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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

jeudi 23 novembre 2017

Entre deux mondes d'Olivier Norek

Chronique tardive mais les émotions sont toujours aussi fortes quand je repense à cette lecture. J'ai découvert avec ce roman Olivier Norek et je ne compte pas m'arrêter là !



Quatrième de Couverture
Adam a découvert en France un endroit où l’on peut tuer sans conséquences.

Mon avis
Rien n’était censé faire se croiser Adam, ancien flic syrien et Bastien, flic français. Rien si ce n’est la guerre civile qui secoue la Syrie et la zone de passage qu’est la Jungle de Calais pour les réfugiés qui aspirent à de jours meilleurs en Angleterre. Rien si ce n’est une série de meurtres qui attirent le regard de ces deux hommes aux destins qui se mêlent, ces deux hommes qui sont les seuls à s’intéresser à ce qu’il se passe réellement dans cette Jungle, l’un de l’intérieur, l’autre de l’extérieur.

Entre deux mondes est une vraie claque qui continue de résonner des jours durant, qui se digère difficilement et qui fait qu’on ne peut plus aborder l’histoire des réfugiés sans serrer les dents de tristesse.

J’ai commencé ce livre sans savoir de quoi il parlait, en ne lisant que la quatrième de couverture et je ne m’attendais pas à une telle explosion de sentiments, à un bouleversement si intense ou un sujet si poignant.

Olivier Norek nous plonge avec réalisme dans cette Jungle de Calais où sont parqués ces réfugiés qui cherchent par tous les moyens à traverser la Manche. Venus de différents continents, ils aspirent à trouver une vie nouvelle, loin de l’horreur qui gangrène les pays où ont poussé leurs racines. Avant de livre ce livre, on sait que les choses sont moches, violentes, inhumaines dans ce camp. On le sait, on le voit de loin et ça s’arrête là. Puis on lit les mots de Norek, on se retrouve face à des personnages certes, fictifs, mais construits à partir d’histoires vraies, des personnages qui servent à rendre hommage à toutes ces personnes qui ont foulé cette Jungle. Les coups, les viols, les mutilations, les pressions, les menaces, la peur constante, la faim, le froid… Rien ne nous est épargné et c’est tant mieux parce que ce qu’il se passe sur notre territoire est insoutenable.

Au milieu de la fiction, Norek nous donne des chiffres, des faits, des rouages du système français. On apprend comment il est possible que des gens fuyant l’enfer de leurs terres se retrouvent dans un no man’s land administratif afin que personne n’ait à être responsable officiellement de leurs vies. On pénètre dans cette Jungle où les lois sont un mélange de survie, de coutumes étrangères mais, surtout, une horreur sans nom où chacun essaie de s’en sortir au détriment des autres. Parce que ces personnes, ces êtres humains qui ont risqué leurs vies des années durant n’ont plus rien à perdre et n’ont qu’un espoir : se reconstruire ailleurs, quitte à détruire les autres. Rien à voir avec une nature profondément mauvaise : quand on a traversé l’horreur et qu’on y vit encore, les limites pour s’en sortir n’existent plus.

Flics, migrants, associations, riverains… Tout le monde a un jour le mauvais rôle mais chacun essaie de faire bouger les choses à travers son propre prisme. Tandis que d’autres profitent de la misère pour se faire de l’argent, comme les passeurs de migrants, ces vendeurs de rêve qui conduisent le plus souvent vers la mort.

Le premier chapitre est écoeurant, glaçant et il annonce clairement la couleur de l’ensemble de l’histoire qui, malgré l’espoir qui se construit au fil des pages, la sensation d’humanité qui persiste et se débat, n’aboutit qu’au triste constat que seuls une poignée de réfugiés réussit à atteindre l’objectif final. Certaines histoires s’éclaircissent mais des milliers d’autres sombrent de plus en plus vers les ténèbres du désespoir.

Je ne vais pas disserter sur l’intrigue ou les personnages : en quelques lignes, ce serait impossible et j’en révèlerais bien trop. Et puis, la fiction ne suffit pas à oublier qu’Adam, Ousmane, Kilani, Nora, Maya, … sont une multitude. Une multitude d’êtres humains qui sont ballotés au grès de leurs espoirs et des restrictions imposées par d’autres. Des centaines de milliers de personnes qui sont forcées de partir de chez eux pour espérer entrevoir un autre avenir, quitte à mourir en route plutôt que mourir oppressés.

On ne peut ressortir indemne de cette lecture, j’en suis encore toute retournée des semaines après ma lecture et je ne le regrette pas. Je conseille à chacun de lire Entre deux mondes mais faites bien attention à votre petit cœur.

Ce n'est pas le premier. La violence est partout puisque la pauvreté est immense. Tu ne peux pas mettre ensemble dix mille hommes, quasiment enfermés, tributaires de la générosité des Calaisiens et des humanitaires, sans autre espoir qu'une traversée illégale, et croire que tout va bien se passer. Des morts, il y en a toutes les semaines. Les No Border les traînent aux limites de la Jungle, devant les CRS, mais parfois ils sont simplement enterrés entre les dunes et la forêt. Si un jour ils rasent la Jungle, il ne faudra pas creuser trop profond.

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jeudi 19 octobre 2017

Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes

En ce moment, j'alterne pas mal entre nouveautés dans ma PaL et vieux bouquins qui y squattent depuis trop longtemps comme Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes que j'ai de côté depuis plus de deux ans. Et heureusement que je l'ai lu parce que c'est une pure merveille ♥



Quatrième de Couverture
Charlie Gordon a 33 ans et l'âge mental d'un enfant de 6 ans. Il voit sa vie bouleversée le jour où, comme la souris Algernon, il subit une opération qui multipliera son Q.I. par 3.

« Si l'opérassion réussi bien je montrerai a cète souris d'Algernon que je peu ètre ossi un télijen quelle et même plus. Et je pourrai mieux lire et ne pas faire de fotes en écrivan et aprendre des tas de choses et ètre comme les otres. »

Charlie va enfin pouvoir réaliser son rêve : devenir intelligent. Au jour le jour, il fait le compte rendu de ses progrès. Mais jusqu'où cette ascension va-t-elle le mener ?

Mon avis
Des fleurs pour Algernon est l’histoire de Charlie Gordon, trentenaire au retard mental important, dont la vie est faite de son travail sommaire dans une boulangerie, de ses cours pour adulte et de sa petite chambre. Il est heureux ainsi mais voudrait être intelligent. C’est comme cela qu’il est choisi pour subir une opération : sa volonté et son engagement en font le candidat idéal. À travers ses comptes rendus, depuis les jours précédents l’opération jusqu’à la fin de l’expérience, nous suivons le petit Charlie qui grandit d’un coup, en même temps que son QI, et qui découvre un monde nouveau qui ne lui convient finalement pas.

