Quatrième de Couverture
24 heures pour la fin d’un monde, pour la fin d’une vie. Celle d’une jeune droguée. La drogue n’est pas un élément réellement essentiel. Le roman se concentre plus sur ses relations avec ses proches, le monde extérieur et «les autres» en général. Une série de flash-back avec pour fil rouge une lutte incessante entre plume et drogue. Voici les dernières heures d’une vie, d’un monde, d’un elle. L’histoire d’un combat entre mots et stupéfiants.
Et les images comme les secondes continuaient à s’égrainer alors son stylo continuait de glisser sur le papier, de lutter avec ses larmes et ses souvenirs. Elle traçait sa vie sur le blanc pur et vierge d’une feuille qui n’avait rien demandé.
« La tempête avait cessé. Pour laisser place à une plaie béante, sanglante... Ma vie n’était restée qu’un tas de cendres sur le parvis d’une église, un trou énorme dans un monde qui s’en foutait.[…]»
Mon avis
Elle, notre héroïne tragique, est une jeune femme perdue et en 24 heures, elle revit son parcours ou plutôt sa descente aux enfers et tente une dernière fois de coucher ses mots sur le papier. Ces derniers mots sont son dernier espoir, un dernier espoir qui s'égraine comme ses dernières heures...
La particularité de la maison d'édition Chloé des Lys est qu'il s'agit d'une maison composée de bénévoles qui publie des livres à compte d'éditeur. Les couvertures sont choisies par les auteurs qui sont aussi le plus souvent chargés de la mise en forme de leurs textes ce qui donne un livre dont la qualité de fabrication n'est pas toujours présente. L'écriture de la première et de la quatrième de couverture est floue, pas très bien assortie avec l'illustration et, il faut le dire, le rendu final n'est pas avantageux pour le roman. Le logo de la maison, le prix et le code barre sont faits de gros pixels visibles et cela gâche toute la partie visuelle du livre. Les différentes polices manquent un peu de sobriété et d'harmonie, on trouve aussi quelques fautes dans le texte et j'ai trouvé l'organisation en paragraphe plutôt mal agencée. Beaucoup de sauts de lignes et même un trop grand espace entre deux mots. La mise en page du livre n'est pas du tout le point fort de l'oeuvre.
J'ai préféré commencer par le gros point négatif pour adoucir le reste de ma chronique parce qu'il faut le dire, j'ai apprécié ma lecture. Emilie Decamp écrit bien mais surtout avec efficacité. Tout au long de son écrit, elle sait transmettre tout un tas d'émotions au lecteur. Elle joue avec les différents styles, on évolue entre narration, écrits du personnage, poésie et style épistolaire et cela donne un rythme plutôt agréable au récit. Sans nommer son héroïne, l’auteur réussit à ne pas ennuyer son lecteur avec des répétitions comme "elle" et c'est appréciable.
Son héroïne justement, est une jeune femme enfermée dans un monde de souffrance, dans un monde où les stéréotypes n'ont fait que l'enfoncer encore et encore, où le rejet de ce qu'elle est finit par la détruire pour de bon. Elle essaie d'être forte mais elle reste une enfant à qui il manque énormément d'amour, un amour qu'elle ne fait au final que chercher et qu'elle ne trouve pas. Vivre, d'accord, mais dans quel but ? C'est une question que chacun se pose, une question que je me suis déjà posée sans pour autant être dans une situation de désespoir profond tout simplement parce que c'est une question existentielle universelle. Pourquoi vivre ? Biologiquement, pour préserver l'espèce mais au-delà de ça, pourquoi vivre en tant qu'individu capable de penser et d'agir ? La réponse est simple, vivre pour soi parce qu'il y a les autres pour nous faire vivre, évoluer, grandir. Sauf qu'Elle n'a personne à qui parler, à qui se confier, personne à aimer. Dans ce cas-là, comment faire pour continuer ? Elle, elle choisit la drogue et n'est pas assez forte pour s'en sortir parce qu'elle est seule. Elle est touchante, elle m'a bouleversée.
