Quatrième de Couverture
La légende dit que ceux qui vont à Zagarand n’en reviennent pas. C’est là que se rend Paul, dévasté par la perte de son fils, lorsqu’une lettre de sa sœur Mathilde l’invite à la rejoindre dans cette oasis du bout du monde. À Zagarand, la vie obéit à d’autres lois que celles qu’il connaît. À Zagarand, la nature et l’humain guident les femmes et les hommes qui ont fait le choix d’y vivre. Altérité, responsabilité et amour y sont les maîtres mots. Quelles légendes ont forgé cette utopie ? Avec Mathilde, Mayssa, Elias ou Amiane, des gestes simples, des rituels nouveaux, de puissantes émotions vont bouleverser les certitudes de Paul et lui permettre de réapprendre à vivre.
Mon avis
Paul vient de perdre son fils. Un père ne devrait pas enterrer son enfant, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Sur l’invitation de sa sœur Mathilde, Paul va entamer un voyage pour la rejoindre à Zagarand, lieu mystérieux au milieu du désert dont il est dit qu’on ne revient jamais. Ce périple va lui permettre de vivre une aventure bien plus profonde que ce qu’il imaginait.
Les Jardins de Zagarand d’Eric de Kermel fait clairement penser à l’univers de Paulo Coelho à travers sa forme de récit initiatique avec une pointe de conte philosophique. On y retrouve l’élément déclencheur avec la perte de sens, la quête d’une lueur d’espoir, la suspension du temps avec le retour à l’essentiel, la recherche du but de l’existence… Et la comparaison s’arrête ici pour moi : si Coelho réussit à me toucher, ça n’a pas été le cas avec De Kermel.
Zagarand est une cité où chacun peut trouver sa place et son rôle en se laissant aller non pas au but choisi mais au cheminement qui y mène. C’est l’énième illustration de la maxime « Ce n’est pas la destination qui importe mais le voyage qui y mène » qui est souvent traitée dans ce genre littéraire. On y apprend l’humilité, le retour aux essentiels ainsi que la communion avec la nature. On est amené à y redécouvrir le vrai sens des relations aux autres mais aussi à soi. En somme, Zagarand est un beau village utopique qui sert de décors aux messages transmis par l’auteur.
Eric De Kermel écrit bien, ses images sont poétiques, ses messages résonnent avec les préoccupations actuelles qui nous étreignent. Seulement, ses mots ne m’ont pas touchée. Je suis passée à côté de ce livre et, en relisant les passages que j’ai soulignés, je pense que c’est parce que ses belles phrases m’ont paru mécaniques, construites pour générer des émotions et non avec émotion. Ce n’est sûrement pas le cas à l’origine mais c’est ce que j’ai ressenti.
Ce manque de réaction à la lecture est sûrement aussi dû aux personnages qui ne m’ont pas touchée du tout. Le héros ainsi que les autres personnages dont il croise la route m’ont semblé vides d’émotions. Leur flegme m’a plutôt amené à les imaginer comme englué dans une vie plate où la passion n’existe pas, jusqu’à avoir l’impression de voir évoluer des êtres lobotomisés. Zagarand est censé être un lieu où les gens vivent heureux, de manière apaisée non pas parce qu’ils n’ont plus de problèmes mais parce qu’ils ont appris à les surmonter et, pourtant, j’ai eu l’impression d’être face à un village de personnes sans âme. En fait, j’ai eu une sensation d’utopie type Le meilleur des mondes de Huxley alors que je sais que ce n’était clairement pas le but de l’ouvrage : les personnages me semblaient anesthésiés là où ils auraient dû me fasciner.
Et, finalement, intrigue comme personnages ont ce travers : l’auteur a essayé d’implanter dans ses lecteurs exactement ce qu’il voulait qu’on ressente et il n’a pas laissé la place à la pluralité du lectorat, ce qui donne cette impression d’absence d’âme.
« Lorsque nous écrivons, les vagues déposent nos émotions sur la grève tels ces minuscules coquillages qui se mélangent au sable. Auparavant, ils flottaient et roulaient dans nos esprits et voilà que leur course s’achève enfin. »
Eric de Kermel pose son image et l’explique à outrance, imposant sa vision, son but et il ne nous laisse pas de place. C’est un choix stylistique qui se vaut mais qui ne fonctionne pas sur moi. Cette lourdeur a étouffé la moindre petite émotion que j’aurais pu ressentir : si j’aime quand on me guide dans certains ouvrages, ce n’est pas le cas avec les récits initiatiques dont le but est normalement de permettre à l’individualité du lecteur de choisir ce qu’il veut en garder. Ici, tout ce qu’on m’a laissé c’est l’image de hippies défoncés qui ont le luxe de quitter leurs responsabilités même si je reste persuadée que ce n’est pas le but du roman.
Les Jardins de Zagarand est un beau livre, au cœur duquel on retrouve de douces illustrations de Valentine Plessy mais qui n’a pas su venir jusqu’à moi. Il a tout de même su atteindre d’autres lecteurs alors, si ça vous tente, allez-y.
« J’aime l’Izir qui ne fait pas comme tout le monde. J’aime l’idée d’un fleuve qui fait un court passage sur terre et se fait oublier sans lutter avec le désert où il s’unit à la terre. »
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