Daniel Keyes nous livrent une superbe critique de la société à travers le regard de Charlie qui, lorsqu’il prend conscience de la réalité qui l’entoure, comprend que le monde n’est pas à la hauteur de ce que l’on peut en attendre. En « devenant intelligent », Charlie remarque surtout les fourberies, les mensonges, le comportement altier de ses pairs et les faux-semblants. Tout impressionné qu’il était par ces gens intelligents, il se rend compte que c’est leur attitude qui laisse croire qu’ils sont des génies et non leurs véritables capacités. Il comprend aussi que les moqueries sont légions, que les gens cherchent toujours le bénéfice pour leur petite personne. Puis il se perd dans la folie de la recherche, dans le besoin de toujours en apprendre plus, de découvrir de nouvelles choses, de résoudre les mystères. Mais il a si peu de temps que cette course contre la montre perdue d’avancer finit par l’entraîner vers le gouffre de sa vie…

Parce qu’au fond, malgré ses nouvelles capacités, Charlie reste Charlie, cet éternel petit garçon malmené par la vie, dont les traumatismes restent ancrés en lui. La prise de conscience du monde autour est si brutale que le petit Charlie, enfoui au fond du nouveau Charlie, est effrayé. Et c’est cette dualité qui est au centre de cette histoire : au bout du compte, il n’y a pas deux Charlie mais bien un seul. Daniel Keyes nous montre que la société n’intègre pas les gens différents en tant qu’être humain : la société les tolère comme êtres vivants et c’est tout. Charlie en a conscience, lui, le trophée de ceux qui se considèrent comme ses créateurs alors qu’il existait bien avant son opération.

Des fleurs pour Algernon est une histoire touchante qui permet de se demander à quel moment on a choisi de définir la valeur des gens en fonction de leurs capacités intellectuelles : est-ce au moment où leur rendement économique était plus important ou était-ce avant ? Je parierais sur bien avant, parce qu’au-delà l’utilité d’une personne à la communauté, il y a aussi ce qu’elle représente : l’être humain au QI « normal » est l’incarnation de l’évolution de l’Homme, ce qui le sépare du reste des animaux. Pourtant, j’espère toujours, de façon utopique, je le sais, que les qualités humaines primeront un jour sur le reste, que ce ne sera pas l’intelligence ou l’utilité d’un individu qui en fera quelqu’un mais sa capacité à donner de l’attention, du temps et de l’amour sans condition autour de lui. Comme Charlie avant son opération.

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lundi 16 octobre 2017

Blade Runner de Ridley Scott (1982)

Et c'est reparti avec un Visionnage Commun sur A&M : Blade Runner, version 1982 ! L'avantage, c'est que je découvre aussi des films que je n'aurais jamais regardés seule !



Synopsis
Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour : les répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain. Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d'un vaisseau, les répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés "hors la loi". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire dans Los Angeles. Un agent d'une unité spéciale, un blade-runner, est chargé de les éliminer. Selon la terminologie officielle, on ne parle pas d'exécution, mais de retrait...

Mon avis
Blade Runner est un film de science-fiction assez librement adapté de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick (que je n’ai pas lu) et dont une suite vient tout juste de sortir au cinéma.

C’est à travers le Visionnage Commun A&M que j’ai découvert ce film où l’humanité lutte contre des androïdes qu’ils ont créés : la machine a fini par dépasser le maître. J’ai eu énormément de mal à suivre le scénario, je n’ai d’ailleurs rien compris à l’intrigue initiale. J’ai cependant complètement adhéré aux thèmes évoqués et au message principal du film : je sais, ne pas comprendre la base du film mais comprendre le message caché, c’est bizarre… Mais c’est comme ça !

Les différentes scènes s’enchainent sans réel fil conducteur, et c’est ce qui fait que j’ai rapidement perdu pied. J’ai eu beaucoup de peine à faire le lien entre les éléments, les scènes, les personnages. C’est un style de cinéma que je ne maîtrise pas et qui me le rend bien. J’ai cependant beaucoup aimé l’esthétique du film, ce côté punk/gore dans les costumes, mais aussi la lumière. Le film datant des années 80, j’ai aussi souvent eu le sourire en voyant la vision du futur qu’il y avait à l’époque : les gadgets, les écrans, l’utilité des objets… Tout m’a paru bien kitsch avec le point de vue bien actuel.

Concernant le thème, j’ai beaucoup aimé la question principale qui se détache du film : qu’est-ce qu’une âme ? Finalement, les androïdes menacent l’humanité parce qu’ils sont doués de réflexion mais aussi parce qu’ils commencent à développer des sentiments. Quand la machine devient un être à part entière, quand peut-on dire qu’elle possède une âme ? À travers tout une symbolique visuelle, cette question revient, incessante : l’apparition de licornes est LE symbole qui a fait tilt dans ma tête. Quoi de plus pur et mystique qu’une licorne pour représenter l’âme ? Et qui a dit que l’âme était uniquement une caractéristique humaine ?

Au-delà de la science-fiction, Blade Runner pose la question de l’âme chez l’être humain : est-ce que l’âme est là dès notre conception ? Ou est-ce que c’est en se forgeant une identité, en grandissant et en faisant ses choix que l’être humain se construit son âme ? Question Ô combien intéressante quand on se penche du côté des croyances : en tant qu’athée, je préfère me dire qu’on crée notre âme en évoluant et apprenant la vie.

Malgré l’incompréhension générale du scénario et des scènes assez étranges, j’ai passé un excellent moment avec ce visionnage, notamment parce qu’on l’a regardé à plusieurs tout en discutant sur la chatbox du forum. On a bien rigolé et c’était chouette !

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samedi 7 octobre 2017

Les moissonneurs stellaires, Tome 1 : Six de Khalysta Farall

Khalysta Farall est une autrice membre d'Accros & Mordus de Lecture. Cela faisait plusieurs mois que je voulais lire un de ses romans et j'ai fini par sauter le pas en achetant le tome 1 de sa saga sur Amazon où elle est auto-éditée (ok, c'est Amazon mais voilà, pour la version papier, je devais passer par là et je voulais tourner des paaaages donc jugez-moi mais j'assume huhuhu). Et je ne regrette pas. Et je vais vite acheter le tome 2. Et son one shot, et lire ses nouvelles et... Vous avez compris !



Quatrième de Couverture
« Ils sont arrivés un jour et ont détruit notre planète… ».
C’est en entendant répéter cette phrase que Cowl, un jeune pilote, a grandi sur une flotte spatiale. Fuyant un ennemi que nul ne semble avoir vu depuis longtemps, les derniers humains avancent inlassablement dans les espaces inconnus et inexplorés sans jamais se fixer nulle part. Mais un jour, alors qu’il explore une nouvelle planète, Cowl trouve une jeune fille étrange et partiellement amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Et surtout, comment se fait-il qu’elle sache autant de choses sur la Terre et ce qui s’y est passé des siècles auparavant ?

Mon avis
Cowl vit sur une flotte qui se déplace sans cesse au sein de l’espace. Tout ce qu’il reste des terriens après une attaque extra-terrestre ayant eu lieu plus de trois siècles plus tôt… Pilote, il est chargé d’analyser de nouvelles planètes pour en extraire des matières premières utiles. Jusqu’au jour où il découvre une planète viable et où il rencontre Six, une fille vraiment étrange qui en sait long sur la vie… Et si sa vie n’avait aucun sens, aucun but ?

Khalysta Farall nous propose un univers où la Terre a été dépouillée par des aliens et où ce qu’il reste de l’humanité erre dans l’espace pour survivre, redoutant de croiser à nouveau la route des envahisseurs. Épaulés par les machines, les humains vivent une vie bien rangée, où chacun se tient à son rôle pour le bien de la communauté, où les enfants grandissent très peu de temps avec leurs parents avant d’être formés, où les amis sont les collègues avec qui les journées passent et se ressemblent… Finalement, on se rend compte que l’Homme n’est pas aidé par la machine et, pire encore, qu’il sert juste à appuyer sur un bouton pour la forme : les machines peuvent tout faire, l’Homme est uniquement impliqué pour qu’il ait l’impression d’avoir un but.

