Dernières chroniques

Bienvenue

Bienvenue !


Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

samedi 26 janvier 2019

Histoire naturelle des morts et autres nouvelles d'Ernest Hemingway





Quatrième de Couverture
Qu'il décrive les morts sur les champs de bataille avec la précision glaçante d'un entomologiste, qu'il s'inspire de ses propres expériences pour raconter comment elle peut briser un homme ou qu'il mette en scène des soldats sur le point d'être démobilisés, Hemingway se livre à une dénonciation magistrale.

Cinq nouvelles d'une grande force pour témoigner des atrocités de la guerre et de ses traumatismes indélébiles.

Mon avis
Histoire naturelle des morts, et autres nouvelles d’Ernest Hemingway est une plongée intense et violente dans la réalité de la guerre et de ses conséquences. Hemingway a vécu la guerre, il s’est retrouvé au milieu de cette terrible effervescence et son vécu se ressent à travers ces cinq nouvelles qui transpirent le réalisme.

Dès les premières pages, la nouvelle Histoire naturelle des morts rappelle l’engagement d’Hemingway comme ambulancier lors de la première guerre mondiale : il y décrit des scènes macabres, des corps en décomposition, hommes comme animaux, et insiste sur le fait qu’on ne distingue plus les camps une fois que la mort a frappé. Chair à canon ils étaient, chair en lambeaux sans visage ou identité ils terminaient. Décrivant scientifiquement la mort, son visage, son odeur aussi, Hemingway rappelle que chacun reste un homme avant tout, un homme qui ne représente que peu de choses aux yeux de ceux qui dirigent les guerres d’en-haut.

Un soldat chez lui montre à quel point les hommes ayant survécu ont été transformés, à quel point les futilités de la vie peuvent les ennuyer mais, surtout, que tout ce qu’ils recherchent ensuite c’est la paix. Une paix intérieure qu’ils peinent à trouver tant ils ont vécu d’horreur et tant les tracas du quotidien les dépassent, les marginalisant finalement dans leurs réactions. C’est le dur retour à la réalité simple après une réalité d’horreurs qui préoccupe le lecteur dans cette nouvelle.

Dans un autre pays aborde les blessures physiques mais, surtout les blessures de l’âme. Lui-même blessé lors de la guerre, Hemingway aborde avec gravité cet aspect de la guerre, les conséquences physiques et morales. C’est la perte qui est au cœur de cette nouvelle, la perte de son corps, de son passé ou de ses proches.

Simple enquête aborde un aspect peu abordé dans la littérature sur la guerre : la sexualité lorsque l’on passe des mois voire des années au front, lorsque les hommes vivent entre eux et ne voient que peu de femmes… Où les hauts-gradés proposent à leurs subalternes de satisfaire leurs besoins contre une protection. Un point que je n’avais jamais lu quelque part, qui ne faisait sûrement pas du bien à l’image de héros de ces hommes si c’était abordé.

Enfin, Ça ne risque pas de vous arriver est plus floue, plus étrange aussi. On comprend peu à peu que le personnage principal déraille, divague. On découvre jusqu’à quel point l’esprit peut être touché, que ce soit par traumatisme ou par blessure. Aussi perdu que le personnage, on termine notre aventure d’un coup tout en gardant un goût de cette guerre qui met du temps à s’effacer.

Dans un style qui nous jette sans préparation dans l’horreur de la guerre, Ernest Hemingway livre un certain témoignage de son vécu à travers ces cinq nouvelles fictives. Le format ne nous laisse pas le temps de nous attacher aux personnages, il nous permet juste de sauter les deux pieds en avant dans le tas, sans préambule, puis de passer d’une nouvelle à l’autre sans répit. Comme la guerre, d’une bataille à l’autre, d’horreur en horreur.
Malgré le format court, la lecture a été assez dense, tendue et même complexe : il ne m’a pas été évident de m’y plonger d’un coup mais j’ai su apprécier tout ce que ce recueil pouvait m’offrir. Cependant, il vaut mieux savoir à quoi s’attendre si on est sensible aux descriptions de cadavres.

Fun fact : Hemingway est né à Oak Park, dans l'Illinois (banlieue de Chicago, aux USA), chose que j'avais oubliée alors que j'ai passé 10 jours à Oak Park il y a 10 ans, lors d'un échange et qu'on nous avait fait la liste de toutes les personnalités ayant marqué la ville (comme l'architecte Frank Lloyd Wright qui, s'il n'y était pas né, avait laissé son empreinte architecturale spectaculaire dans la ville (et ça, je ne l'avais pas oublié)). Bref, je peux me la péter en disant que j'ai réellement marché sur les traces d'Hemingway (mais le lycée où j'ai été avait l'air trop récent pour avoir été le sien

« Jusqu'à leur mise en terre, les morts changent d'aspect tous les jours. Les Caucasiens passent du blanc au jaune, au jaune-vert, puis au noir. Si la chair séjourne assez longtemps à la chaleur, elle prend la couleur du goudron, tout spécialement autour des blessures, avec des reflets irisés bien visibles. Tous les jours, les cadavres enflent et deviennent trop gros pour leur uniforme qui se tend sur les corps soufflés et menace de craquer. Les membres peuvent augmenter de volume dans des proportions incroyables et les visages se transforment en boules rondes et tendues comme des ballons. » Nouvelle Histoire naturelle des morts.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire