tu auras ça », pas du tout : elle nous présente plutôt l’intégralité du système digestif, de la bouche à l’anus, en montrant par A + B que l’intestin est le centre, le cerveau même de notre digestion, et de bien plus encore. Le fonctionnement de nos organes est détaillé de manière très abordable et Giulia Enders effectue un véritable travail d’orfèvre en rendant donnant enfin ses lettres de noblesse à notre intestin : elle sublime cet organe qu’elle aime, qu’elle chérit et qu’elle veut faire briller.
Appuyé sur des publications récentes (dont les sources sont citées en fin d’ouvrage), son travail aborde beaucoup de phénomènes de « mode » comme les intolérances au gluten et au lactose : Giulia Enders explique ce qu’il se passe réellement dans notre intestin et donne des pistes pour s’adapter. Mais uniquement des pistes. Parce que là est toute la différence avec les ouvrages sur la digestion, et plus généralement l’alimentation, qu’on trouve actuellement : la doctorante ne nous dit pas quoi faire, elle nous explique les causes, nous propose différentes solutions mais nous met constamment en garde contre les idées reçues, les régimes radicaux (surtout sans raison valable) et les fausses solutions.
Le but de Giulia Enders n’est pas de nous proposer un autre mode de vie, non, elle cherche juste à nous présenter ce système digestif qui fonctionne à plein régime dans notre corps et les bactéries avec lesquelles nous cohabitons depuis notre naissance. Elle nous aide à apprendre à nous connaître et à nous réconcilier avec cet organe « disgracieux » qu’est l’intestin, organe qui pourtant est plus propre que nos mains ou le sol que nous foulons chaque jour car en totale adéquation avec nous-même.

Le charme discret de l’intestin se lit comme un roman, agrémenté de quelques illustrations mignonnes et efficaces. Le contenu est abordable par chacun et tout est si bien expliqué que rien n’est incompréhensible. L’écriture de l’auteur est parfaitement adaptée à l’esprit de ce livre : phrases précises et imagées à la fois, humour détonnant, descriptions amoureuses de l’intestin et de ce qui l’entoure, exemples qui parlent à tous les lecteurs… Vraiment, lire ce livre est un pur régal et cela va vite, à part peut-être la dernière partie qui aborde les bactéries et qui, sans être lourde pour un sou, est moins légère que les deux premières parties.

L’humour est vraiment la clé de ce livre, un moyen de faire plaisir à ceux qui, comme moi, n’ont pas de problèmes avec leur système digestif et de détendre doucement les lecteurs qui ont plus de mal à aborder cet aspect de leur corps. Juste pour le plaisir :

Conclusion n° 1 : c'est vrai, en position accroupie, le canal intestinal est droit comme une autoroute et tout ce qui y circule va droit au but. Conclusion n° 2 : il y a des gens sympas qui avalent des substances fluorescentes et se font radiographier pendant qu'ils font caca, tout ça our servir la science. Deux résultats qui, à mon avis, ne devraient laisser personne indifférent. (p30)

Et gros gros plus pour « Le carnet scatologique » qui détaille tous les cacas, de la couleur à la consistance. Forcément, c’était pour moi !

Il est aussi agréable de voir de la remise en cause dans un texte de vulgarisation : plusieurs fois, Giulia Enders insiste sur le fait que certaines études ont encore besoin d’être validées, que la recherche a encore beaucoup à faire. Même en s’adressant à un public qui n’a pas le bagage pour savoir démêler le vrai du faux, la doctorante reste franche et ne joue pas le jeu de certains scientifiques qui tiennent pour acquis des résultats qui ne le sont pas toujours. Je ne peux que louer son attitude.
Des hypothèses très intéressantes reliant notre intestin à notre état psychologique sont amenées dans ce livre et elles offrent des pistes de recherche sur le sujet, notamment à travers les bactéries. Il est possible que certaines bactéries présentes dans notre système digestif soient capables d’influencer notre mental : si elles raffolent d’un mets, elles pourraient nous pousser à le consommer sans que nous nous en rendions compte, persuadés que c’est son goût qui nous fait y revenir. De même, des études menées sur les taxoplasmes montrent que ces parasites pourraient nous pousser à avoir des comportements extrêmes, comme des rats qui, défiant leur instinct de survie, resteraient à proximité de l’urine de chat car les taxoplasmes de leur organisme feraient en sortent de pénétrer dans le système disgestif d’un chat, palace suprême pour eux, en passant par la voie royale.
Bref, ce livre regorge d’informations plus intéressantes les unes que les autres et nous montre à quel point sous-estimer notre « deuxième cerveau » est bien dommage.

J’ai pris énormément de plaisir à lire cet ouvrage, à en découvrir plus sur mon intestin et ses à-côtés, à comprendre que notre système digestif a une influence directe sur notre esprit. Giulia Enders a réussi à me transmettre son amour de l’intestin et je vais, à mon tour, tout faire pour passer le relai. Libérer la parole sur l’intestin et ce qui en découle n’est pas facile mais c’est passionnant et ça peut avoir des effets tellement libérateurs que je ne peux que vous conseiller, au minimum, de ne pas chercher à renier cette partie de notre corps avec laquelle vivre en harmonie est essentiel pour se sentir mieux. Et, je vous l’assure, être décomplexé du caca est une expérience qui fait du bien !

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