À travers ce premier tome, tout un nouvel univers est décrit et une critique de l’automatisation ainsi que du manque de réflexion est posée : à quel moment nous réveillerions-nous si nous vivions dans cet univers ? Et même, à quel moment nous réveillerons-nous, dans notre monde réel ? Parce que, finalement, le parallèle est simple à faire : nous travaillons toujours plus pour produire des richesses et des objets dont nous n’avons pas réellement besoin tout comme Cowl et ses compatriotes travaillent sans que cela ait un sens. L’éveil progressif de Cowl fait facilement écho à notre propre éveil face à notre monde, lorsque l’on se rend compte de l’absurdité de notre société capitaliste mais, surtout, de la façon dont on est l’outil de cette situation qui nous rend la vie épuisante.

J’ai beaucoup aimé être au cœur des réflexions de Cowl sur sa vie, sur son but et sur ce qu’il pouvait accepter ou non. Le choix qu’il fait entre une vie simple mais vide de sens et une vie dangereuse mais pour une cause viscérale pousse à l’introspection. Complètement hypnotisé par la société qui l’a élevé, Cowl est un héros atypique, qui subit plus ou moins le plan de Six, la mission qui devient la sienne mais, finalement, cela lui va bien : son éveil oscille entre le brutal et le progressif et on comprend parfaitement qu’il ne puisse être maître de toutes les décisions qui sont prises. Six, elle, est parfaite dans son rôle : l’héroïne bornée mais juste, investie d’une mission qu’elle doit mener jusqu’au bout. Elle n’est pas réellement le parfait inverse de Cowl : elle la version pleinement humaine, cette humanité que notre héros doit découvrir, celle dont toute la flotte est privée finalement.

Pour un premier tome, Six est une excellente introduction mais pas seulement : une intrigue claire arrive à terme, un premier rouage important saute, un rouage que l’on aurait pu croire au cœur de toute la saga mais qui, visiblement, n’était que le commencement. L’autrice nous promet ainsi une suite qui ne tournera pas en rond grâce au bond prodigieux de la fin du tome. Une suite que j’ai hâte de lire tellement j’ai aimé me plonger dans ce monde, dans cette anticipation à base de vie dans l’espace.

L’écriture de Khalysta Farall m’a beaucoup plu : j’ai aimé sa façon de prendre en compte les trois siècles passés depuis le pillage de la Terre et les grosses lacunes historiques des habitants de la flotte. Ça ne devait pas être évident d’oublier tous nos réflexes descriptifs en terme d’objets, de matières ou d’êtres vivants pour coller à la vision des personnages et je dis bravo !

Une saga que je vais poursuivre sans l’ombre d’une hésitation et que je vous conseille vivement, le tome 2 venant tout juste de sortir !

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vendredi 6 octobre 2017

Le Blog du Moment : Graines de Souris

Le dernier Le Blog du Moment date d'il y a un an alors c'est le moment de remettre au goût du jour cette rubrique où je partage avec vous les blogs sympathiques que je trouve sur la toile ! En ce moment, il y a plusieurs blogs que je suis avec avidité donc je vais les présenter progressivement et aujourd'hui ce sera :


Graines de Souris, le blog de Sue-Ricette qui est une jeune blogueuse partageant plein de choses avec nous. De la lecture à la cuisine en passant par la musique ou ce qu'elle bricole de ses petites mains, Sue-Ricette nous offre un aperçu de ces passions dans des articles bien écrits et complets. En plus, elle est adorable et c'est un plaisir d'échanger avec elle !

Foncez si vous ne la connaissez pas encore !

mercredi 4 octobre 2017

Edelweiss de Cédric Mayen et Lucy Mazel

Comme je le disais dans mes posts précédents, je cherche à me diversifier et à aller vers des genres et formats que je ne connais pas. Aujourd'hui, c'est avec une BD que j'ai sauté vers l'aventure et j'en suis bien contente ! Edelweiss est superbe !



Quatrième de Couverture
Été 1947, Boulogne-Billancourt. Lors d’un bal typique de l’après-guerre, Edmond, jeune ouvrier chez Renault, rencontre Olympe, fille de politicien. Il ne se doute pas qu’elle va bouleverser sa vie. Passionnée d’alpinisme, la jeune femme n’a qu’un rêve : escalader le mont Blanc pour égaler la prouesse de son aïeule Henriette d’Angeville. Malgré son manque d’expérience, Edmond promet qu’il l’aidera à le réaliser. Seulement, le train-train quotidien et plusieurs drames vont petit à petit émousser leur détermination... Mais qu’importe, l’amour est plus fort que tout, dit-on. Et s’il est capable de déplacer des montagnes, il peut aussi aider à les gravir.

Mon avis
Olympe, jeune femme au caractère bien trempé, aime son indépendance et rêve de gravir le mont Blanc, comme son aïeule Henriette d’Angeville. Elle travaille, se débrouille et aime croquer la vie. Edmond l’aime, et, même s’il trouve son rêve fou, il lui promet de tout faire pour l’aider à le réaliser. Le père d’Olympe estime que sa fille mérite mieux qu’un ouvrier, qu’elle s’amuse bien « en travaillant » mais qu’elle devrait se trouver un mari… Puis la vie se charge de venir mettre d’autre obstacle sur la route de nos amoureux…

Peignant un décor d’après-guerre, Lucy Mazel et Cédric Mayen nous offrent une histoire belle et forte, pleine d’optimisme malgré la fatalité et les coups bas de la vie. Olympe est l’incarnation d’un féminisme naturel, celui où une personne choisit sa vie sans se demander si cela est en accord avec son genre à cette époque. Elle travaille, rêve d’aventures et ne souhaite pas se faire entretenir puisqu’elle a du talent et des idées.
Edmond, lui, est un parisien qui ne connaît rien de la Montagne, ce qui attise un peu plus le mépris du père d’Olympe, lui qui veut un meilleur prétendant pour sa fille. Mais il montre qu’il la vaut et, surtout, il apprend à aimer cette Montagne qu’il ne connaissait pas et à l’envisager, sachant qu’il ne pourra jamais la dompter, comme Olympe.

À travers les épreuves, ils ressortent plus forts et plus soudés que jamais pour enfin parvenir au sommet de ce mont Blanc, au sommet de leur vie et de leur amour. Eldelweiss est une histoire d’amour et de défi, de dépassement de soi et de conviction. À qui veut l’impossible, le possible s’ouvre, et c’est un message fort que transmet ce roman graphique.

Textes et images s’accordent à merveille, dans des tons bleus, verts, blancs et sombres, qui nous enveloppent dans cette nature dévastatrice mais surtout apaisante et fascinante. Mazel et Mayen marient leur talent à la perfection et ont su me toucher jusqu’au bout. Je ne regrette absolument pas de m’être plongée dans l’univers de la BD avec Edelweiss, que j’ai lu avec plaisir. J’ai été gagnée par les dessins de Mazel, ses couleurs, ses formes. Les grands paysages qu’elle a mis en valeur, sublimés par les mots de Mayen.

