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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

samedi 11 novembre 2023

Lance-pierre de Mercedes Helnwein

Lance-pierre de Mercedes Helnwein a terminé dans ma PàL grâce à ma passion pour l’achat de livres d’occasion : un moyen d’acheter sur un coup de tête des livres au pif et de faire de belles découvertes. Ici, ça a fait mouche !



Quatrième de Couverture
À quinze ans, Grace Welles s’est résignée à sa solitude de fille singulière dans un pensionnat de seconde zone perdu au fin fond de la Floride. Son père vit en Californie, où il a une famille légitime, et sa mère vit... sur une autre planète peuplée de licornes. Tout bascule cependant le jour où Grace sauve un nouvel élève de sa classe sur le point de se faire tabasser : d’un seul tir de son lance-pierre, elle fait exploser pour toujours la monotonie de sa vie d’adolescente. Grâce à ce Wade Scholfield qu’elle n’a pas vu venir, sa vie ne sera plus jamais la même.

Avec lui, Grace découvre qu’une autre existence est possible, où les règles du lycée ne sont pas si tragiques et où une simple conversation sur les tunnels spatio-temporels peut conduire à des baisers passionnés capables de mâter son cerveau toujours en ébullition. Alors, pourquoi diable se retrouve-t-elle à briser en mille morceaux le cœur de Wade ? Et que peut-elle faire en comprenant enfin que l’univers ne tourne pas autour d’elle et que, sous ses airs désinvoltes, Wade cache un lourd secret ? Se pourrait-il qu’elle soit finalement la seule à pouvoir l’aider ?

Ce récit acide et sensible raconte avec justesse et sensibilité l’histoire de deux êtres qui se trouvent et se déchirent, puis grandissent. Le portait d’un premier amour flamboyant sur fond d’amitié, de poésie, de bouillonnement hormonal et de fous rires.

Mon avis
Grace est une adolescente dont les préoccupations semblent à des lieux de celles de ses camarades : garçon, vêtements, ragots, popularité… Tout cela ne l’intéresse pas. Elle préfère capter l’attention de son professeur préféré, se repaître de ses pensées torturés à travers ses poèmes et écouter les Smashing Pumpkins. Puis elle rencontre Wade qu’elle ne réussit pas à effrayer comme les autres jeunes de son lycée. Pire, il s’intéresse à elle et la perce rapidement à jour, lui faisant ressentir de toutes nouvelles émotions. Mais il n’est pas facile de composer avec les premiers émois adolescents, surtout quand on le moindre faux pas peut se transformer en chaos émotionnel sans nom.

Lance-pierre est un roman qui m’a frappée sans que je m’y attende. Il fait partie de ces livres où les personnages adolescents sont écrits avec une telle justesse qu’ils nous touchent en plein cœur. Ce roman est l’incarnation de tout ce que j’aime dans les œuvres qui traitent de l’adolescence avec talent : retranscrire sans fausse note la tempête d’émotions qui touche les jeunes lorsqu’ils se découvrent à travers le regard des autres. Lance-pierre est un roman frétillant d’émotions, c’est l’adolescence à l’état brut, ça pique les yeux et l’âme.

Grace découvre progressivement qu’elle n’est pas si différente de ses camarades et que ça ne lui enlève aucune profondeur. Marquée par l’histoire particulière de ses parents, elle a simplement érigé des barrières autour d’elle pour ne pas ressembler à sa mère qui est l’autre femme, qui semble être en suspend toutes les périodes où elle attend que l’homme de sa vie trouve une ouverture pour les rejoindre un trop court instant.

« L’adrénaline me réconfortait. Ou peut-être était-ce la certitude de n’avoir rien à perdre. Quand les gens essayaient d’être sympas, alors j’avais tout à perdre ; quand dès le départ c’étaient des connards, je ne risquais pas d’aggraver la situation. Ça signifiait moins de pression et beaucoup plus de liberté. »

Lorsque Wade vient fracasser ses barrières, Grace commence à perdre pied. Avoir quelque chose à perdre est tout ce qu’elle a cherché à fuir durant sa vie.

Grace grandit dans son rapport aux autres. Elle les découvre, les laisse entrer dans sa vie et apprend à composer avec toutes ces nouvelles émotions qui l’assaillent. Mercedes Helnwein nous montre que chacun est différent et semblable à la fois : certains se démarquent par leurs goûts, leur attitude, leurs choix mais, au fond, ce n’est pas ça qui nous différencie les uns des autres. Le simple fait d’exister fait de nous une espèce plurielle et c’est une des thématiques de ce roman. Grace se sent différente et voit ses camarades faire partie d’un même moule. Pourtant, en s’intéressant et se liant à eux, elle comprend que chacun est différent à sa façon.

Lance-pierre c’est apprendre à gérer ses émotions face à des personnes qui se débattent aussi avec les leurs. C’est grandir, c’est comprendre que les interactions avec les autres sont complexes. C’est accepter de prendre des risques pour vivre et se lier aux autres. C’est comprendre que perdre fait partie du jeu, un jeu qui en vaut souvent la chandelle. C’est user de la capacité des adolescents à ressentir pleinement les émotions souvent trop fortes pour illustrer la dureté du rapport aux autres mais sa nécessité vitale. Un roman touchant, déchirant et magnifique de justesse.

« La vérité, c’est que j’aimais trop Wade pour envisager un seul instant d’être amoureuse de lui. Ou peut-être que c’était au-delà de ça. Peut-être qu’en fait j’avais besoin de lui. Parce qu’il faisait de moi le centre de son univers quand il m’écoutait parler, et parce qu’il me laissait profiter à fond de son énergie et de son imagination colossales. Certains jours, j’avais l’impression de le dépouiller, de lui prendre tout ce que je pouvais pour aller m’en repaître tranquillement dans ma chambre. Je me disais que ça marchait peut-être dans les deux sens. Qu’il se sentait bien grâce à moi comme je me sentais bien grâce à lui, mais je ne comprenais pas vraiment ce que j’avais à lui apporter. Au fond, j’étais persuadée de posséder des pouvoirs occultes qui l’aveuglaient et le liaient à moi malgré lui. C’était la seule explication possible. Et alors ? Je n’avais aucune intention d’annuler un sort que j’avais jeté par accident. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

jeudi 9 novembre 2023

Les héritiers de Salem, Tome 2 : Le fils oublié de Salem d'Emilie Bonnet

Le premier tome de la saga d’Emilie Bonnet Les héritiers de Salem avait su piquer ma curiosité : je n’avais pas adhéré aux personnages qui étaient trop simplistes à mon goût mais j’avais bien aimé sa personnalisation de l’histoire de Salem et c’est donc sans surprise que je me suis procurée le deuxième tome.



Quatrième de Couverture
Il y a seulement quelques mois, Serena était encore une insouciante adolescente californienne. Aujourd’hui tout a changé. Elle vit avec ses deux frères Jon et Wyatt dans le manoir de Wailing Hill à Salem, ville que leurs parentes ont fui pour les protéger de leur destinée de sorciers. La fratrie a découvert un monde où cohabitent sorciers, vampires et loups-garous. Un monde déchiré par des guerres de pouvoir, où le danger est omniprésent. Après une nuit d’horreur où elle a vu la mort frapper, Serena est dévorée par l’angoisse : où est passé Jullian ? Alors qu’elle espère le voir réapparaître, c’est sa tante Monica qui fait son retour au Manoir accompagnée d’un inconnu, Léon, sorcier vaudou…

Mon avis
Du sang sur les mains, Serena a du mal à reprendre pied. Pour sauver Wyatt, elle a fait appel à un pouvoir qui la dépasse aujourd’hui. Si l’ombre à la tête de porc n’est plus, de nouveaux ennemis semblent prêts à surgir à tout moment pour profiter des dissidences qui font rage au sein de la communauté de Danvers. Serena saura-t-elle garder le contrôle pour faire face à de nouvelles menaces ?

L’intrigue prend un nouveau tournant et met en lumière la fragilité des alliances au sein de Danvers. De nouveaux personnages entrent en piste et nous cherchons à savoir tout au long de la lecture dans quel camp ils jouent. Les pions sont avancés de case en case et le mystère s’épaissit. Emilie Bonnet enrichit encore son univers dans ce tome avec de nouvelles clés et de nouvelles pratiques. Les héritiers de Salem est une saga qui gagne en profondeur dans ce deuxième tome et qui prouve que son potentiel est bien là.

L’autre bonne surprise est l’évolution des personnages. S’ils étaient trop lisses et clichés dans le premier tome, ils gagnent eux aussi en substance, notamment ceux qui sont secondaires. C’est pile ce qui manquait au tome précédent. Serena se construit et les personnages autour d’elles deviennent intéressants. Alors il y a une légère dissonance entre la temporalité décrite et l’évolution parfois un poil rapide de certains personnages mais cela semble nécessaire à l’intrigue.
Concernant Jullian, je n’accroche toujours pas. Son absence au début du tome m’a bien fait plaisir et son retour m’a laissée de marbre. Le fils oublié de Salem est découpé en deux parties : la première est sous le point de vue de Serena et la seconde sous le point de vue de Jullian. Même avec ça, avec ses pensées, son histoire et ses états d’âme, c’est un échec. Jullian ne me plait définitivement pas. Heureusement, il y a Cole. Il est encore dans le spectre du cliché mais il a su capter mon attention et je sens un potentiel certain chez lui.

Je suis contente d’avoir persévéré dans cette saga et d’avoir lu ce deuxième tome qui s’inscrit dans mes lectures divertissantes sur les Sorcières de Salem. J’espère que la suite sera un jour publiée.

Petit information au sujet de cette saga : Les héritiers de Salem a été publié par les éditions Nouvelles Plumes que j’ai pu acheter via France Loisirs (j’ai une carte de membre qui a pas loin de trente ans et un contrat qui me permet d’acheter ce que je veux, quand je veux). La maison d’édition vient de fermer ses portes alors que le troisième tome devait paraître fin 2023 ou début 2024. L’autrice propose actuellement de la contacter par mail pour recevoir une version numérique brute du troisième tome. J’hésite encore à le faire, j’attends de voir si Emilie Bonnet va trouver une nouvelle maison d’édition ou non. De ce que j’ai pu voir en fouillant sur le net, on ne trouve plus le deuxième tome en neuf pour l’instant et il reste quelques copies du premier tome en circulation.

Les héritiers de Salem, Tome 1
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dimanche 5 novembre 2023

Les héritiers de Salem d'Emilie Bonnet

J’ai une tendance, assez proche d’un comportement compulsif, à poser mon regard un peu trop longtemps sur toute œuvre qui comporte le nom de Salem. Tout a sûrement commencé dans ma tendre enfance, à l’époque bénie d’Hocus Pocus et Charmed, a évolué à travers la superbe pièce d’Arthur Miller, les films ou séries sur les sorcières, en passant aussi par le féminisme. C’est ainsi que Les héritiers de Salem d’Emilie Bonnet est arrivé dans ma PàL.



Quatrième de Couverture
À la suite de la mystérieuse disparition de leurs parents, Serena et ses deux frères s'installent à Salem, leur ville natale, auprès de leur tante Monica. Surprise du prestige du manoir familial de Wailing Hill, Serena comprend rapidement que l'évocation de sa famille, l'une des plus anciennes du pays, inspire autant de respect que de crainte. Bientôt des phénomènes étranges se multiplient autour de l'adolescente : une silhouette ornée d'une tête de porc entraperçue un soir de fête, un rêve sanglant qui se révèle prémonitoire, un colis tout aussi morbide... Quels secrets lui cache Salem ? Serena est-elle en danger ? Dans sa quête de vérité, elle peut heureusement compter sur ses frères et ses nouveaux amis, notamment Jullian, un garçon charismatique qui l'intrigue et la fascine...

