Editions pocket, juin 2004, 444 pages.
Quatrième de Couverture
1531. La vengeance des femmes-loups n'a pu être accomplie, mais leur vie a retrouvé normalité et gaieté. À Paris, Isabeau est devenue lingère du roi François Ier, qui apprécie sa compagnie. L'ancienne petite sauvageonne d'Auvergne gère de main de maître une boutique où les plus belles soieries de la Cour sont taillées et brodées. A ses côtés virevolte sa petite-fille, Marie, une adolescente rieuse et insolente, adorée à la Cour des Miracles où elle a longtemps vécu cachée. Avec son ami d'enfance, le jeune Constant, fils du nain Croquemitaine, elle ne cesse de provoquer la police du roi. Pourtant, un jour de printemps, cette nouvelle vie bien ordonnée bascule. Un chargé de justice vient d'être nommé à Paris, et celui-ci n'est autre que François de Chazeron. Il est venu les traquer...
Mon avis
Le bal des louves, cette histoire de femmes d’une même famille unies par une malédiction qui les touche, unies par leurs malheurs et ces erreurs qu’elles répètent inlassablement, touche à sa fin avec ce second tome. On avait laissé les louves après l’échec de leur plan de vengeance, on les retrouve quelques années après, alors qu’elles pensent avoir retrouvé une vie paisible.
J’avais été fascinée par le premier tome du bal des louves, par l’histoire de ces femmes, leur courage, leurs convictions, leur malédiction. Ce second tome reprend l’histoire où on l’avait laissée tout en rajoutant maintes informations qui, si elles ne nous auraient pas manqué, restent finalement très importantes et surtout intéressantes. Le premier tome mettait Albérie au premier plan, la sœur d’Isabeau, la main qui mettait tout en œuvre pour venger sa sœur meurtrie. Le second tome met Marie en avant, la petite-fille d’Isabeau, cette jeune fille dotée d’un caractère fort et de tous les aspects de cette famille de louves qui font d’elle une créature fascinante.
Je me suis une nouvelle fois laissé emporter par la plume de Mireille Calmel. Elle a un véritable don pour transmettre les émotions de ses personnages, pour décrire les ambiances des scènes qu’elle nous offre. Le vocabulaire d’époque s’écoule naturellement sous sa plume et nous plonge dans l’histoire sans problème. J’avais déjà apprécié cet aspect dans le premier tome, je m’en suis délectée dans le second. Les dialogues sont vivants et jamais je n’ai eu de mal à me faire aux expressions passées.
L’important travail de recherches fait en amont du livre se ressent à chaque page : l’histoire de France est intimement liée à celle de ces femmes, les références sont nombreuses et permettent de rendre le récit plus vrai. On pourrait presque croire que ce livre ne raconte pas une fiction mais retranscrit des faits réels. Les personnages tels que Nostradamus, le roi François premier, Catherine de Medicis, les nobles… Toutes ces figures historiques apportent une profondeur agréable au récit et nous permettent de rêver sans peine.
J’ai été touchée par les personnages, j’ai ressenti chacune de leurs peines, de leurs souffrances. Albérie m’a cependant énormément manqué. Elle m’avait profondément marquée dans le premier tome et je regrette de ne pas avoir pu me plonger une fois encore dans ses pensées, dans ses actes. Si Marie est un personnage que j’ai aimé voir évoluer, elle n’a pas su prendre la place d’Albérie dans mon cœur que j’ai trouvée bien trop effacée. La particularité des personnages de Mireille Calmel tient dans leur réalisme selon moi : aucun de ses personnages n’est tout blanc ou tout noir ou presque. Seul Chazeron a cet aspect de personnage irrécupérable mais dans sa perversion, on trouve toujours des nuances plus accentuées encore, chose rare dans les romans de nos jours, où il semble plus simple pour un auteur d’éviter de donner du relief à ses personnages néfastes.
Revoir Isabeau a été un véritable plaisir, une déchirure aussi. Si elle ne tient pas le rôle le plus important dans le livre, on revit tout de même ses vieilles souffrances, ses désillusions et surtout, son acceptation finale. L’ultime révélation la concernant est d’ailleurs une surprise mais elle prend tout son sens une fois mise à jour. Tous les indices semés au fil des deux tomes se révèlent alors et on comprend. Constant aussi m’a touchée par ses actes de désespoirs, ses actes de torture pour soulager ses propres blessures. On ne suit pas directement son évolution, on ne voit que les paliers ce qui rajoute de l’intérêt au personnage au final puisqu’on ne sait pas ce qu’il ressent et on cherche à en apprendre plus à son sujet.
Les personnages, baignés dans cette histoire prenante, donnent une saga de grande qualité. Les erreurs répétées des femmes louves, l’héritage de sang qu’elles se transmettent, ce cycle qui semble sans fin… On se prend de passion pour ces femmes dans le premier tome, une passion qui atteint sans difficulté son apogée durant le second tome. Je n’ai pu me détacher de l’histoire une fois avoir plongé dans l’action et ce ne fut qu’un pur moment d’émotion. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas été touchée ainsi et cela fait du bien. Je peux même dire que j’ai retrouvé ce pourquoi j’aime lire, pourquoi j’aime découvrir sans cesse de nouveaux personnages : pour toutes ces émotions que j’ai pu ressentir.
Une sage qui prend aux tripes !
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