Comme les deux héros d’Edelweiss, je me suis prise à rêver d’aventures et d’impossible.

Ayant pu discuter avec Mazel et Mayen lors des Chapiteaux du Livre de Béziers, j’ai pu en apprendre plus sur l’origine de la BD, les inspirations qu’ils ont utilisé et le passage de la réalité à la fiction : de quoi apprécier plus encore le résultat. Ils ont été très accueillants et m’ont permis de sauter le pas vers le monde de la BD sans crainte. Si vous avez l’occasion de les rencontrer, n’hésitez pas ! Comme leurs personnages, ils sont forts de convictions, généreux et drôles !


Je remets ma petite dédicace parce que j'suis fan !


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jeudi 28 septembre 2017

Le Gardien de l'arbre de Myriam Ouyessad et Anja Klauss

Pour m'ouvrir à de nouveaux horizons, je me suis fixée comme objectif de lire des Albums, à travers des BDs et autres romans graphiques. Aux Chapiteaux du Livre ce weekend, je suis tombée amoureuse de la couverture de cet album qui a tenu toutes ses promesses. Il m'a permis d'avancer mon Challenge A&M Mini Pot-pourri de l'Automne.



Quatrième de Couverture
La vieille Minoa conservait un inestimable trésor. Une graine grosse comme un poing et brillante comme de l’or. Le moment de la confier à quelqu’un de plus jeune était arrivé. Gravement, elle la donna à Djalil. Le jeune garçon veillerait à son tour sur cette graine extraordinaire : la graine de l’arbre unique. Un jour, Djalil la mettrait en terre et l’arbre révélerait son secret…

Mon avis
À travers la collection « Le Pont des Arts », le Réseau Canopé et les Éditions de l’Élan vert mettent en scène des œuvres accessibles aux jeunes ainsi que tout un dossier pédagogique pour les enseignants.

Myriam Ouyessad et Anja Klauss donnent une autre dimension à la mosaïque murale de la salle à manger du palais Stoclet par Gustav Klimt, triptyque composé de « L’Attente », « L’Arbre de Vie » et « L’Accomplissement ».


Oeuvre de Gustav Klimt

Anja Klauss reprend avec talent les couleurs et formes utilisées par Klimt pour raconter l’histoire du Gardien de l’arbre et les mots de Myriam Ouyessad complète à merveille ce tableau. J’ai été fascinée par ces couleurs chaudes, ces alliages de formes et ces liens tissés entre les pages. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre l’évolution de Djalil et sa quête pour préserver cette graine unique.


Djalil et Minoa

Ce petit album m’a réchauffé le cœur et me donne envie de poursuivre ma découverte de ce pan de la littérature que j’ai abandonné en commençant véritablement à lire il y a des années. Le couple illustration/mot est très bien dosé dans cet album et permet vraiment de toucher du doigt une œuvre qui n’est pas forcément facile à comprendre au premier regard et le but est atteint. Petits comme grands peuvent lire cet album et profiter de toute la douceur chaude qu’il offre.



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mardi 26 septembre 2017

Petit pays de Gaël Faye

J'ai beaucoup entendu parler de ce roman puisqu'il a été récompensé par de nombreux prix mais c'est sur les conseils d'amies que j'ai décidé de me lancer. J'avais cette folle envie de le lire, d'un coup, à ce moment de ma vie où je cherche encore et toujours à comprendre le monde. Et je ne regrette pas de l'avoir fait.



Quatrième de Couverture
Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.

Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur… L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

Mon avis
L’enfance est la période de l’innocence, celle où l’on se construit d’abord dans la réalité de notre bulle avant de se forger dans la réalité du monde extérieur. L’enfance de Gabriel était douce, faite de cueillette de mangues, de pêche, de plans sur la comète dans le vieux Combi avec les copains du quartier. Un quartier de privilégiés, de gens riches. Gabriel aime son pays, le Burundi, celui qui l’a vu naître même s’il est Franco-Rwandais. C’est chez lui et il ne comprend pas bien pourquoi son copain Gino lui dit qu’il doit se sentir concerné par ce qu’il se passe au Rwanda. Il ne comprend pas bien pourquoi sa mère, réfugiée rwandaise, commence à dire que c’est la faute des Français. Il comprend par contre pourquoi son père a toujours refusé de leur parler de politique, à lui et Ana : une fois qu’il prend conscience de ce qu’il se passe, une fois qu’il voit, il n’y a plus de retour en arrière…

Petit pays est l’histoire de ces milliers d’enfances volées par les guerres civiles et les génocides. Petit pays est l’histoire aussi de ces pays dont les frontières ont été imposées par les colons sans tenir compte des ethnies. Petit pays est l’histoire de ces pays qui, après la décolonisation, laissent leurs anciennes colonies se débrouiller pour ériger des démocraties en quelques mois seulement alors qu’eux ont eu plusieurs siècles pour se construire. Petit pays est l’histoire d’un petit garçon qui est forcé de grandir trop vite.

Je connaissais le génocide rwandais de loin, j’avais effleuré simplement ce pan d’histoire parce qu’il nous est conté avec un regard extérieur, parce que j’étais encore petite à cette époque et que j’ai découvert cette histoire plus de dix ans après. Je ne savais rien du Burundi. Et puis Petit pays m’a permis de découvrir une partie de cette histoire à travers le regard de Gabriel, à travers un regard innocent qui ne comprend pas bien ce qu’il se passe, parce qu’il est privilégié mais, surtout, protégé par ses parents. Seulement, la situation dégénère et la protection n’est plus aussi solide, elle vole en éclats.

Si le roman n’amène pas de débat politique, le récit sème quelques graines qui ont fait germer dans mon esprit questions et réflexions. J’ai toujours eu un regard extrêmement dur envers la gestion des décolonisations et leurs conséquences, envers les réflexions du genre « on leur a rendu leur indépendance et ils n’ont pas su la gérer ». C’est bien plus complexe que ça et, sans entrer dans le détail, Petit pays apporte des éléments de réponse. Des éléments glaçants, qui poussent à vouloir plus encore changer les mentalités et à remettre en question le fonctionnement de l’ONU.

À travers la plume de Gaël Faye, l’enfance est douce, savoureuse, sucrée et parfumée. Elle s’étire tel un chat au soleil, lentement, profite du soleil et des pluies, des plaisirs simples de la vie. Puis, brutalement, elle chute, les mots perdent leur innocence et les images deviennent graves, choquantes, et la nausée monte. Elle grime si vite qu’on se demande où est passée cette douce enfance, on la regrette et, en un claquement de doigts, elle a disparu. Et c’est ce rythme, lent au départ, puis tout en dégringolade qui nous rappelle que, du jour au lendemain, tout peut basculer. Gabriel sentait le temps tourner, il sentait cette odeur d’orage mais tout était fait pour qu’il se gorge de soleil le plus longtemps possible. Lui qui ne voulait pas choisir de camp comme ses copains, lui qui ne comprenait pas pourquoi il était le Français, le Tutsi rwandais, le gosse de riche ou le métis alors que, dans son cœur, il se sentait simplement enfant du Burundi…

Personne ne devrait avoir à vivre ça mais tout le monde doit savoir. Avec ce récit d’enfant, Gaël Faye nous permet de toucher du doigt cette histoire qui semble si loin et pourtant si proche : le passé devrait servir de mémoire, il n’est encore aujourd’hui que prétexte à la surenchère. L’Homme n’apprend que peu mais, en secouant les mentalités, peut-être qu’un jour, le passé deviendra enfin leçon et non plus règle à suivre.