Mon avis
Après la disparition de leurs parents, Serena, Jon et Wyatt Parris quittent la Californie pour retourner dans leur ville d’origine, Danvers, autrefois nommée la Grande Salem. Recueillis par leur tante, Monica Lewis, ils découvrent une ville où leur nom suffit à leur attribuer une place dans la société. Dans ce nouveau monde, la fratrie Parris va voir ses certitudes vaciller. Elle va devoir se faire une place au sein de la communauté magique à laquelle elle appartient de droit sous la menace pesante de la mystérieuse ombre à la tête de porc.

Les héritiers de Salem est un premier tome qui nous plonge rapidement dans l’intrigue de la communauté de Danvers. S’il n’y a pas de surprise particulière concernant la magie, Emile Bonnet réussit à personnaliser l’histoire de Salem qui a pourtant été vue et revue dans la littérature. On se laisse doucement emporter par l’univers tant connu et pourtant assez bien revisité.

Cette saga s’inscrit dans le genre Young Adult et les codes y sont bien présents tout au long de la lecture : les personnages principaux sont jeunes, innocents et jetés dans la fosse aux lions sans préambule. Les héros sont lisses, prêts pour gagner progressivement en caractère, les faux-semblants à décortiquer sont là, la romance interdite répond elle aussi présente tout comme les amitiés contrariées et l’antagoniste mystérieux à démasquer. La recette est complète pour fonctionner.

Seulement, pour ce premier tome, la recette n’est pas suffisante en tous points. Si l’intrigue et les détails de l’univers qui viennent peu à peu construire le récit sont assez bien choisis, les personnages, eux, ne m’ont pas convaincue. C’est tout mon problème avec le Young Adult : parfois ça passe, parfois ça casse. Dans ce premier tome, les personnages ne sont pas suffisamment explorés à mon goût : ils répondent bien aux codes du genre mais ça s’arrête là et ça manque de développement. Il y a du potentiel mais j’avais besoin de plus. Surtout, c’est la romance qui m’a le plus laissée de marbre : je n’ai senti aucune alchimie entre Serena et Jullian. Serena est un personnage en construction qui découvre un nouveau monde à qui on peut facilement pardonner son manque de profondeur initial mais, Juillian, lui, est bien trop fade à mon goût. Ses obligations qu’il suit sans sourciller ne devraient pas être une excuse à son manque de relief. Je suppose que la relation est une évidence pour l’autrice, évidence qui n’a pour le coup pas été suffisamment transposée par les mots.

J’ai tout de même passé un bon moment lecture : il s’agit d’un premier roman, on le sent, et il y a un réel potentiel dans cette intrigue. Le style d’Emilie Bonnet est aussi très agréable à lire et ses idées font que je n’ai pas hésité à acheter le tome suivant pour poursuivre l’aventure. Tout ce que je peux conseiller est de ne pas s’arrêter au premier tome si on aime les réécritures de l’histoire de Salem.

Les héritiers de Salem, Tome 2
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samedi 21 octobre 2023

Nos jours brûlés, Tome 3 : Le Dernier Feu de Laura Nsafou

Le dernier tome enfin sorti, il ne m'a fallu qu'une relecture des deux premiers avant de me jeter sur cette lecture finale.



Quatrième de Couverture
« À chaque instant, nous devions résister à l’envie d’abandonner, pour nous forger nos propres lueurs d’espoir. »

2053. Elikia, Yander et Diarra ont rejoint l’Ordre diaphane, au côté duquel ils luttent contre l’Être de la Nuit. Après la perte de nombreux guerriers et guerrières, Elikia tente de comprendre l’origine de ses pouvoirs de dragon, tout en faisant face aux divisions qui règnent au sein de la communauté. Mais la lutte finale mettra la loyauté de tous à rude épreuve. La Prêtresse sera-t-elle capable de vaincre la Nuit ? Tandis que l’équilibre des forces est sur le point d’être rompu, Elikia, elle, a choisi son camp…

Mon avis
L’affrontement final approche et Elikia n’a désormais que peu de temps pour comprendre son rôle et ses pouvoirs. Diarra se prépare à défier Guddi tout en transmettant à Elikia un héritage qui pourrait la dépasser. L’espoir s’effrite bien trop vite et les alliances se font de plus en plus incertaines : la fin d’un monde arrive à grands pas, lequel survivra à l’autre ?

Le Dernier Feu, en tant que tome de conclusion, ne déçoit pas. Les questions posées depuis le premier tome trouvent peu à peu leurs réponses, les mystères sont dissipés et nos héros jouent la partition de leur vie. Comme pour les tomes précédents, le rythme du récit joue les montagnes russes faisant monter progressivement la tension jusqu’à son point culminant. Certains passages laissent une sensation hachée mais, dans l’ensemble, les choix temporels fonctionnent toujours aussi bien.

Après avoir appris à s’ouvrir aux autres et à elle-même lors de son retour de mission, Elikia s’enferme désormais dans sa quête finale et se coupe des autres. Elle passe tout son temps auprès de Diarra, obsédée par la Prêtresse et les réponses qu’elle lui apporte et perd peu à peu ses liens avec les autres hybrides. Elle est parfaitement imparfaite, symbole de l’Humanité là où nombreux sont ceux qui voient chez elle un monstre : Elikia est une vraie héroïne de fantasy, bourrée de failles mais aussi de force.

Cette humanité est notre point d’ancrage, le moyen que nous donne Laura Nsafou pour ne pas perdre pied face à une guerre qui oppose des divinités, une guerre qui dépasse notre réflexion. Les Esprits Créateurs, les différents autres Esprits… Ils sont à des lieux de réfléchir comme les Hybrides, si humains finalement. Le contraste est violent entre la vie spatio-temporelle des Esprits et celle des Hybrides et c’est tout un tour de force que de réussir à faire saisir ces subtilités au lecteur. Et, sans trop en dire, l’histoire des Deums qui est le fil conducteur de ces trois tomes à travers Diarra est un concept qui m’a beaucoup plu. Il y a une forte symbolique de la parentalité – légèrement dysfonctionnelle ici – qui donne à réfléchir sur ce tournant où les enfants/élèves coupent le fil de l’éducation pour avancer et vivre par eux-mêmes. Quand on aime la fantasy qui explore l’imaginaire tout en traitant de thème qui résonne avec la réalité, on peut sans problème se lancer dans Nos jours brûlés.

Cette trilogie terminée, j’en garde un excellent moment de lecture. J’ai adoré passer du temps dans l’univers de Nos jours brûlés, et c’est une saga que je relirai avec plaisir.

Nos jours brûlés, Tome 1
Nos jours brûlés, Tome 2
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

jeudi 19 octobre 2023

Nos jours brûlés, Tome 2 : Les Flammes ivoire de Laura Nsafou

Après avoir lu le premier tome de Nos jours brûlés je n'ai pas mis bien longtemps à me procurer le deuxième tome tant le début de cette trilogie m'a happée.



Quatrième de Couverture
« J'avais peut-être repris forme humaine, mais je ne comprenais pas pourquoi on m'avait ramenée dans un monde sans soleil. »

2051. Quand Elikia rouvre les yeux, comprend qu'elle est vivante et qu'il fait toujours désespérément noir, la colère la submerge. Cependant, son sacrifice pour ramener le Jour n'a pas été tout à fait vain : Diarra, la deum capable d'inverser le cours des mondes, est de retour. La quête du soleil prend avec elle une ampleur inédite. Pour se montrer à la hauteur du combat qui s'annonce, Elikia devra explorer l'étendue de ses nouveaux pouvoirs... car le dragon en elle n'attend qu'une chose : sortir.

Mon avis
Quand Elikia revient à elle, plusieurs mois se sont écoulés. L’épreuve du réveil de Diarra ne l’a pas tuée mais l’a métamorphosée et Yander a tout fait pour la retrouver. Lorsqu’elle reprend forme humaine, Elikia replonge dans une lutte qu’elle pensait avoir achevée. En rejoignant l’Ordre diaphane, Diarra, Yander et Elikia espèrent trouver des alliés. Si l’arrivée de la Prêtresse est synonyme d’espoir, celle d’une marquée génère surtout de la méfiance. Lorsque trois missions doivent se jouer en même temps, Elikia décide de poursuivre son chemin sans ses compagnons pour découvrir qui elle est devenue.

Ce tome marque une grande évolution d’Elikia. Sa forme de dragon a profondément marqué son être et ses interrogations constantes autour des efforts qu’elle doit fournir pour se maîtriser l’épuisent. Sous sa forme de dragon, elle se sentait libre et apaisée parce qu’elle n’avait pas à lutter contre sa nature. Le tome est construit autour de cette métaphore qui met en scène la lutte et le lâcher-prise dans une danse effrénée. Elikia oscille entre ces deux choix qui ne sont finalement que l’effet miroir l’un de l’autre : lâcher-prise et enfin se sentir « libre » tout en étant soumise à sa nature nocturne ou lutter contre l’emprise de Guddi mais aussi contre elle-même pour conserver son libre-arbitre.

Le récit s’articule autour de l’action mais aussi de l’introspection et s’étale sur une longue durée de temps où les ellipses sont nombreuses : ce choix temporel aurait pu être frustrant mais il permet de rendre l’évolution d’Elikia réaliste. Elle s’apprend seule, découvre l’amitié avec Swodena, ainsi que la perte et découvre aussi une détermination toute nouvelle. Après une longue période à vivre en communauté dans une proximité constante, Elikia retrouve une vie où elle passe de plus en plus de temps seule, où elle prend le temps de vivre à son rythme, à s’écouter mais, surtout, à s’apprécier.

Les Flammes ivoire est un tome qui prend la forme d’un voyage initiatique, ce qui n’est possible que grâce à son choix de se séparer de Yander et Diarra. Lors du premier tome, Elikia était l’élève de Yander, puis Diarra lui a donné de nouvelles clés au début du deuxième tome et, enfin, elle est entrée dans sa propre quête en poursuivant son chemin. En étant livrée à elle-même c’est son apprentissage qu’elle poursuit en découvrant qui elle est.

Si Laura Nsafou nous apporte de nouveaux éléments sur son univers ainsi que sur les mystères de la disparition du Soleil, c’est surtout sur Elikia qu’elle nous éclaire et sur les difficultés de s’accepter avec nos différences. Ce deuxième tome est tout aussi plaisant que le premier et me conforte dans l’idée que Nos jours brûlés est mon coup de cœur de l’année 2022.

Nos jours brûlés, Tome 1
Nos jours brûlés, Tome 3
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 17 septembre 2023

Nos jours brûlés, Tome 1 de Laura Nsafou

J’ai découvert Laura Nsafou à travers ses posts instagram ainsi que son blog où sa plume et ses réflexions savaient déjà m’embarquer sans difficulté. C’est avec Comme un million de papillons noirs que je suis entrée dans son œuvre de fiction, superbement illustré par Barbara Brun et j’ai donc gravé son nom dans la liste des auteurs à suivre au fil des ans. Évidemment, je n’ai pas pu passer à côté de sa saga Nos jours brûlés.