L'histoire dénonce la condition de ces gens qui n'ont personne et qui sont de plus en plus marginalisés par notre société. La famille de l’héroïne lui tourne le dos, des amis, elle n'en a plus et les spécialistes de la drogue ne font rien pour l'aider car ils ne sont pas capables de comprendre que la seule chose dont elle a besoin c'est d'une main tendue. C'est en 24 heures qu'elle fait le bilan de sa vie, qu'elle revoit ses tentatives de survie, ses remontées à la surface pour essayer de prendre un bol d'air mais où, à chaque fois, une personne lui a remis la tête sous l'eau. Elle a essayé mais n'a pas eu le coup de pouce dont elle avait besoin à chaque fois. Sauf peut-être à un moment où malheureusement, elle n'y croyait plus suffisamment. Cette histoire donne à réfléchir sur le regard que l'on porte à l'autre, sur notre façon de stigmatiser les gens et de juger sans savoir, sur le manque de solidarité chronique qui se fait sentir à notre époque.
Faire le bilan d'une vie sur 24 heures, c'est court mais s'il n'y a pas grand-chose à dire, c'est surtout triste, voilà le bilan de cette histoire. J'ai accroché au récit, au style (même si la forme laisse malheureusement à désirer) mais j'ai trouvé ça un peu court : ma lecture a été rapide et il manque à mon goût un peu plus de détails sur les 24 heures et l'état d'esprit de l'héroïne. Toute son histoire passée est développée et j'aurais aimé retrouver plus de profondeur sur ces 24 heures du présent. Le bilan sombre sur l'histoire de cette fille et sur l’Humanité en général ne m'a pas déplu, au contraire. J'aime beaucoup les visions tout en noir et les fins qui laissent un goût amer en bouche quand on se dit "et si... ?" et j'ai été séduite. C'est à mon avis une question de goût parce qu'un livre aussi sombre ne peut pas plaire à tout le monde : il faut avoir envie de lire quelque chose de dur, qui se solde par un échec. Certains aiment se servir de la lecture pour voir la vie d'un meilleur côté mais personnellement, je préfère lire pour tout ce que la littérature peut offrir à savoir de l'imaginaire, de la réalité pure et dure, de la légèreté, de la profondeur... C'est donc un livre que je conseille à ceux qui aiment le réalisme ou tout ce qui touche au drame ainsi qu’à ceux qui ont envie d'une histoire qui ne se finit pas forcément bien. Emilie Decamp est assurément une jeune auteur à suivre.
Un livre positif pour une histoire pessimiste...
Je suis passée un peu par hasard par ici, et je te remercie pour cette critique plus que constructive.
RépondreSupprimerJe prends bonne note du côté technique beaucoup moins réussi et j'essayerai d'améliorer ma prochaine couverture.
Est-ce que tu me permets de mettre cette critique sur mon site (www.emiliedecamp.com) avec ton nom et un lien vers ton site, évidemment ?
Bonjour, merci beaucoup pour votre passage sur mon blog.
SupprimerVous pouvez bien sûr vous servir de ma chronique à votre guise, ce n'est pas du tout un problème pour moi.
J'ai réellement apprécié ma lecture et je vais sûrement succomber dès la rentrée à un autre de vos romans.
C'est marrant ! Je n'ai pas lu ta chronique avant de faire la mienne (j'ai toujours peur d'être influencée !) mais j'ai commencé aussi par les défauts concernant la couverture qui sont, à mon avis, un gros tort pour ce magnifique livre !
RépondreSupprimerMerci d'avoir organisé ce tour !
C'est le problème de cette maison d'édition, la qualité d'impression =)
SupprimerHaha en voyant vos commentaires, je vois que c'était exactement la même chose pour moi!
RépondreSupprimerAurélie, je serais ravie qu'on compare nos avis pour d'autres livres... Pour le moment, je lis principalement en anglais, mais dès que j'aurai déménagé et que je serai bien installée début septembre, je devrais avoir de nouveau plus de temps à consacrer au forum, à mon blog et à mes lectures francophones ;)