Petit pays n’est pas un livre d’histoire, c’est un roman, une fiction où l’on sent tout de même une grande part de vérité et, surtout, de vécu. J’ai aimé suivre les aventures de Gabriel, apprendre à travers son regard ce « petit pays », cette région des grands lacs, sa beauté, ses trésors mais surtout ses plaies. Et pour poursuivre le voyage, rien de mieux que les chansons de l’auteur qui permettent de se plonger plus encore dans son univers. Gaël Faye est un artiste avec de l’or au bout des mots, qu’il les couche sur papier ou qu’il les mette en musique. Et je regrette simplement d’être passée à côté aussi longtemps.

« J’enroule une tresse de Maman autour de mes doigts et je relis le poème de Jacques Roumain offert par Mme Economopoulos le jour de mon départ : « Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes… »
Je tangue entre deux rives, mon âme a cette maladie-là.
»

Cet avis n’a pas été facile à écrire, parce que j’avais tant à dire et en même temps si peu de mots pour l’exprimer que ça reste assez brouillon mais je vais le laisser tel quel, parce que c’est comme ça que les mots sont venus. C’est un coup de cœur mais aussi un coup à l’âme. Et je vous laisse un peu de ce « Petit pays » en musique.



Les avis des Accros & Mordus de Lecture

lundi 25 septembre 2017

Les Chapiteaux du Livre de Béziers (34)

Ce weekend, Les Chapiteaux du Livre de Béziers étaient de retour pour fêter leurs dix ans. Petite manifestation littéraire de chez moi, ce salon propose de découvrir les maisons d'éditions d'ici et d'ailleurs, des auteurs qui mettent la région à l'honneur ainsi que de nombreuses activités. C'est assez cosy comme lieu, il y a de quoi boire, manger mais aussi s'amuser !


Je n'y suis restée que deux petites heures, entrecoupées d'un repas tout chouette, mais j'ai eu le temps d'acheter quelques livres et de découvrir quelques stands. J'ai un peu zappé la prise de photos et c'est bien dommage parce que le soleil était au rendez-vous !

Près de la zone de restauration, le collectif d'actions urbaines de Béziers, Nabuchodonosor, était présent et proposait tout un stand de livres gratuits : une très bonne action pour véhiculer la culture ! Je n'ai rien pris même si des titres me tentaient : j'étais là pour acheter de quoi découvrir de nouveaux horizons et je m'y suis tenue !


J'ai acheté un petit livre sur les mots occitans (même si j'en ai déjà plein) qui raconte avec humour l'histoire de ces expressions utilisées par chez moi, ainsi que l'origine de nombreux noms de familles et noms de lieux. On y retrouve aussi la définition de Rambalh, qui me correspond toujours aussi bien ! C'était un craquage imprévu qui fait toujours plaisir.


Mon objectif du moment est de me mettre à la lecture d'albums et BDs et j'ai donc craqué pour ces deux ouvrages qui sont superbes ! J'ai toujours préféré les livres avec uniquement des mots, sûrement parce que je n'ai jamais vraiment été fan de BDs plus jeune et j'ai raté cette transition d'ouvrages pour enfants à ouvrages pour adultes. Retrouvant goût à l'art graphique, j'ai cette envie depuis plusieurs mois et c'est désormais chose faite !


Eldeweiss de Lucy Mazel et Cédric Mayen m'a attiré par son résumé et la couverture. Les auteurs étant présents, j'ai pu faire dédicacer l'ouvrage et j'étais évidemment toute contente. Le scénario est d'ailleurs largement inspiré de l'histoire familiale de Mayen et on a pu discuter de cette base, de l'origine de cette histoire. C'était un échange vraiment agréable et j'ai hâte de me plonger dans cette BD !


Et il y a même un clin d'oeil à ma totale ignorance de ce monde de la BD. Ils ont été vraiment adorables !

J'ai passé un excellent moment, il y a eu d'autres achats mais pour ma maman et ma petite cousine donc hop, ça n'entre pas dans le cadre de ce billet. Vivement l'année prochaine ! Et si vous passez dans le coin fin septembre 2018, n'hésitez pas : c'est un événement peu connu avec pourtant une bonne fréquentation et les auteurs sont accessibles sans problème.

A bientôt pour de belles chroniques ♥

vendredi 15 septembre 2017

Surprise dans ma boîte aux lettres

Ce matin, en allant chercher le courrier, surprise : une enveloppe envoyée par ma petite Jacana. Et, à l'intérieur, un superbe marque-page fait main et, en plus...


Une super carte postale dédicacée par Christelle Dabos *_*
Parce que oui, Jacana a rencontré l'autrice lors d'un festival suisse au début du mois et elle en a profité pour faire signer une carte pour moi sans me le dire ! C'est une chouette copine Jaca, comme on les aime ♥

Si vous ne la connaissez pas encore, allez vite faire un tour sur son blog Cinquième de Couv' et retrouvez-la aussi en tant qu'administratrice sur Accros & Mordus de Lecture.

Encore merci Jacana ♥

mardi 12 septembre 2017

Ophélie d'Arthur Rimbaud

Pour boucler ma participation au Challenge Mini Pot-pourri de l'été A&M j'ai choisi de lire, à la section poésie, un poème d'Arthur Rimbaud que je partage ici.


Ophélie de John Everett Millais


Ophélie

I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir,
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or

II

O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !

III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.


Mon avis
Je ne suis pas très calée en poésie, principalement parce que j'ai l'impression d'avoir de grosses lacunes pour en saisir toute l'essence mais, parfois, je tombe sur des poèmes qui me parlent, m'émeuvent, comme en peinture. C'est le cas d'Ophélie que j'ai lu en le choisissant pour son titre, dans un recueil de Rimbaud pour le Challenge mini pot-pourri de l'été.
Ophélie est un poème fluide mais aussi toute en langueur, en attente, en plainte. J'ai été saisie par la tragédie d'Ophélie, par sa longue descente des eaux, par son suicide.
C'est une scène Shakespearienne que nous décrit Rimbaud, je joins d'ailleurs le tableau de John Everett Millais qui en fait de même : les deux œuvres sont souvent associées.

J'aime beaucoup Rimbaud, ses mots, le rythme de ses poèmes et je suis bien contente d'avoir choisi celui-là. Je vais peut-être même lire l'ensemble du recueil !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

lundi 11 septembre 2017

TAG PKJ de la rentrée

Les TAGs de la blogo n'ont jamais été trop mon truc mais je réponds toujours à ceux qui me taguent parce que c'est du partage d'amour ♥

C'est Sue-Ricette du blog Graine de souris qui m'a taguée, n'hésitez pas à aller faire un tour chez elle parce qu'on y est trop bien !


10 questions sont posées et à chaque réponse faite, on comptabilise 1 point. On ne peut citer le même livre deux fois dans le tag. C'est donc parti !

1) Votre meilleure lecture de vacances.
C'était le tome 3 de La Passe-Miroir de Christelle Dabos La mémoire de Babel que j'ai adoré lire cet été *.*

2) Le premier livre que vous avez lu/lisez après être rentré de vacances.
C'est Glacéde Bernard Minier, lu début septembre. Mais bon, c'est pas vraiment la rentrée pour moi puisque j'ai terminé mes études et que je suis en phase de transition.