Quatrième de Couverture
« Ma mère m’a dit que la Nuit n’avait pas toujours été là, qu’il fut un temps où une gigantesque boule de lumière éclairait le monde et révélait ses couleurs. »

2049. Depuis vingt ans, le Jour a disparu, et la raison de ce bouleversement reste un mystère. Si Elikia n’a jamais connu que la Grande Nuit et ses dangers, sa mère, Diba, refuse de d’y résigner. Persuadées que la disparition du soleil est liée à celle de Juddu, une ancienne cité qui aurait abrité des êtres divins, toutes deux sillonnent l’Afrique en quête d’indices et de vestiges. Leur fantastique épopée les conduira jusqu’au cœur de l’Invisible…

Mon avis
Elikia a grandi en Europe au sein d’une nuit éternelle, ne connaissant du soleil que ce que sa mère, Dabi, lui a raconté. Dabi est persuadé que le soleil peut revenir et sa piste débute à Juddu, mystérieuse cité où son père était archiviste. Elikia suit sa mère dans ce périple à travers l’Afrique de l’Ouest, où elles s’enfoncent dans des territoires sombres, peuplés de créatures nocturnes aussi dangereuses que vicieuses. Si Elikia a foi en sa mère, elle est plus réservée concernant les légendes de l’Invisible sans savoir qu’au fond, elle est marquée depuis sa naissance par cette Grande Nuit.

Le premier tome de Nos jours brûlés est une plongée vertigineuse dans un univers où se mêlent des mythes africains et antillais pour former une mythologie vaste et complexe qui se dévoile au fil des pages. D’un point de départ dans notre monde où le soleil a disparu, Laura Nsafou nous guide vers une quête où les conflits divins sont au cœur de l’histoire, où la magie est maîtresse de la situation. À travers Elikia, nous découvrons l’histoire de la Grande Nuit, de Juddu et du dernier Éclaireur, un univers à la fois fascinant et addictif.

Le ton de la narration dans les premiers chapitres conte le début de l’histoire avec recul, côtoie les codes du tragique avec brio et accroche directement le lecteur. L’action y atteint rapidement un point culminant signant le basculement de l’intrigue. Lorsqu’Elikia rencontre Yander, le dernier Éclaireur et seul survivant de la cité de Juddu, elle plonge dans un monde qu’elle ne soupçonnait pas et on la suit avec avidité. Yander la recueille et commence à la former tout en lui donnant les clés de sa nature : Elikia est une Marquée, une hybride dotée par Guddi, la Nuit en personne, vouée à le rejoindre un jour. Yander accepte de l’aider à contrôler sa nature nocturne même si aucun Marqué n’a encore réussi à combattre l’influence de Guddi. Ensemble, ils se préparent à tout tenter pour retrouver la Prêtresse, seule personne capable de tenir tête à Guddi. Ce long apprentissage prend la forme d’un huis-clos où Yander est la seule personne qu’Elikia côtoie au quotidien, où elle apprend, expérimente, comprend et s’interroge chaque jour un peu plus. Le temps s’y écoule lentement, les ellipses apparaissent de manière dosée et l’ensemble du rythme permet de s’imprégner progressivement de l’univers.
La dernière partie, elle, nous lance dans une course effrénée qui nous rappelle que le danger rôde partout, que son apparence peut être trompeuse et que le temps presse. Elikia et Yander doivent à tout prix retrouver la Prêtresse avant que la Grande Nuit ne dévaste tout sur son passage mais, surtout, ils doivent être prêts à en payer le prix.

Ce qui m’a le plus fascinée dans ce tome, au-delà de la découverte d’un univers richement construit, est la description de toutes les nuances sensorielles. Il y a une réelle volonté de Laura Nsafou de forcer le lecteur à utiliser l’ensemble de ses sens grâce à l’imagination pour plonger dans ce monde où la Nuit est omniprésente.
Les descriptions des couleurs, des variations de la nuit, des lieux, des odeurs, des sons, des goûts, des textures… Avec ses mots, Laura Nsafou réussit à faire frétiller l’ensemble de nos sens et c’est un véritable plaisir. Grande amatrice de descriptions, ici, je n’ai pas été déçue. Il y a un excellent dosage puisque c’est un livre jeunesse et l’action y est aussi suffisamment présente pour ne pas perdre les lecteurs. Les couleurs de ce monde sont particulières, elles sont exemptes de la lumière du soleil et c’est tout un exercice au fil de la lecture que d’imaginer les nuances du décor.
Les descriptions des personnages qui s’égrainent au fil des pages sont elles aussi fascinantes : il n’y a encore une fois pas que la vue qui s’exprime mais bien tous les sens à travers de superbes métaphores. Les images y sont fantastiques, bien plus que ce à quoi j’ai été habituée. Je ne saurais dire si c’est le sens du détail de Laura Nsafou qui transpire dans ses mots ou tout simplement l’amour qu’elle voue à ses personnages : parce que c’est l’effet que ça m’a fait, une déclaration d’amour toute en poésie à chaque description.

Elikia évolue énormément au fil du tome. Jeune femme de vingt ans suivant une mère obsédée par une quête fantaisiste au début de l’histoire, elle devient une femme forte prête à affronter sa nature profonde pour poursuivre la quête de sa mère, pour en faire la quête de sa vie.
Au fil du huis-clos, sa relation avec Yander m’a beaucoup touchée : le lien est fort sans tomber dans le pathos. La différence d’âge ne me choque pas puisqu’il n’y a pas d’attraction sexuelle décrite. On est sur une jeune femme qui découvre qui elle est en vivant uniquement avec une personne qui l’aide à comprendre et apprendre. Il n’y a qu’eux deux et Yander ne la traite pas comme sa fille : ça passe naturellement puisque hors des constructions sociales. Elikia est certes, une gamine, mais son vécu en fait une personne plus mâture : on n’est pas sur une relation d’ascendance d’un homme plus vieux sur une frêle jeune femme, c’est là que c’est bien écrit et que ça prouve qu’il est possible de se défaire des concepts patriarcaux. Moi qui n’aime pas les relations jeune femme/homme mûr, ici, c’est la preuve que ça peut marcher quand c’est sans rapport de domination : toute la construction du texte et du personnage d’Elikia montre qu’elle se hisse progressivement sur un pied d’égalité avec Yander et que celui-ci l’y encourage.

Enfin, point intéressant, la difficulté de mettre des mots sur la différence entre des humains et des divinités est là. Comment retranscrire le fait que les Fondateurs ne voient pas les faits ou encore le temps comme les hybrides ? Comment réussir à faire comprendre aux lecteurs que leur vision est à des années lumières de la nôtre ? Laura Nsafou réussit à planter les graines de la compréhension, à nous permettre d’entrevoir le fossé qu’il existe entre les êtres. Les Fondateurs ont tout le temps du monde face à la rapidité du temps tel que nous le concevons. Lorsque Fano, Zanagha et Shen se laissent aller à cette urgence qui anime les hybrides, ils nous ressemblent presque : quand ils aident Yander et Elikia, quand ils placent en eux un espoir. Qu’ont-ils à perdre ? Du temps, non. Mais peut-être des émotions un poil trop humaines qu’ils n’ont pas l’habitude de laisser les habiter. Ce sentiment d’urgence qui les rattrape furtivement les rend intéressants et nous laisse présager quelques thèmes pour la suite de cette saga.

Nos jours brûlés a été une excellente découverte, un premier tome qui donne immédiatement envie de connaître la suite et qui offre des personnages aussi bien construits que l’univers. J’ai aimé me laisser embarquer dans cette histoire aux couleurs sombres et plurielles. J’ai évidemment sauté à pieds joints dans la suite.

Nos jours brûlés, Tome 2
Nos jours brûlés, Tome 3
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dimanche 27 août 2023

Les Jardins de Zagarand d'Éric de Kermel

Encore un livre acheté d’occasion parce que la couverture est sublime. Le marché de la seconde main donne cette possibilité d’acheter un livre sur un coup de tête, de ne pas hésiter sur le contenu des pages et de se dire « bon, si je ne l’aime pas, c’est pas grave ». Spoiler alert : heureusement que l'occasion existe !



Quatrième de Couverture
La légende dit que ceux qui vont à Zagarand n’en reviennent pas. C’est là que se rend Paul, dévasté par la perte de son fils, lorsqu’une lettre de sa sœur Mathilde l’invite à la rejoindre dans cette oasis du bout du monde. À Zagarand, la vie obéit à d’autres lois que celles qu’il connaît. À Zagarand, la nature et l’humain guident les femmes et les hommes qui ont fait le choix d’y vivre. Altérité, responsabilité et amour y sont les maîtres mots. Quelles légendes ont forgé cette utopie ? Avec Mathilde, Mayssa, Elias ou Amiane, des gestes simples, des rituels nouveaux, de puissantes émotions vont bouleverser les certitudes de Paul et lui permettre de réapprendre à vivre.

Mon avis
Paul vient de perdre son fils. Un père ne devrait pas enterrer son enfant, ce n’est pas dans l’ordre des choses. Sur l’invitation de sa sœur Mathilde, Paul va entamer un voyage pour la rejoindre à Zagarand, lieu mystérieux au milieu du désert dont il est dit qu’on ne revient jamais. Ce périple va lui permettre de vivre une aventure bien plus profonde que ce qu’il imaginait.

Les Jardins de Zagarand d’Eric de Kermel fait clairement penser à l’univers de Paulo Coelho à travers sa forme de récit initiatique avec une pointe de conte philosophique. On y retrouve l’élément déclencheur avec la perte de sens, la quête d’une lueur d’espoir, la suspension du temps avec le retour à l’essentiel, la recherche du but de l’existence… Et la comparaison s’arrête ici pour moi : si Coelho réussit à me toucher, ça n’a pas été le cas avec De Kermel.

Zagarand est une cité où chacun peut trouver sa place et son rôle en se laissant aller non pas au but choisi mais au cheminement qui y mène. C’est l’énième illustration de la maxime « Ce n’est pas la destination qui importe mais le voyage qui y mène » qui est souvent traitée dans ce genre littéraire. On y apprend l’humilité, le retour aux essentiels ainsi que la communion avec la nature. On est amené à y redécouvrir le vrai sens des relations aux autres mais aussi à soi. En somme, Zagarand est un beau village utopique qui sert de décors aux messages transmis par l’auteur.

Eric De Kermel écrit bien, ses images sont poétiques, ses messages résonnent avec les préoccupations actuelles qui nous étreignent. Seulement, ses mots ne m’ont pas touchée. Je suis passée à côté de ce livre et, en relisant les passages que j’ai soulignés, je pense que c’est parce que ses belles phrases m’ont paru mécaniques, construites pour générer des émotions et non avec émotion. Ce n’est sûrement pas le cas à l’origine mais c’est ce que j’ai ressenti.
Ce manque de réaction à la lecture est sûrement aussi dû aux personnages qui ne m’ont pas touchée du tout. Le héros ainsi que les autres personnages dont il croise la route m’ont semblé vides d’émotions. Leur flegme m’a plutôt amené à les imaginer comme englué dans une vie plate où la passion n’existe pas, jusqu’à avoir l’impression de voir évoluer des êtres lobotomisés. Zagarand est censé être un lieu où les gens vivent heureux, de manière apaisée non pas parce qu’ils n’ont plus de problèmes mais parce qu’ils ont appris à les surmonter et, pourtant, j’ai eu l’impression d’être face à un village de personnes sans âme. En fait, j’ai eu une sensation d’utopie type Le meilleur des mondes de Huxley alors que je sais que ce n’était clairement pas le but de l’ouvrage : les personnages me semblaient anesthésiés là où ils auraient dû me fasciner.

Et, finalement, intrigue comme personnages ont ce travers : l’auteur a essayé d’implanter dans ses lecteurs exactement ce qu’il voulait qu’on ressente et il n’a pas laissé la place à la pluralité du lectorat, ce qui donne cette impression d’absence d’âme.

« Lorsque nous écrivons, les vagues déposent nos émotions sur la grève tels ces minuscules coquillages qui se mélangent au sable. Auparavant, ils flottaient et roulaient dans nos esprits et voilà que leur course s’achève enfin. »

Eric de Kermel pose son image et l’explique à outrance, imposant sa vision, son but et il ne nous laisse pas de place. C’est un choix stylistique qui se vaut mais qui ne fonctionne pas sur moi. Cette lourdeur a étouffé la moindre petite émotion que j’aurais pu ressentir : si j’aime quand on me guide dans certains ouvrages, ce n’est pas le cas avec les récits initiatiques dont le but est normalement de permettre à l’individualité du lecteur de choisir ce qu’il veut en garder. Ici, tout ce qu’on m’a laissé c’est l’image de hippies défoncés qui ont le luxe de quitter leurs responsabilités même si je reste persuadée que ce n’est pas le but du roman.

Les Jardins de Zagarand est un beau livre, au cœur duquel on retrouve de douces illustrations de Valentine Plessy mais qui n’a pas su venir jusqu’à moi. Il a tout de même su atteindre d’autres lecteurs alors, si ça vous tente, allez-y.

« J’aime l’Izir qui ne fait pas comme tout le monde. J’aime l’idée d’un fleuve qui fait un court passage sur terre et se fait oublier sans lutter avec le désert où il s’unit à la terre. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 20 août 2023

Normal People de Sally Rooney

J’ai lu Normal People après avoir littéralement dévoré la série qui m’a complètement happée. Je ne suis pas particulièrement sensible au 7ème art, notamment par une réelle ignorance sur le sujet, mais tout dans la série m’a touchée : des dialogues aux silences (surtout les silences), des plans larges aux détails ainsi que les différents thèmes explorés. Et comme à chaque fois qu’un livre est à l’origine des images à l’écran, j’ai lu le livre.



Quatrième de Couverture
Connell et Marianne ont grandi dans la même ville d'Irlande. Il est le garçon en vue du lycée, elle est la solitaire un peu maladroite. Pourtant, l'étincelle se produit : le fils de la femme de ménage et l'intello hautaine connaissent ensemble leur premier amour.
Un an plus tard, alors que Marianne s'épanouit au Trinity College de Dublin, Connell s'acclimate mal à la vie universitaire.
Un jour, tout est léger, irrésistible ; le lendemain, le drame pointe et les sentiments vacillent.
Entre eux, le jeu vient tout juste de commencer.
Sally Rooney réussit le tour de force de donner une dimension unique et universelle à cette histoire. Porté par des dialogues saisissants de justesse, Normal People est un roman magistral sur la jeunesse, l'amitié, le sexe, sur les errances affectives et intellectuelles d'une génération qui n'a plus le droit de rêver, mais qui s'entête à espérer.

Mon avis
Marianne et Connell découvrent les hauts et les bas d’une première histoire d’amour à un âge où se construire est la première grande difficulté de la vie. Issus de deux mondes différents, ils se rapprochent à travers leur sensibilité et leur sentiment de ne pas entrer dans le moule que leur offre leur environnement. Au fil des années, ils vont grandir tout en s’accrochant plus que jamais l’un à l’autre à chacune de leurs retrouvailles.

La beauté de cette histoire tient dans la façon qu’a Sally Rooney de montrer la complexité du passage à l’âge adulte dans sa simplicité la plus brute. Marianne et Connell sonnent juste, ils sont à fleur de peau, en proie avec leurs émotions et leurs interrogations qui résonnent avec les lecteurs. On peut facilement s’identifier à leurs doutes, leurs souffrances, leurs épreuves.
À travers un effet miroir, ils s’ancrent l’un à l’autre, faisant pencher la balance de leur relation sans jamais réussir à maintenir l’équilibre suffisamment longtemps pour durant les premières années. Puis, petit à petit, ils réussissent à reprendre leur souffle en même temps après avoir sombré, traversant le miroir pour se tenir côte à côte et se soutenir. Marianne et Connell partagent cette sensation que seuls eux deux peuvent se comprendre dans un monde où les gens autour d’eux sont différents, simples, à la limite de la superficialité.

Et puis, une fois l’histoire terminée, on comprend que le passage à l’âge adulte est terminé, que Marianne et Connell, comme toutes les autres personnes avant eux, ont réussi l’épreuve. On réalise qu’ils n’ont rien de différents du monde qui les entoure, qu’ils ne sont que des « normal people », ce qui les rend plus réalistes encore. Ils se sont accrochés l’un à l’autre comme on le fait avec ses amis lorsqu’on est jeunes et persuadés que personne d’autre ne peut comprendre ce que l’on vit.

Je parle délibérément de « l’histoire » et non du « livre » parce que le livre m’a beaucoup moins touchée que la série. Le style de Sally Rooney est particulier, tant dans la mise en forme du texte que dans le choix des phrases. Ce n’était pas déplaisant à la lecture mais je ne suis pas certaine que j’aurais autant apprécié Normal People si je m’étais contentée du bouquin. J’ai aimé ma lecture non pas à travers la plume de l’autrice mais bien parce que je me remémorais les émotions provoquée par la série. D’ailleurs, les autres livres de Sally Rooney ne me tentent pas pour le moment. D’habitude, je suis bien plus touchée par les mots et la vivacité des émotions que provoquent chez moi les héros de papier alors, qu’ici, j’ai l’impression que la série a apporté ces réactions que le livre n’a pas fait naître chez moi. En lisant, je me projetais sans cesse vers ce que j’avais vu à l’écran. Sur papier, Marianne et Connell semblent plus plats, ils me font penser à une jeunesse désabusée et blasée, limite monotone. À l’écran, on a la sensation de personnages sur le fil, prêts à imploser à chaque seconde, ce qui est plus poignant pour moi.

Si je n’avais qu’un seul conseil à donner sur Normal People ce serait de plutôt regarder la série qui fait réellement de cette histoire quelque chose de beau et de profond.

« Il veut comprendre comment fonctionne son esprit. S’il décide de se taire pendant une conversation, Marianne lui demande : Quoi ? au bout d’une ou deux secondes. Ce “Quoi ?” lui semble contenir tant de choses : non seulement l’attention quasi scientifique à ses silences, qui lui permet de poser cette question, mais un désir de communication totale, le sentiment que tout ce qui n’est pas dit est une rupture malvenue entre eux. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

vendredi 30 juin 2023

Chroniques homérides, Tome 3 : La marque de Cronos d'Alison Germain

Après le tome 1 et le tome 2, place au dernier tome de cette trilogie. Il est à noter qu'il ne faut pas se fier aux quatrièmes de couverture : elles accentuent toutes la part de la romance dans l'histoire et pas de la meilleure des façons...



Quatrième de Couverture
Hestiapolis est tombée. Nous n’avons pas été assez forts, nous n’avons pas su contrecarrer les plans de Néocles. Aujourd’hui, les Homérides sont dispersés à travers le monde, mais une partie s’est réfugiée dans la rotonde archontide à Athènes, pour tenter de comprendre et se reconstruire.

Car si les murs de la cité gardienne étaient censés nous protéger, peut-être voilaient-ils également la vérité. Ces éléments clefs qui nous font défaut pour démêler les projets de nos ennemis, leur identité, et surtout pour enfin anticiper leur prochain mouvement et contre-attaquer.

Néocles, Moira… aucune de leurs intentions ne sont claires et je ne sais plus à qui me fier. Mon frère, devenu aveugle, lutte contre ses propres cauchemars qui lui soufflent l’existence d’une nouvelle menace. Seul Angus demeure mon ancre, mais lui comme moi restons perdus dans une machination qui nous dépasse mais dont le gain semble être l’héritage d’Homère : le pouvoir des dieux que nous gardions depuis des siècles.

Mon avis
Le chaos se rapproche plus que jamais : Louise a vu son foyer tomber, de nouveaux jamais ne jamais se relever mais elle doit continuer à avancer. Les apparences sont trompeuses, les dangers nombreux et le dénouement tout proche.

La marque de Cronos offre à travers un dernier tome rythmé révélations, affrontements, remises en question et dénouement final. Une fois encore, les codes du genre sont respectés et l’enchaînement des événements s’articule plutôt bien autour de l’intrigue. On retrouve encore de grosses ficelles du genre, comme les retournements de situation qui manquent parfois de finesse mais, dans l’ensemble, ça fonctionne.

Le gros point fort de cette trilogie est la personnalisation de la mythologie : l’histoire des homérides est une idée originale et assez bien menée pour une toute première trilogie. On sent la passion d’Alison Germain et le travail de construction qu’il y a eu derrière son intrigue. Sans trop en révéler, j’ai bien aimé certains des rouages mis en place pour l’histoire des homérides, les tenants et aboutissants ainsi que la grande question du libre-arbitre qui est finalement centrale depuis le premier tome.

Pour une première saga, Alison Germain a su s’en sortir grâce à une idée originale, un style fluide et un rythme bien mené. Les maladresses et les clichés se font rapidement oublier grâce à l’intrigue et la lecture est agréable. Le talent est là et l’expérience mènera sans aucun doute à de prochains ouvrages de qualité. Une bonne découverte.

Chroniques homérides, Tome 1 : Le souffle de Midas
Chroniques homérides, Tome 2 : L'ultime oracle
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

samedi 24 juin 2023

Chroniques homérides, Tome 2 : L'ultime oracle d'Alison Germain

Après le tome 1, j'ai directement enchaîné avec le deuxième tome, profitant de quelques jours de congés.



Quatrième de Couverture
Après avoir appris l’existence des Homérides, je suis parvenue, non sans difficultés, à Hestiapolis, havre de paix et de protection pour ce peuple aux dons incroyables, dont je fais désormais partie. Là-bas, je retrouve Ellie, la Pythie, qui voit dans mon destin et les récentes épreuves que j’ai dû surmonter l’accomplissement de sa dernière prophétie. Mais si maintenant un nom peut-être mis sur la menace qui plane, sa compréhension recèle encore beaucoup de zones d’ombre et l’Ordre Homéride n’arrive pas à s’accorder sur le plan d’actions à établir. Pire, il me prive de ma liberté sous prétexte de me protéger. J’ignore tout des coutumes et de l’histoire de mes semblables, mais je vais devoir apprendre vite, car les murs de la cité ne semblent plus être un obstacle suffisant pour arrêter celui qui veut s’accaparer mon pouvoir.

Mon avis
Louise parvient enfin à rejoindre Hestiapolis, foyer des homérides, après avoir échappé à son ennemi. Profondément marquée par cet affrontement, elle se relève doucement, retrouve ses proches et découvre de nouvelles informations sur sa nature profonde. Pour sa protection, elle doit rester cloitrée au sein de la cité, ce qu’elle supporte assez difficilement. Malgré les précautions, l’ennemi se rapproche de plus en plus.

L’ultime oracle nous plonge au cœur de la vie des homérides, de leur diversité et nous permet d’en apprendre un peu plus sur leur histoire et leur nature. On est peu à peu plongé dans des rouages ancestraux et politiques et on progresse aux côtés de Louise dans ces découvertes. L’univers mis en place n’est pas parfait, certains rouages manquent de finesse ou de complexité mais l’idée de base reste intéressante : si, comme moi, on lit de la fantasy issue de la mythologie grecque uniquement de temps en temps, je pense qu’on peut aisément y trouver son compte. Une sorte d’introduction dans ce genre de littérature qui, je pense, ne suffira par contre pas à convaincre les aficionados déjà bien rodés.

Le rythme des chapitres est un point fort du livre : le dosage entre actions et explications est bien géré, on ne se perd pas en longueur inutilement et l’écriture est toujours dynamique. Des points mériteraient d’être un poil plus développés mais ça n’a pas dérangé ma lecture. On sent l’amour d’Alison Germain pour la Grèce Antique dans ses descriptions et son souci du détail pour la cité d’Hestiapolis et le rendu est assez sympa.