3) Un livre qui se passe au mois de septembre.
J'avoue que je sèche... Faudrait que je cherche mais... #flemme

4) Le livre PKJ qui sort prochainement/vient de sortir et qui vous fait le plus envie.
Dans l'ombre de Stella d'Alexandra Sirowy a l'air pas mal.

5) Un livre qui se passe près de chez vous.
Le jardin des poètes de Richard Andrieux que j'ai lu la semaine dernière, qui prend place à Béziers :)

6) Un livre avec une couverture qui évoque l'école.
La plupart des couvertures des Fables de La Fontaine. Rien que l'évocation de ce nom ou des illustrations, j'ai l'impression de retourner sur les bancs de l'école !

7) Un livre qui met en scène un professeur que vous auriez aimé avoir.
Le professeur McGonagall dans Harry Potter. J'aurais aimé l'avoir parce qu'elle est inspirante, juste, droite et terriblement classe !

8) Un livre où le personnage principal vient de déménager/commence une nouvelle vie.
La Quête d'Ewilan, Tome 1 de Pierre Bottero où Camille change de monde. Littéralement.

9) Un roman contemporain qui se passe au lycée.
Eleanor & Park de Rainbow Rowell.

10) Votre dernier achat.
Russie de Zamiatine, un recueil de nouvelles et essais qui est d'ailleurs ma lecture en cours.

Et voilà, j'ai comptabilisé 9 points, c'est plutôt pas mal ! Je ne tague personne mais si vous voulez tentez, allez-y ;)

samedi 9 septembre 2017

La Mare au Diable de George Sand

Pour enfin sortir de ma PAL des livres qui y sont depuis longtemps, j'ai choisi de participer au Défi Pile à Lire A&M et j'ai aussi pu inclure cette lecture dans le Challenge Mini Pot-pourri de l'été A&M. George Sand m'avait manqué ♥



Quatrième de Couverture
La Mare au Diable est un lieu maudit où souffle l'angoisse. Près d'elle se déroule toute l'histoire. Un paysan, veuf avec ses enfants, cherche femme. Qui épousera-t-il ? Celle qu'on lui a promise, ou une pauvre paysanne, harcelée par son patron ? Cette petite Marie est l'âme d'un paysage de rêve, et l'emblème de l'enfance éternelle.
Un roman d'amour, mais traversé par le cri des chiens fous, la nuée sanglotante des oiseaux, le fossoyeur épileptique. La voix de la terre s'y accorde avec celle de l'Âme enfantine : George Sand y parle avec force du sol natal et des premiers souvenirs.

Mon avis
La Mare au Diable est le premier d’une série de romans champêtres où George Sand a choisi de dépeindre la vie à la campagne mais surtout les paysans sous une autre forme que celle faite par ses pairs. Là où, comme elle le dit dans son premier chapitre en s’adressant à son lecteur, les artistes présentent les paysans comme les pauvres travailleurs qui engraissent les propriétaires avant de venir se coucher près de la mort, elle a choisi de montrer qu’ils avaient eux aussi de vraies personnalités, une vie pleine d’animation et des pensées plus profondes que celles qu’on leur prêtait habituellement.

Germain est veuf, il vit avec ses beaux-parents, son beau-frère et ses trois jeunes enfants. Il travaille dur, bien et a une bonne âme. Seulement, à cette époque, toute la famille vit réunie et sous le poids du gain de la terre possédée : plus il y a de bouches à nourrir, plus il faut engranger mais, surtout, il faut s’assurer que tous les petits-enfants auront la possibilité de vivre une fois leurs aînés éteints. C’est dans cette optique que le beau-père de Germain lui propose de se remarier pour trouver une femme qui saura s’occuper des intérêts de ses enfants : c’est que, notre beau Germain n’est pas vénal pour un sou et a tendance à se laisser porter par les décisions des autres tant que lui peut gérer son travail comme il l’entend. Seulement, se remarier ne l’enchante guère et, surtout, le voyage pour se rendre auprès d’une potentielle nouvelle épouse ne se déroule pas comme prévu.

À travers son roman, George Sand cherche à rendre hommage aux paysans de son enfance, à montrer qu’ils ne valent pas moins que les érudits des villes. Eux aussi sont tiraillés par les tracas de la vie, par la mort, par leurs émotions. Les mariages arrangés ne leur conviennent pas forcément, l’amour a tout de même une place dans leur histoire. C’est très romancé mais, en même temps, très réaliste. Germain est l’incarnation de l’homme qui ne réfléchit pas plus que nécessaire : il fait son travail, aime ses enfants, respecte ses aînés et pleure sa femme qu’il aimait réellement. Il ne se torture pas l’esprit avec des pensées parasites jusqu’à ce qu’on les lui mette en tête. La petite Marie, elle, est réfléchie, dégourdie surtout et sait quelle est sa place et ce qu’elle doit faire pour espérer pouvoir se marier : travailler quelques années pour réunir l’argent d’une dot correcte. Puis il y a Petit-Pierre, ce garçonnet qui n’en fait qu’à sa tête, qui réfléchit un peu plus que son père tout en gardeur la candeur de son âge. Ces trois-là forme un trio complémentaire lorsqu’il faut traverser les bois, près de la Mare au Diable pour atteindre les domaines qui attendent Germain pour une femme et Marie pour un travail.

L’écriture de George Sand a encore une fois était un plaisir. Elle conte cette petite histoire avec des phrases poétiques qui restent simples d’accès, qui vont au but. J’ai d’ailleurs pris plus de plaisir à me gorger de ses mots que de son histoire. La trame est intéressante, elle permet de s’immerger dans les coutumes du Berry notamment à travers les appendices de fin d’ouvrage mais sa façon de conter ne nous plonge pas dans l’histoire à proprement parler : c’est une réelle description de la vie à cette époque, une observation d’un pan de vie de ces personnages avec le regard extérieur. C’est très agréable lorsqu’on aime ce genre et cela permet de se mettre au niveau de George Sand pour voir tous ces protagonistes avancer dans leur vie.

J’ai préféré lire La petite Fadette en terme d’attachement aux personnages mais La Mare au Diable a beaucoup à offrir et j’ai su cueillir au cœur des pages ce qui m’intéressait. On peut peut-être reprocher à George Sand d’avoir caricaturer ses personnages secondaires pour aboutir à ce qu’elle souhaitait mais, dans un format court, cela n’est pas gênant. Certains y ont vu une opposition entre les érudits de la ville et les paysans, notamment par la candeur et la bonté d’âme qui semblent dominer chez les paysans mais George Sand s’en est défendue : pour elle, c’était réellement à but de sortir cette campagne de la vision macabre et tragique à laquelle on la destinait dans les œuvres pour raconter enfin une belle histoire.

Un livre à la plume magique pour nous offrir un peu du Berry du XIXe siècle et surtout, un peu de douceur. Des croyances, des coutumes, un peu de superstition et nous tombons tête la première dans ce roman champêtre.