Comme je le craignais dans le premier tome, Louise se révèle être l’héroïne stéréotypée qui tend vers le côté badass et tête brûlée de la force et perd en naturel. Elle m’a souvent agacée par son manque de réalisme, notamment dans ses pensées et réactions : son culot est bien trop gros pour sonner juste à mon goût. Il en va de même pour sa relation avec Angus : c’est trop fort, trop vite et le mièvre qui en découle m’a clairement laissée de marbre. La passion des débuts laisse trop vite la place à l’intensité des sentiments… Qu’on n’a même pas eu le temps de voir naître. Ce n’est pas parce que la romance est prévisible qu’il faut l’accélérer. Si le dosage de l’intrigue est bien fait, celui des personnages et de leurs liens, lui, est le gros point faible de ce tome.

L’écriture et les idées de l’autrice restent cependant prometteuse et, malgré les points faibles, cette lecture a été plaisante l’été dernier, allongée à l’ombre d’un arbre, entre deux plongeons dans la piscine.

Chroniques homérides, Tome 1 : Le souffle de Midas
Chroniques homérides, Tome 3 : La marque de Cronos
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mercredi 21 juin 2023

Chroniques homérides, Tome 1 : Le souffle de Midas d'Alison Germain

Une fois encore, c’est la nostalgie des débuts de la blogosphère et de booktube qui m’a poussée à lire la saga Chroniques homérides d’Alison Germain. Lors de sa sortie, le premier tome m’avait tout de suite fait envie et j’ai enfin sauté le pas, attendant la publication du dernier tome pour me lancer.



Quatrième de Couverture
Entre tes mains, fille d’Homère, brûle encore le pouvoir des Dieux. Le jour où une inconnue rend son dernier souffle dans mes bras, je sais que ma vie paisible d’étudiante ne sera plus jamais la même. Au lendemain du drame dont j’ai été le seul témoin, aucune trace du crime n’a été retrouvée, tant et si bien que tout le monde me pense folle, moi la première. Seul un homme me croit, Angus Fitzgerald, détective à la recherche d’une personne qui ressemble trait pour trait à la femme morte sous mes yeux.
Alors que ce mystère reste sans réponse, les objets que je touche se transforment en or. Et quand le bel Angus me narre le mythe antique de Midas, ce roi grec qui changeait tout en or, je comprends qu’il en sait bien plus sur ce qui m’arrive. Et aussi sur les dangers qui me menacent. Pour moi, le plus imminent est juste là, dans mes mains. Parce que si pour le détective, je suis bénie des Dieux, je ne vois en ce pouvoir qu’une malédiction…

Mon avis
Louise, jeune étudiante anglaise, voit sa vie basculer du jour au lendemain lorsqu’une inconnue sauvagement agressée meurt dans ses bras. Elle se met à changer ce qu’elle touche en or, se retrouve traquée et doit déterminer à qui se fier parmi les nouvelles personnes qui entrent dans sa vie. Ce pouvoir étrange, qui ressemble bien trop à une malédiction, est convoité : Louise est en danger et elle doit fuir aux côtés d’un inconnu qui lui dévoile peu à peu un nouveau monde.

Le souffle de Midas est un premier tome introductif qui nous plonge peu à peu dans l’univers façonné par Alison Germain. Après un prologue accrocheur qui respecte les codes de la fantasy et donne une impulsion prometteuse à l’histoire, l’intrigue se déroule progressivement sous nos yeux, distillant avec un bon dosage des informations sur l’univers sans pour autant casser le rythme d’une action toujours en mouvement. Comme l’indique le titre, les touches de mythologie grecque se glissent entre les pages, réveillant nos vieux souvenirs d’école sur le sujet. S’il y a quelques maladresses et des enchaînements un poil rapides, la lecture reste agréable et prenante.

Les dialogues donnent vie au récit, ils jouent avec les références à la pop culture que tout adolescent des années 2000 appréciera et ont parfois un certain piquant qui m’a bien plu.
Louise a un côté très naturel, elle a son petit caractère mais reste dépassée par la situation ce qui en fait un personnage qui sonne assez juste. Je crains seulement qu’elle vire du côté faussement badass de la force par la suite, une fois bien ancrée dans son nouveau monde, mais, pour le moment, elle me plait bien.
Alors, évidemment, on sent la romance pointer le bout de son nez, c’est trop rapide, trop cliché, mais c’est attendu : la surprise n’est pas de mise mais à aucun moment on n’essaie de nous faire croire le contraire donc, même si ça va trop vite, même si c’est convenu, j’accepte la chose.
Les personnages secondaires ne sont pas tous sur un pied d’égalité, certains montrent qu’ils ont été travaillés quand d’autres sont assez caricaturaux mais ce n’est pour l’instant pas un problème : je n’ai pas été gênée dans ma lecture et ai apprécié ma découverte.

Les bases qui se dessinent sont intéressantes et donnent envie de lire la suite. Je n’avais pas d’attente particulière avant de lire cette saga si ce n’est retrouver une époque où je lisais ce genre de roman, baignant dans cette atmosphère d’échanges littéraires de l’époque de mes 20 ans que j’ai beaucoup aimé. Et, pour l’instant, c’est pile poil ce que j’ai retrouvé : une histoire qui colle avec mes lectures de l’époque et une ambiance truffé de référence qui jouent avec cette nostalgie.
Ce premier tome m’a permis de passer un bon moment lecture.

Chroniques homérides, Tome 2 : L'ultime oracle
Chroniques homérides, Tome 3 : La marque de Cronos
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vendredi 16 juin 2023

Que sur toi se lamente le tigre d'Emilienne Malfatto

Ce livre, je l'ai piqué sur une table de chevet un lendemain de soirée, et l'ai lu au réveil, juste avant de me lever pour retrouver mes amis. Et c'était une terrible claque, dans le bon sens du terme. Il s'agit aussi du prix Goncourt du premier roman de 2021.



Quatrième de Couverture
Dans l'Irak rural d'aujourd'hui, sur les rives du tigre, une jeune fille franchit l'interdit absolu: hors mariage, une relation amoureuse, comme un élan de vie. Le garçon meurt sous les bombes, la jeune fille est enceinte: son destin est scellé. Alors que la mécanique implacable s'ébranle, les membres de la famille se déploient en une ronde d'ombres muettes sous le regard tutélaire de Gilgamesh, héros mésopotamien, porteur de la mémoire du pays et des hommes.
Inspirée par les réalités complexes de l'Irak qu'elle connait bien, Emilienne Malfatto nous fait pénétrer avec subtilité dans une société fermée, régentée par l'autorité masculine et le code de l'honneur. Un premier roman fulgurant, à l'intensité d'une tragédie antique.

Mon avis
Une douleur fulgurante et le couperet tombe : la jeune femme est enceinte. Elle n’est pas mariée alors l’honneur se doit d’être sauf. En rentrant chez elle, elle sait qu’elle sera tuée le soir même de la main de son frère aîné, le chef de famille.

Que sur toi se lamente le tigre dresse le portrait d’une famille autour d’un drame certain mais peint à travers l’évènement les contours d’un pays rongé par les guerres. Et au milieu il y a une femme, dont le nom déjà effacé n’est jamais cité, qui voit sa vie basculer en apprenant sa grossesse. Son fiancé, pressé de consommer leur amour, n’est jamais revenu de son dernier combat. Cette femme sait qu’elle va mourir, que le crime d’honneur est une nécessité, la seule issue de ce problème.

Tout autour d’elle, les membres de sa famille apparaissent au fil des chapitres. Eux ont un nom, ils ne seront pas effacés de l’histoire.
Alors que la jeune femme vit la précipitation de sa chute de façon paradoxalement vivante, ses proches énoncent simplement le rôle qu’ils auront à jouer le soir même, ce rôle imposé par la société dans laquelle ils vivent. Malgré leurs noms, ils paraissent vides. Elle est la vie qui va se terminer, ils sont celle qui se poursuit dans la droite ligne tracée dont elle a osé s’écarter.
Pourtant, ils paraissent morts pendant qu’elle fait le point sur tout ce qui a fait sa vie.

Emilienne Malfatto, en un très court roman, réussit à nous prendre aux tripes. En le lisant d’une traite, on retient son souffle jusqu’à la dernière page, dans un mélange d’angoisse et de révolte.

« Je suis mort et ma mort en entraînera d’autres. La femme que j’ai voulue pour mon plaisir. Mon enfant qui ne naîtra pas. Ma jouissance a été leur châtiment. Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes. »

« Ici, tous les jeunes hommes veulent partir. Il n’y a pas d’avenir ici, disent-ils assis au bord du fleuve. Regarde nos femmes, nos sœurs, nos filles, disent les plus osés, quel malheur de les voir en fantômes noirs. Mais ceux-là mêmes gardent jalousement l’honneur de leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles. Ceux-là mêmes tueraient s’il le fallait, comme le fera mon frère ce soir. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mardi 13 juin 2023

Ashes falling for the Sky, Tome 2 : Sky burning down to Ashes de Nine Gorman et Mathieu Guibé

Après avoir lu le premier tome, j'ai directement enchaîné avec la suite, filant droit sur ma lancée.



Quatrième de Couverture
On retrouve Sky et Ash aux prises avec leurs démons. La réunion de ces deux destins brisés ne se fera pas sans de nouvelles blessures, et révélations sur leurs passés. Nine Gorman et Mathieu Guibé livrent une suite touchante, riche en thématiques fortes, et dont le final ne laissera personne indifférent.

Mon avis
Sky poursuit sa vie sur le campus malgré le départ précipité d’Ash quelques mois plus tôt. Lorsqu’un coup dur frappe le restaurant où ils travaillaient ensemble, Ash revient sur les lieux de leur rencontre. Entre son passé qui le torture et ses certitudes qui s’effondrent, Ash va devoir faire des choix.

Ce second tome est le digne héritier du premier : des drames, du tragique, de la noirceur, de l’apitoiement. C’est cohérent avec la ligne directrice des auteurs, notamment parce qu’on comprend désormais que seul Ash est le vrai personnage principal de cette histoire. Si les chapitres du point de vue de Sky sont toujours présents, il y a maintenant des flashbacks de l’enfance et l’adolescence d’Ash qui nous permettent de comprendre d’où il vient et quelles sont les épreuves qui l’ont façonné.

Si le côté torturé d’Ash est toujours aussi présent, voire trop, le personnage a le mérite d’avoir enfin évolué lorsqu’on fait le bilan à la dernière page du livre. Du début à la fin, comme dans le premier tome, on est sur une construction où le but est de faire ressentir toutes les souffrances des personnages aux lecteurs et, ce qu’il manque, c’est de pouvoir aussi mettre le doigt sur des joies. Même s’il y en a quelques-unes, elles ne suffisent pas à apporter un équilibre à l’ensemble.

Ce diptyque est sans conteste une tragédie : les codes y sont respectés, le pathétisme y est omniprésent et la chute finale est en adéquation avec ce qu’on attend d’elle. Et même si j’aime la tragédie, je crois que ce qui m’a manqué ici c’est la lutte. Les héros de tragédies acceptent leur destin mais ils ont une aura héroïque tout au long de leur épopée. Ils sont prêts à mourir pour leurs convictions comme pour leurs erreurs mais sans être complètement passifs. Et ce qui fait que je n’ai pas eu l’étincelle, c’est sûrement cette passivité pernicieuse. Je comprends le choix et il a d’ailleurs très bien marché sur son public cible, public que je n’étais pas. Alors, comme pour le premier tome, j’ai lu ce livre sans problème, assez rapidement, c’était sympa mais ça s’arrête là.

Ma conclusion est donc un peu la même que celle du premier tome : les âmes torturées de très jeunes adultes, ce n’est plus pour moi, en tout cas, pas sur deux tomes lus l’un derrière l’autre.

PS : je n'ai clairement pas prévu de lire le préquel, mais, comme finalement, l'âme qui aime se torturer en terme de lecture, c'est moi, je crois qu'il ne faut pas que je dise « jamais ».

Avis Ashes falling for the Sky Tome 1
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

dimanche 11 juin 2023

Ashes falling for the Sky, Tome 1 de Nine Gorman et Mathieu Guibé

Parce que ma PàL pouvait attendre (non), j'ai craqué l'an dernier et ai décidé de me lancer dans cette saga que je voyais passer partout. Si je l'ai fait, c'est principalement parce que Nine Gorman et Mathieu Guibé sont des noms qui me rappellent mes débuts dans la blogosphère, cette duce époque où les blogs et booktube rythmaient nos quotidiens littéraires. La nostalgie a beaucoup joué dans cette décision a d'ailleurs pas mal influencé mes autres lectures de 2022 (oui, on en est encore à un an de retard côté avis lecture).



Quatrième de Couverture
Sky rentre à l'université et, bien décidée à se défaire de sa réputation de fille sage, entame une relation sans lendemain avec Ash, un séduisant rebelle. Elle ne tarde pas à découvrir la part d'ombre de ce garçon qui a connu le pire.

Mon avis
Sky débarque à l’université bien décidée à réinventer sa vie pour fuir les chaînes de son adolescence. Lorsqu’elle rencontre Ash, bad boy notoire, elle se dit que c’est un bon moyen de se jeter dans le grand bain. L’échec qui en découle ne l’empêche pas de poursuivre sa nage. Seulement, se réinventer lorsque les blessures sont encore à vif n’est pas si simple.

Ashes falling for the Sky est une romance qui réunit absolument tous les clichés du genre : la fille mignonne qui va surprendre le bad boy à l’âme profonde, le golden boy complètement toxique qui permettra au bad boy d’être héroïque, les drames de la vie s’empilant les uns sur les autres pour créer de la profondeur chez les personnages, … Ils sont tous là et sont même annoncés dès le départ par les auteurs parce que c’est complètement leur choix. Nine Gorman et Mathieu Guibé ont fait le pari de se lancer dans la romance en utilisant tous les stéréotypes à condition d’écrire un livre qui leur ressemble.

Ashes falling for the Sky est un ensemble de drames, d’obstacles, de douleur et de larmes. Tout y est sombre pour contraster avec la lumière qui naît de la relation entre Sky et Ash. Que ce soit à travers ce qu’ils vivent ou ce qu’ils ressentent, il n’y a que ce qu’ils vivent ensemble qui leur permet d’inspirer un peu d’air avant de retourner vers les profondeurs de cette tragédie moderne. C’est la force et, paradoxalement, la plus grosse faiblesse de ce roman. Les instants de bonheur que vivent ensemble les personnages créent une dépendance qui devient suffocante pour le lecteur : si leur relation n’est pas toxique par essence, elle est leur seule raison d’exister et ça n’a pas bien fonctionné sur moi.
Cette interdépendance permet aux auteurs de mettre en place une relation qui ramène de la lumière dans la vie des personnages : ils s’aiment, se comprennent et se font du bien l’un à l’autre. Ce choix apporte la possibilité d’exploiter l’espoir et la force que peuvent générer les gens chez les autres et vice versa. Seulement, ce parti pris s’est rapidement heurté à mes limites personnelles. Si je comprends le choix artistique, il ne m’a pas conquise, et c’est aussi ce qui fait que la plupart des romances ne m’attirent pas : je préfère l’indépendance. J’aime voir un personnage façonner son bonheur de manière durable grâce aux autres sans que ces autres deviennent le facteur « si et seulement si ».
Alors oui, cette dépendance est aussi la force de ce roman puisqu’elle est là pour servir l’écriture qui s’appuie sur la noirceur de l’âme mais on s’y enfonce beaucoup trop de façon gratuite selon moi. Sky et Ash ont ainsi arrêté de me toucher après la moitié du livre. Lire des âmes torturées dont la seule raison d’exister dans un bouquin est d’être définies par ça, ce n’est pas ce que je préfère.

Au-delà de ça, Ashes falling for the sky a été un page turner que j’ai lu sans difficulté, j’ai bien aimé avancer dans les chapitres grâce à une écriture agréable même si le style très centré sur l’apitoiement a fini par me lasser en tournant en rond. Je savais dès le départ que je n’étais pas vraiment le public cible du bouquin mais, sans attente, j’ai pu apprécier ma lecture sur l’instant même si avoir quelques années de moins aurait sûrement fait de moi une lectrice plus adéquate. Et, si l’écriture des auteurs n’est pas parfaite, elle est largement à la hauteur et même plus pour le genre : il y a un effort de style, du français correct et un enchaînement fluide des événements.

Si la romance young adult et les vies pleines de drames vous plaisent, vous pouvez vous lancer dans cette duologie sans problème.

Avis Ashes falling for the Sky, Tome 2
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

samedi 10 juin 2023

En route pour l'avenir de Sarah Dessen

Un jour, je chroniquerai dans les temps mais, pour l'instant, j'en suis encore et toujours à rédiger des avis sur mes lectures de... mi-2022. Ces lectures sont pour la plupart floues dans ma tête mais ça me permet d'aller directement à l'essentiel : qu'est-ce que j'en ai retenu ? Ici, c'est un livre que j'ai lu suite au visionnage de son adaptation sur Netflix. Comme souvent, c'était pas le choix de lecture le plus éclairé du monde.



Quatrième de Couverture
Auden, adolescente introvertie, intello et ultra maîtrisée, découvre l'espace d'un été qu'elle est aussi une jeune femme pleine de désirs et d'envie de légèreté…

Auden est une adolescente parfaite : brillante, jolie, mature, elle a tout pour faire le bonheur de sa famille. Mais sous cette apparence se cache une jeune fille perdue, mal dans sa peau et déboussolée par le divorce de ses parents. Décidée à noyer sa vie dans ses lectures, Auden en oublie presque de vivre. Jusqu'au jour où elle rencontre Eliot, un jeune homme qui partage sa solitude et ses insomnies.

Mon avis
En route pour l’avenir est un roman adolescent traitant de sujets variés, plus ou moins complexes, où les personnages apprennent à vivre avec leurs problèmes et à se construire au fil des pages. Un léger effort de mise en place de stéréotypes pour ensuite les casser, mais qui n’est pas suffisant pour équilibrer l’ensemble des clichés du livre.

L’histoire n’a rien de novateur, le style non plus, mais elle suffit à passer un bon moment sans pour autant laisser une marque indélébile. J’ai lu ce roman après avoir vu le film adapté qui est suffisamment fidèle à l’œuvre originale. J’aurais honnêtement pu me contenter du film compte tenu de la taille de ma PàL.

Une histoire sympa, adaptée aux vacances, mais pas inoubliable et qui aurait pu être remplacée par n’importe quel autre livre pour la lectrice que je suis. J’aime bien lire de temps en temps ce genre de roman, il faut simplement que je n’en n’abuse pas.

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

jeudi 2 février 2023

Rival de Maxandre Chamarré

Rival est le premier roman que je lis sur Wattpad. C’est en découvrant la plume de Maxandre Chamarré avec sa nouvelle Judith, sur Fyctia, que j’ai atterri sur son histoire, friande de son style et voulant découvrir ses autres écrits.



Quatrième de Couverture
« Si Thomas n’avait pas existé, j’aurais été seule avec mes rêves et mes rages.
J’avais besoin de lui pour traquer mes ambitions et dépasser mes limites.
»
Pour elle, c'est la gloire ou rien. Pour lui, seule la victoire compte.
Éternels rivaux, Charlie Williams et Thomas Buchanan sont prêts à tout pour réaliser leur rêve.
Narcissique et médisante, Charlie est déterminée à obtenir la gloire sur scène. Sûr de son talent et de son succès, Thomas est persuadé de devenir célèbre grâce à sa musique. Les deux lycéens ont le même objectif : remporter les Finals, le plus prestigieux concours de musique des États-Unis.
Entre rivalité, compétition, coups bas et attirance mutuelle, qui de Charlie ou de Thomas l’emportera ?

Mon avis
Charlie Williams joue tout son avenir sur LE concours national de musique de son année de terminale. Bouffée par l’ambition, elle est prête à tout pour atteindre son rêve de gloire. Elle est surtout déterminée à écraser son rival de toujours, Thomas Buchanan, qu’elle déteste de toute son âme. Rivaux depuis des années, ils se barrent la route sans respecter le moindre code d’honneur. Mais ils sont aussi conscients que c’est cette rivalité qui leur permet de se dépasser. Jusqu’où seront-ils prêts à aller ?

La romance n’est clairement pas mon genre de prédilection et c’est pour l’écriture que j’ai plongé dans cette histoire. Nous sommes clairement face à ce que les adaptes du genre appellent un « enemies to lovers », on se dit donc qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil de la littérature : deux adolescents américains, un concours, un « je te déteste mais en fait… »

Sauf que.

Rival c’est l’histoire de deux personnages à la morale douteuse, au narcissisme dévorant et au caractère jonché de défauts. Certes, Charlie et Thomas vont évidemment tombés dans les bras l’un de l’autre mais il n’y a pas que ça. Dans ce roman, il y a un aspect génial qui change des quelques enemies to lovers que j’ai pu lire : jusqu’au bout, les deux personnages principaux font de leurs objectifs une priorité absolue. Et c’est là, pour moi, tout l’intérêt de cette lecture : les personnages restent pour une fois fidèles à eux-mêmes et continuent à se battre l’un contre l’autre, sans se faire de cadeaux, parce que « moi je » est et a toujours été leur priorité. C’est bien plus humain et ça fait du bien de voir des protagonistes qui restent accrochés à leurs rêves d’une vie. L’ambition ne se balaie pas après quelques échanges humides.

L’histoire en elle-même n’est pas novatrice mais le questionnement du sens moral dans une romance a un côté ultra rafraîchissant. Et, il faut le dire, l’écriture de Maxandre Chamarré apporte le second point fort du roman.

Je n’ai lu que la version Wattpad lorsqu’elle était encore disponible il y a plusieurs mois et elle était déjà très bien écrite et construite. Je suppose donc que la version éditée ne peut être que bonne. Je ne pense pas la lire mais je vais par contre suivre avec attention les prochains écrits de Maxandre Chamarré.

« Enchaînée à un piano depuis mes cinq ans, je pensais en battements par minute. »

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mardi 31 janvier 2023

Tour B2 mon amour de Pierre Bottero

J’ai découvert Pierre Botero dans ma tendre jeunesse et mon petit cœur s’est brisé lors de sa disparition. Aujourd’hui adulte, je prends toujours plaisir à lire ou relire ses livres. Tour B2 mon amour m’a été vivement conseillé par une amie chère à mon cœur.



Quatrième de Couverture
« Je vous amène la nouvelle élève.
Silence total.
Tristan avait une drôle de boule nouée à l'intérieur du ventre. Une boule faite d'un sentiment étrange qu'il n'avait pas envie d'analyser.
Pas encore. »

Dans la rue de Vienne où se dresse la tour B2, un premier amour s'écrit sur le béton.

Mon avis
Tristan vit dans une cité grise et froide où la vie n’a rien de surprenant, où il s’englue dans son quotidien. Il navigue à travers l’adolescence en essayant de ne pas se laisser entraîner dans les coups foireux de ses copains. Le jeune garçon est à cette étape de sa vie où se fondre dans la masse et appartenir à un groupe relève de l’acte de survie.
Puis Clélia débarque dans sa vie. Elle dénote des autres habitants de la cité et sa différence percute Tristan de plein fouet. Avec ce premier amour, le jeune adolescent va peu à peu se découvrir et s’affirmer.