« Nous croyons que la mission de l’art est une mission de sentiment et d’amour, que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la parabole et l’apologue des temps naïfs, et que l’artiste a une tâche plus large et plus poétique que celle de proposer quelques mesures de prudence et de conciliation pour atténuer l’effroi qu’inspirent ses peintures. Son but devrait être de faire aimer les objets de sa sollicitude, et au besoin, je ne lui ferais pas un reproche de les embellir un peu. L’art n’est pas une étude de la réalité positive ; c’est une recherche de la vérité idéale, et Le Vicaire de Wakefield fut un livre plus utile et plus sain à l’âme que Le Paysan perverti et Les Liaisons dangereuses. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mercredi 6 septembre 2017

Le jardin des poètes de Richard Andrieux

J'ai trouvé ce livre dans la bibliothèque familiale et j'ai décidé de l'inclure dans ma participation au Challenge Mini Pot-pourri de l'été A&M.



Quatrième de Couverture
Claire a dix-huit ans, elle est étudiante à Paris et lit Marguerite Duras. Bernard a vingt-neuf ans et travaille à la chaîne dans une usine de Béziers. A priori, ces deux personnages n’ont rien à faire ensemble. Pourtant, lorsque Bernard rencontre Claire sa vie s’illumine. En ce début des années 60, Bernard mène une vie tranquille. Avec quelques amis fidèles il partage des plaisirs simples – l’apéritif rituel au café des Marronniers, les parties de pêche, les promenades au bord de l’eau – qui lui permettent de supporter son handicap et les tracas professionnels liés aux humiliations d’un contremaître tyrannique. Mais soudain, sa vie prend un tour tragique : licencié, il est ensuite mêlé à une rixe mortelle. Que va-t-il lui arriver?

Mon avis
Le jardin des poètes c’est un roman mais c’est aussi un parc de Béziers que je connais, où j’ai été enfant, et plus grande aussi. C’est ce qui m’a attirée vers ce livre, parce que je savais qu’à travers ces pages, je retrouverais des lieux familiers.

Bernard est un jeune homme naïf, gentil et simple, presque simplet par moment. Il a un regard sur la vie assez doux au départ, dans les premières pages, malgré les malheurs qu’il a connus. Après un accident de voiture, il se retrouve défiguré mais vivant, contrairement à son ami qui l’accompagnait. Trois après, il travaille dans une usine, n’a plus de pertes de mémoire et a ses petites habitudes dans son quartier, notamment au bar du coin. Marco, son meilleur ami avec qui il travaille, Emile, le patron, Gabriel, un autre habitué, Jojo, le pilier de comptoir et bien d’autres noms rythment sa vie. Puis il rencontre Claire, une jeune femme belle, intelligente, bavarde et il ne comprend pas trop ce qu’elle lui trouve mais il apprécie sa présence, de plus en plus. Claire est étudiante à Paris et, à la fin de l’été, elle repart. C’est à ce moment-là que la petite routine de Bernard est peu à peu ébranlée : au travail, dans les discussions virulentes au comptoir, dans sa vie personnelle… Au fil des mois, Bernard est confronté à la mort : il se rend compte que la vie est un cadeau qui peut être retiré à tout moment, en toutes circonstances.

C’est à travers les yeux de Bernard que l’on suit cette histoire, à travers ses réflexions simples, comme celles d’un enfant qui découvre le monde parce que, finalement, il n’avait jamais réellement questionné son petit monde, Bernard. La mort devient de plus en plus palpable et elle le travaille. Au fil des pages, l’ambiance s’assombrit, nous menons inévitablement vers une série de drames annoncées sur fond de violence et d’alcool. Cette violence, elle s’exprime à travers les mots mais aussi les gestes : la violence verbale puis physique envers les Algériens à cette époque où la Guerre d’Algérie est encore fraîche dans une région où les émigrés sont nombreux, la violence des gens qui ne savent pas se faire entendre autrement dans un monde où les classes modestes s’en sortent avec leurs poings, la violence de la vie qui s’écoule jusqu’à la mort. Et l’alcool, cette douce boisson qui permet d’adoucir les malheurs pendant quelques heures mais qui a un coût, qui mène aussi vers des situations complexes, dramatiques.

À travers Le jardin des poètes, Richard Andrieux nous offre une peinture de la vie au sein d’une petite ville du sud de la France, peu avant mai 68, après plusieurs guerres, où le chômage menace et où la mort n’est jamais loin. Mais il nous offre aussi un pan de vie où différentes âmes se rencontrent et s’habituent les unes aux autres, s’apprécient et forment une petite bande où chacun est là pour soutenir l’autre. Et c’est en période de malheurs que ces liens, superficiels en apparence, se montrent forts et profonds.

On pourrait reprocher à ce roman de ne pas aller assez loin, de créer des liens entre les personnages de façon trop facile mais, au fond, c’est ça la vie : on s’entiche des autres sans s’en rendre compte, on se laisse entraîner dans les tourbillons de la vie et de la mort sans prendre garde et c’est d’un coup que tout nous saute aux yeux. Les personnages sont des caricatures, des traits exacerbés mais c’est aussi parce que Bernard décrit son entourage ainsi.

J’ai été touchée par cette histoire, j’ai apprécié ma lecture et ai suivi avec avidité la descente aux enfers des personnages, m’attendant à un final tragique alors que, finalement, nous ne sommes pas dans une tragédie de Sophocle mais dans une histoire qui pourrait être vraie. Tellement vraie que même le village choisi comme lieu de drames est connu vers chez moi pour être un lieu de violence gratuite en période de fêtes (là, il faut comprendre qu’à chaque fois que j’y suis allée, j’ai vu des bagarres stupides à foison, sur fond d’alcool). Bref, j’étais chez moi dans ce roman et ça m’a fait du bien.

Sans être le roman de la décennie, Le jardin des poètes est une lecture agréable qui permet de se glisser dans la peau d’un ouvrier des années 60 et de suivre ses aventures dans une ambiance où la camaraderie était tout aussi présente que la violence. Un roman qui permet aussi de penser à la mort et à la façon dont elle peut surgir brutalement, tout comme elle peut décider de faire languir celui qui l’attend.

« Papillon, c'était un brave homme. Quand Libellule, ma grand-mère, s'était envolée, il s'était mis à picoler de chagrin. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

lundi 4 septembre 2017

Glacé de Bernard Minier

J'ai entendu parlé de Glacé sur Accros & Mordus de Lecture lors d'un partenariat avec les Éditions XO et je savais que je finirais par lire du Bernard Minier un jour. C'est maintenant chose faite et j'intègre ainsi le Challenge Thriller/Polar A&M dont le but est de découvrir de nouveaux auteurs du genre, voire le genre tout court pour moi puisque je lis peu de polars et de thrillers.



Quatrième de Couverture
Décembre 2008, dans une vallée encaissée des Pyrénées. Au petit matin, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le cadavre d’un cheval sans tête, accroché à la falaise glacée. Le même jour, une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, 40 ans, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier cette enquête, la plus étrange de toute sa carrière. Pourquoi avoir tué ce cheval à 2 000 mètres d’altitude ? Serait-ce, pour Servaz, le début du cauchemar ? Une atmosphère oppressante, une intrigue tendue à l’extrême, une plongée implacable dans nos peurs les plus secrètes, ce premier roman est une révélation !