Lorsque Tour B2 mon amour débute, Tristan vit une scène typique de son quotidien, un coup de feu pour lequel « Tristan ne se donna pas la peine de rentrer la tête dans les épaules. Aucune raison de s’inquiéter, il savait ce qui se passait. » Et, quelques instants plus tard, il rencontre Clélia : « – Pourquoi avoir commis cette atrocité ? Tristan sursauta. »
L’arrivée de Clélia dans la vie du jeune garçon chamboule son monde. Son quotidien sans surprise devient une fourmilière de questions, d'émotions et, surtout, de mots. Cette nouvelle amie bouscule ses certitudes et il explore des chemins qu’il n’avait même pas remarqués avant.

Dans ce roman, Pierre Bottero aborde une multitude de sujets qui traitent de l’adolescence : le premier émoi, la peur d’être montré du doigt, les amitiés qui se délitent, la mince ligne entre l’inattention et le décrochage scolaire, l’uniformisation des codes sociaux… On est sur un vrai bon roman jeunesse qui accompagne le lecteur et lui montre qu’il n’est pas seul avec des préoccupations.
Et puis il y a aussi les jeux littéraires, qui ne se cachent que peu à travers les pages. Le lecteur, comme Tristan, apprend petit à petit à laisser les mots venir à lui sans entraver leur cheminement.

Tour B2 mon amour est un roman tout doux, ou presque, qui s’adresse aux adolescents sans les dénigrer, qui leur montre que ce qu’ils ressentent est important. Il traite de l’amour bouleversant de l’adolescence, sous toutes ses facettes dans un environnement qui semble ne laisser que peu de place au rêve. Et c’est ce qu’apprend Clélia à Tristan : les rêves sont permis, ils réchauffent l’âme, qu’ils puissent devenir réalité ou non.

« […]Tristan ?
– Oui ?
– Pourquoi n’existes-tu que lorsqu’il n’y a personne ?
Tristan ne put s’empêcher de sursauter.
»

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vendredi 27 janvier 2023

Famille de Lydie Salvayre

Lydie Salvayre est une autrice que je voulais lire depuis des années : souvent au rendez-vous de la Comédie du Livre de Montpellier, j’ai toujours été curieuse de découvrir sa plume et c’est désormais chose faite.



Quatrième de Couverture
« Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère. »

Mon avis
À l’intérieur de cette famille, trois êtres vivent ensemble sans se comprendre, sans réussir à communiquer. Autour de la maladie du fils, nous suivons la descente aux enfers de cette maison, sentant venir la chute qui échappe aux parents, incapables de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de leur fils.

Famille est un court roman angoissant où trois voix dissonantes se mêlent sans suffisamment se croiser pour entrer en harmonie.
Le père nie complètement la maladie de son fils, le rabaisse, ne comprend pas son état apathique : il est l’incarnation de la société qui pousse à la productivité, au travail. La mère, elle, noie l’état de son fils dans une autre forme de déni : elle est persuadée que l’amour étouffant d’une mère suffira. Elle ne réagit réellement qu’à travers son feuilleton quotidien préféré, déversant sa haine et sa frustration sur une fiction, son seul exutoire. Enfin, le fils s’enfonce un peu plus chaque jour dans les ténèbres de sa maladie, suffoque entre les reproches de son père et le calfeutrage de son être constant de sa mère. Ses parents étouffent chacun à leur manière ses cris de détresse, faisant peu à peu monter la pression en lui sans s’en rendre compte. Jusqu’à l’explosion.

Lydie Salvayre nous livre un récit angoissant où on comprend presque plus aisément la voix du fils que celles de ses parents, où on s’enlise dans les méandres de cette existence faite de souffrance qui sinuent au fil des pages comme du poison. Le livre se lit d’une traite, la respiration difficile, l’angoisse posée sur l’épaule et le besoin d’aller au bout pour que la souffrance qui suinte à travers les pages prenne fin.
C’était une lecture éprouvante, de celles qui compriment la poitrine par les mots, par le rythme ainsi que le message.
Pour une première lecture, c’est une réussite : même si j’ai eu mal au cœur et au corps, elle fait ressentir des tas d’émotions et c’est ce que j’aime.

« Je me sens dit le fils d’une humeur homicide. Je roule la vengeance au gouffre de mon cœur. Un bon assassinat me détendrait les nerfs. »

« L’esprit est mort l’esprit est mort l’esprit est mort clame le fils au désespoir. L’esprit est mort ainsi que Dieu. Il ne reste plus que son suaire. Parfois la mère est dépassée par les réactions de son fils. Heureusement il y a le Haldol, cinquante gouttes matin midi et soir. Le psychiatre a dit qu’en cas d’agitation on pouvait augmenter les doses. Ce qu’elle fait régulièrement, pauvre poussin. »

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mercredi 25 janvier 2023

Forever BITCH de Diglee

J'acheté cette BD d'occasion en souvenir des strips de Diglee que je lisais à l'époque où elle en mettait énormément sur son blog. Son style a pas mal évolué mais c'est toujours chouette de faire un petit retour en arrière.



Quatrième de Couverture
Louise, bientôt la trentaine, en couple, partage ses drames émotionnels avec son BGF (Best Gay Friend) et ses deux meilleures potesses aux caractères diamétralement opposés : Maud, Mère Teresa du plan cul depuis sa rupture avec l’ex-potentiel-homme-de-sa-vie, et Audrey, maquée avec son prince charmant… au grand dam de Maud, viscéralement mais secrètement jalouse de tant de niaiserie doucereuse.

Mon avis
Forever BITCH est une BD qui suit trois amies dans la fin de la vingtaine avec leurs doutes sur leurs vies amoureuses et ce qu’elles attendent vraiment des relations. Une sorte de Sex and The City dessiné moins chic que la série car plus vrai.

Cette BD ne m’a pas fascinée dans le fond, sûrement parce que je l’ai lue à un moment de ma vie où je ne suis plus le public cible. Pourtant, sous une apparente légèreté, Diglee dresse le portrait de trois jeunes femmes que tout semble opposer alors qu’elles sont finalement préoccupées par les mêmes choses. L’humour y est parfois subtil, parfois cru, comme dans la vraie vie et c’est agréable à lire. Le trait de Diglee est très expressif, on peut lire les scènes et les personnages sans même se pencher sur les mots. J’ai beaucoup aimé retrouver son style qui m’avait déjà bien plus à travers les strips lus sur le net.

Les ingrédients sont réunis pour fonctionner mais je pense que j’ai juste lu cette BD trop tard. Cela ne m’empêchera pas de poursuivre ma découverte de ses ouvrages, notamment à travers ses romans que j’ai bien envie de lire. Une BD rafraîchissante pour ceux qui aiment ce genre d’histoire.

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mardi 24 janvier 2023

Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie, c’est un coup de cœur littéraire depuis que j’ai lu Americanah. J’ai lu quelques-uns de ses essais que j’ai trouvés fascinants de justesse et j’accumule pas mal de ses œuvres dans ma PàL. Regardant régulièrement ses ouvrages en librairie, j’ai trouvé Notes sur le chagrin dont le résumé m’a tout de suite happée.



Quatrième de Couverture
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l’amour et l’admiration qu’elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l’histoire du Nigeria. S’il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l’œuvre de l’autrice, il s’est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l’université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu’il était, son « dadounet originel ».
La perte se voit ainsi transcendée par l’amour et la transmission.

Mon avis
Durant le confinement de 2020, Chimamanda Ngozi Adichie a perdu son père. Depuis les Etats-Unis, elle a vécu un choc terrible, une perte immense lors d’une période critique où son deuil est vite devenu insurmontable. Assaillie par le chagrin et la colère, elle a couché sur papier des bribes de ses émotions violentes, parcourant les longs mois d’attente avant de pouvoir enfin mettre son père en terre.

Notes sur le chagrin résonne comme un hommage à ce père que Chimamanda Ngozi Adichie aime, admire, toujours solide à ses côtés. À travers les chapitres, elle partage des souvenirs qui dressent le portrait d’un homme bon, juste, encourageant, inspirant. Un père qui l’a toujours soutenue et poussée à être la meilleure version d’elle-même. Il était son roc, cet être inébranlable sur qui elle pouvait se reposer mais aussi dont elle s’inspirait. Le vide qu’il laisse dans sa vie est immense et c’est la colère qui prend le pas sur le chagrin pour combler cette absence mais aussi la cruelle distance. Parce que Chimamanda est aux Etats-Unis, en plein confinement, et elle ne peut faire son deuil de ce pilier disparu au Nigeria. Elle ne peut intégrer pleinement sa perte, coincée à des milleirs de kilomètres, dans un contexte où tout semble en suspend : c’est donc sa rage qui s’accroche durablement à son corps.

Comme toujours, la plume de Chimamanda Ngozi Adichie m’a captivée. Son style sans détour est d’autant plus fort ici que la colère qui l’habite fusionne avec ses mots et les rend plus percutants encore. Les chapitres sont courts et construits en vagues de montagnes russes, à l’image de la fluctuation de son chagrin : certains sont doux à travers les souvenirs, comme un cocon, d’autres se terminent en chutes brutales. Ces chutes reflètent à la perfection la façon dont le chagrin peut nous prendre par surprise sur le chemin du deuil, lorsqu’un bon souvenir nous rappelle avec cruauté qu’ils seront tous au passé désormais et plus jamais au présent.

Notes sur le chagrin est un cadeau doux amer, une lecture forte, douloureuse mais tellement belle. C’est aussi un témoignage d’une époque, de cette terrible année 2020 où nos vies ont été impactées à bien des niveaux et où nos deuils ont été plus lourds à porter. Encore une fois, Chimamanda Ngozi Adichie a capturé mon esprit pour y imprimer ses mots et je lui en suis reconnaissante.

« Je regarde mon père de tous mes yeux. J’ai du mal à respirer. C’est cela que ça signifie, état de choc, quand l’air se transforme en colle ? »

« Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c’est chose opaque. Son poids est plus lourd le matin, après le sommeil : un cœur de plomb, une réalité obstinée qui refuse de bouger. »

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dimanche 22 janvier 2023

Trois mètres au-dessus du ciel de Federico Moccia

J’ai vu le film Twilight Love ado et, comme souvent, j’ai eu envie de lire le livre dont a été tirée l’histoire. Manque de pot, il s’agit d’une trilogie rassemblant plus de 1500 pages que j’ai lue… Et que je n’ai pas aimée ! Mais, comme toujours, quand je commence un bouquin, je ne peux m’empêcher d’aller au bout.



Quatrième de Couverture
Jeunes et déchaînés, ils s'aiment
jusqu'à décoller de terre,
jusqu'à toucher le ciel.
Plus que ça.
Au moins.., trois mètres au-dessus du ciel !
Mais ils ne sont pas seuls: il y a le lycée,
les parents, la bande de copains qui dérape
et franchit les limites...

Mon avis
Trois mètres au-dessus du ciel raconte l’histoire de Step et Babi, deux adolescents que tout semble opposer et qui tombent amoureux, d’un amour fou et passionnel. Ils se changent l’un l’autre, de la bonne façon, se permettant de se découvrir et de cheminer vers le grand escalier de la vie d’adulte. Seulement, les marches ne sont pas communes à leurs chemins respectifs et Babi choisit de prendre son envol seule pour éviter les déchirements qu’elle sent venir à cause de leurs différences.
Si le premier tome traite avec passion de ce premier émoi adolescent, les suivants illustrent tout ce qu’il y a de toxique entre les deux adultes que deviennent Step et Babi. Ils se retiennent l’un l’autre dans leurs travers alors qu’ils vivent des vies séparées. Step passe son temps à tout ramener à Babi qui, elle, semble se délecter de l’emprise qu’ils ont l’un sur l’autre à chacun de ses détours dans sa vie.

Au-delà de l’histoire, c’est aussi l’écriture qui m’a perdue. Le style est incisif par moment, jusqu’à vulgaire, et tout en rondeur parfois sans que j’y trouve un réel équilibre. Et c’est long. C’est atrocement long à la lecture. Les longueurs sont déjà présentes dans le premier tome, deviennent plus invasives dans le deuxième pour finir par étouffer le fil du récit dans le troisième. On sent que l’auteur avait tout le détail de son récit en tête et qu’il n’a pas cherché à trouver, encore une fois, le juste équilibre.

Et puis, pour la fin… J’ai eu l’impression de voir un mauvais film où, pour réunir les deux amoureux destinés l’un à l’autre, il fallait que la décision soit prise par le destin. Pousser les personnages à choisir de se réunir par eux-mêmes semblait faire mal à l’auteur : Step serait potentiellement passé pour un mauvais bougre, quittant femme et enfant pour Babi… Alors que, non, il aurait simplement été humain. Mais non, la vie c’est blanc ou noir, il ne fallait surtout pas que son héros choisisse, il fallait que la vie lui offre sur un plateau la mort de sa femme ainsi que la bénédiction de cette dernière pour toucher le bonheur qu’il a toujours mérité… Non, c’est bien pire ainsi à mes yeux.

C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas savoir abandonner une lecture. Quoi qu’il m’en coûte, je vais au bout. Au mois, cette fois, je me suis permis de lire la moitié des pages en diagonale !
Je ne saurais dire si cette trilogie est mauvaise ou si c’est juste mon ressenti qui me pousse à ne voir que le négatif. Tout ce que je peux conseiller est de se contenter du film bien mielleux adolescent ou encore de la récente adaptation de Netflix avec la série italienne du même nom, qui prend énormément de liberté pour le bien de tous.

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jeudi 19 janvier 2023

L'Expiation de Christelle Lebailly

J’ai découvert Christelle Lebailly à travers ses vidéos YT, à une époque où l’écriture me démangeait à nouveau les doigts. J’ai eu envie de découvrir son univers. Je lis très peu de romans auto-édité et je ne regrette pas d’avoir choisi celui-là. La mise en page est soignée, le texte bien calibré, de quoi rappeler qu’il est possible de sortir du schéma traditionnel de l’édition pour faire vivre ses histoires.



Quatrième de Couverture
On sait peu de choses sur Ashland, cette petite ville minière de Pennsylvanie qui n’en finit pas de se morceler, engloutie par les galeries qui courent dans son sous-sol. Pas de page internet ni de contacts extérieurs ; à croire que rien ne sort de la vallée.

Ainsi, lorsque Jessica y débarque pour vivre chez sa grand-mère, elle découvre une femme à l’image de la bourgade : pleine de froideur, de regards inquisiteurs, et de secrets. L’adolescente se retrouve confrontée à une communauté pieuse, où les traditions font office de lois, et rapidement, les mystères s’accumulent. Pourquoi les mines effrayent-elles tant les habitants, et pourquoi sa grand-mère refuse-t-elle de parler de la mort de son père, survenue dix ans auparavant ?

Jessica l’ignore, mais un compte à rebours a été enclenché dès son arrivée. Des murmures parcourent les bois, tandis que des tambours résonnent sous la terre.

L’Expiation approche, et l’heure du sacrifice a sonné.

Mon avis
Jessica est envoyée à Ashland chez sa grand-mère paternelle par sa mère qui préfère se consacrer à son copain du moment. La lycéenne découvre une ville où les habitants épient chacun de ses gestes et une grand-mère aussi froide que les lieux qu’elle intègre. Au sein de cette communauté pieuse et oppressante, Jessica prend conscience peu à peu de la folie qui anime la ville, alors que les visages se craquèlent au même rythme que les rues de la bourgade. La ville semble prête au sacrifice, dans la plus pure tradition barbare : les jours de Jessica sont comptés.

L’Expiation est un thriller fantastique au sens initial du genre : jusqu’au bout on se questionne, on se demande si les événements ont une explication rationnelle ou non. Ashland semble figée dans le temps tout en se délitant rapidement. L’ambiance y est sombre, humide et oppressante. L’oppression devient petit à petit étouffante, on suffoque, pris à la gorge, on cherche une bouffée d’air salvatrice jusqu’à la toute fin. Et lorsqu’on finit par inspirer un grand coup, c’est la chute finale, l’estocade fatale qui nous laisse en équilibre au bord du précipice.

Tout au long de ma lecture j’ai eu l’impression d’être plongée dans une histoire rappelant Le Village, film des années 2000 que j’avais beaucoup aimé.
Tous les éléments nous poussent à nous plonger dans cette ambiance, à sentir que les habitants d’Ashland cherchent à garder entre leurs griffes les jeunes générations. Jessica, elle, nous permet de comprendre au fil des pages ce qu’il se trame en ces lieux. Ou presque. J’ai à un moment été persuadée d’avoir compris la plupart des rouages de l’intrigue, voyant même dans la couleur de cheveux de Jessica un clin d’œil au film de Shyamalan. Et si j’avais effectivement compris certains détails, d’autres aspects m’avaient échappé et c’est tant mieux ! J’ai aimé le rythme de l’histoire, allant crescendo, ainsi que le fait de ne pas être plongée dans la psychologie des personnages secondaires : le récit se veut court et il fonctionne tel quel. C’est la vision de Jessica qui nous permet de suivre l’intrigue et elle n’est pas là pour entrer dans la tête de ses voisins : elle veut survivre, les fuir et on la comprend. Un poil de développement supplémentaire m’aurait cependant plu, notamment sur la ville et certains de ses rouages.

Enfin, le vrai point fort de ce roman est le style d’écriture très descriptif : il entre pile dans la catégorie que j’apprécie. Si la psychologie des personnages est survolée, le décor, lui est personnifié. Et c’est ce qui m’a plu : j’aime quand les lieux prennent le pas sur les protagonistes dans ce genre de roman. Après tout, Ashland est sûrement LE vrai personnage principal de L’Expiation, celui qui fut, qui est et qui sera après tous les autres. C’est un choix qui laissera sûrement quelques lecteurs au bord de la route mais qui m’a tendu une main que j’ai prise sans hésiter.

« Le froid. Il avait recouvert tous les murs d’une pellicule d’eau, et il ne se trouvait pas un objet qui ne soit pas moite. La tapisserie puait l’humidité, et des pots-pourris étaient placés à intervalles réguliers dans des coupelles en cristal pour dissiper l’odeur de moisi. Toutes les maisons du quartier se décomposaient-elles ainsi ? Ashland était connue pour avoir un climat très pluvieux, et ce, peu importe la saison. Et si ce n’était pas des torrents d’eau qui s’abattaient, c’était un brouillard opaque, chargé d’humidité, qui s’infiltrait dans les rues. La ville devenait alors une cité fantôme, invisible depuis le ciel. »

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mardi 17 janvier 2023

Le Livre des Etoiles, Tome 4 : La Boussole des Trois Mondes de Jimmy Blin

J’ai découvert par hasard la sortie d’un tome 4 du Livre des Etoiles en janvier 2022, juste quelques jours avant sa sortie. Cette saga de ma jeunesse, que j’avais adorée, se voyait offrir une suite près de 20 ans plus tard ! En deux clics, j’ai trouvé quelques infos et j’ai été bien surprise de voir qu’il s’agissait d’une fan fiction… En librairie, quelques jours plus tard, j’ai pris le livre dans mes mains et ai lu la préface écrite par Erik L’Homme. Cela m’a convaincue et je l’ai acheté !
J’ai d’abord relu la trilogie d’origine, chose que je n’avais pas faite depuis plus de 15 ans. J’y ai retrouvé de chouettes personnages, une épopée fantastique pour un jeune public et une bonne partie de mes vieilles émotions. Puis, j’ai foncé tête baissée dans le tome 4 que j’ai lu en une matinée.
Le Livre des Etoiles, c’est une bonne partie de ma vie de jeune lectrice.



Quatrième de Couverture
L'Ombre, l'ennemi juré du Pays d'Ys n'est plus ! Chevaliers, Sorciers et habitants célèbrent ensemble la paix. Mais la fête est de courte durée: Guillemot de Troïl, qui a sacrifié ses pouvoirs magiques pour vaincre la créature maléfique, a disparu. Seul le Vieux Compas, une boussole légendaire, permettra de retrouver la trace du jeune Apprenti. Une poignée d'irréductibles, accompagnés de Maître Qadehar, se lancent à sa recherche pour sauver leur ami Guillemot.

Mon avis
L’Ombre n’est plus depuis deux ans. Cela fait aussi deux ans que Guillemot de Troïl a disparu, envolé de son lit d’hôpital juste après sa victoire contre l’Ombre. Depuis, ses amis et sa famille n’ont de cesse de le chercher mais aucune trace de lui ne subsiste au Pays d’Ys.
Kushumaï la Chasseresse a pourtant une dernière idée : réunir les fragments du Vieux Compas, objet légendaire qui tend vers le mythe, dont la magie pourrait localiser Guillemot. L’heure est venue de vivre une ultime quête.

Le défi était risqué mais Jimmy Blin a su le relever. A partir d’une trilogie qui a marqué toute une génération il a su faire naître une suite qui tient la route, tant dans le fond que dans la forme. Il n’est finalement pas risqué de dire qu’il a rendu un bel hommage à Erik L’Homme.

Jimmy Blin a utilisé les éléments de la trilogie d’origine pour donner vie à une nouvelle aventure. Il a reproduit les codes de la saga et a su rester fidèle à l’ambiance de départ, à l’essence des personnages. Le schéma narratif est le même, tout comme la construction des chapitres ainsi que les messages véhiculés par le récit. C’est d’ailleurs un choix à double tranchant : on aime ou on déteste. Quand il s’agit d’une suite officielle ou non écrite par une autre personne, il faut faire ce choix : garder le même rythme ou en adopter un nouveau. Jimmy Blin a choisi de calquer son histoire sur celle d’origine et ça a parfaitement fonctionné avec moi.
On retrouve les chapitres courts, les ellipses régulières notamment lors de situations critiques et toute la fougue de la jeune bande d’amis. Une ambiance fidèle au Livre des Etoiles de notre jeunesse, qui n’a d’ailleurs pas trop mal vieilli. Le récit ne détonne clairement pas dans la littérature jeunesse, de quoi s’adresser aux vieux fans comme moi mais aussi à une toute nouvelle génération.
Le style de Jimmy Blin se rapproche assez bien de celui d’Erik L’Homme, si ce n’est qu’il manque encore un chouia d’aisance sur quelques tournures de phrase par rapport au maître en la matière : s’adresser à un public jeune sans simplifier son langage et en trouvant la juste tournure est un exercice complexe. Erik L’Homme maîtrise cette pirouette à la perfection mais Jimmy Blin a su s’en rapprocher de très près.

Enfin, l’intrigue était chouette. Peut-être un poil simple et rapide mais elle a été menée en un seul tome contre trois il y a 20 ans, ce qu’il faut noter. Je regrette seulement le manque de présence de Guillemot, principalement par nostalgie, cette absence servant très bien le récit. Ceci dit, cela ouvre une nouvelle fois la porte des possibles. Jimmy Blin nous rappelle aussi avec ce tome 4 qu’il n’est pas interdit de rêver et, surtout, d’imaginer sans limite une suite à nos œuvres préférées une fois la dernière page lue.

Une suite à lire pour les fans, avec la bénédiction d’Erik L’Homme en prime !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture sur la Trilogie
Les avis des Accros & Mordus de Lecture sur le Tome 4