Mon avis
Gendarmerie et Police nationale sont appelées sur les lieux d’un crime peu banal : un cheval décapité a été hissé en haut d’une centrale, au cœur des Pyrénées, sans que personne ne s’aperçoive de quoi que ce soit. Le commandant Servaz se retrouve pris dans cette enquête alors qu’il a un vrai meurtre à gérer à Toulouse. Mais l’argent n’attend pas : le cheval appartient à Éric Lombard, milliardaire pressé et surtout influent qui veut savoir qui a tué son cheval, une bête aussi chère sur le marché qu’à ses yeux. Seulement, un cadavre humain finit par s’ajouter à la liste et l’enquête commence alors à se complexifier… Et si le centre psychiatrique regroupant les pires meurtriers d’Europe, à quelques kilomètres, était lié à ces crimes ? C’est tout autour de ce sac de nœuds que nous évoluons aux côtés de Servaz.

J’ai très vite été prise par cette enquête, ralentissant même le rythme de ma lecture pour la savourer plus encore. Évidemment, passés le deuxième tiers du livre, je n’ai plus pu m’arrêter avant d’obtenir le fin mot de l’histoire.

Bernard Minier nous offre un décor aussi angoissant que son enquête, malgré toute la beauté qu’il offre : aux pieds des Pyrénées, aux portes de l’hiver, quand les nuits sont longues et le froid mordant, le mystère grimpe, s’insinue en nous et nous fait réfléchir en tous sens. Les descriptions ne sont ni trop longues, ni trop courtes : elles servent parfaitement le récit et sont disposées de sorte à nous plonger dans cette ambiance sombre comme la nuit mais parfois lumineuse comme la neige. Ces instants de clarté, dispersés au fil des pages, révèlent les indices nécessaires à comprendre au fur et à mesure où veut nous mener l’auteur tout en nous laissant constamment dans le doute. Pour un premier roman, le dosage est bien maîtrisé.

Le dénouement final est certes, un peu alambiqué mais il reste cohérent avec la trame mise en place. Le schéma classique utilisé nous permet de ne pas nous laisser berner trop facilement par les évidences et de pousser plus loin la réflexion, à raison.

Les personnages sont creusés, intéressants et attachants. J’ai apprécié leur côté humain, leurs erreurs, leurs angoisses et les morceaux de vie qui sont proposés. J’ai particulièrement apprécié l’épilogue qui montre que les relations humaines classiques sont dépassées, qu’elles offrent dans notre monde bien plus de choses tout en étant complexes.

Mention spéciale aux questions de société posées par l’auteur à travers le monde capitaliste dans lequel nous vivons mais aussi le traitement réservé aux criminels enfermés dans des centres psychiatriques. Que ce soit à travers la sous-traitance des grosses entreprises ou l’usage de techniques subversives pour « soigner » les psychopathes et sociopathes, Minier nous pousse à voir au-delà de son roman et c’est quelque chose que j’aime en littérature.

Enfin, l’écriture est agréable même si, par moment, j’ai tiqué sur des réflexions un peu superficielles imputées aux personnages : on ne peut pas tout réussir du premier coup.

Je suis certaine de poursuivre mon aventure au cœur de l’imagination de Minier avec la suite des enquêtes de Servaz pour, à nouveau, me gorger avec envie de cette région que je trouve magnifique.

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samedi 2 septembre 2017

Défi Pile à Lire A&M

La PAL d'un lecteur, c'est le palais des merveilles mais aussi le pire fléau du monde : on la nourrit tellement qu'elle dépasse souvent notre rythme de lecture, surtout dans mon cas. Du coup, la semaine prochaine, j'ai décidé de me lancer dans le Défi Pile à Lire A&M pour lire un livre qui squatte la mienne depuis bien trop longtemps !


Le principe est simple : j'ai mis un liste de quatre livres zonant depuis longtemps dans ma PAL en m'inscrivant et un membre du forum devait choisir un de ces livres pour que je réalise le défi. C'est Khaany qui a sélectionné pour moi La Mare au diable de George Sand. J'ai donc une semaine à compter de lundi pour remplir mon défi !

Et vous, comment faites-vous pour venir à bout de votre PAL ? N'hésitez pas à venir sur le forum pour participer !

Que la motivation soit avec moi !

mercredi 30 août 2017

Le Château de ma mère réalisé par Yves Robert d'après Marcel Pagnol

Et voici la suite du Visionnage Commun sur A&M avec le deuxième volet du diptyque.



Synopsis
Chaque fin de semaine et en été, le jeune Marcel Pagnol passe ses vacances en famille dans les collines du Garlaban, au-dessus de Marseille. Marcel a hâte de retrouver son « petit frère des collines », Lili des Bellons. Mais le trajet est long depuis la cité phocéenne. Joseph, le père de Marcel, décide alors de passer illégalement par les berges du canal pour raccourcir la marche de plusieurs kilomètres, ce qui n'est pas du goût d'Augustine, sa femme, angoissée à l'idée de traverser des propriétés privées. La famille Pagnol se fait bientôt surprendre dans les jardins du château de la Buzine appartenant à un ancien militaire.
Marcel s'éprend bientôt de la prétentieuse Isabelle Cassignol, fille d'un prétendu riche poète en vacances à La Treille. Aveuglé par l'amour, le jeune garçon délaisse bientôt sa famille et son ami Lili…

Mon avis
Le Château de ma mère continue de nous tracer l’enfance de Pagnol, mais avec cette sensation tragique, ce sentiment que la fin du film mène inévitablement à la fin de cette enfance heureuse et douce sous le soleil de la garrigue. Marcel grandit, change et commence à découvrir les affres de l’amour d’enfant. Il comprend aussi que son père n’est pas aussi tout puissant que ce qu’il croyait, que le monde n’est pas toujours ce qu’il parait être.

Comme La Gloire de mon père, Le Château de ma mère m’a encore une fois transportée dans ces paysages que j’aime, dans cette ambiance de vacances qui me rappelle mon enfance. Yves Robert a su à nouveau faire passer toutes les émotions à travers son film.

La menace pesant sur la fin de cette enfance qui se profile m’a encore prise aux tripes, même si je connaissais par cœur le déroulement de l’histoire. Cette façon de nous annoncer la fin d’une époque, d’une vie faire d’insouciance et de joie, comme Pagnol le disait si bien : « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. »

J’ai encore pris énormément de plaisir à revoir ce film avec Jacana pour le Visionnage Commun A&M.

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mardi 29 août 2017

La Gloire de mon père réalisé par Yves Robert d'après Marcel Pagnol

Je me lance dans la critique de film, de façon très brève et simple, pour un Visionnage Commun sur A&M avec un film qui a bercé toute mon enfance.



Synopsis
Fils d'un instituteur marseillais, Marcel Pagnol passe ses premières années dans le monde de l'école où il se montre naturellement bon élève. Jeune adolescent, durant les grandes vacances de l'été 1904, il découvre les garrigues environnant Marseille et le Garlaban, auxquels il restera attaché toute sa vie. La vieille bastide louée par la famille devient le centre d'une sorte de paradis peuplé de personnages pittoresques dont Lili des Bellons, un jeune paysan qui deviendra son ami et l'initiera aux mystères des collines.
Son père et son oncle s'adonnent à la chasse et c'est un exploit de chasseur, un doublé de bartavelles, qui deviendra la gloire de son père.

Mon avis
J’ai grandi en regardant le diptyque réalisé par Yves Robert, revisionnant chaque été sans m’en lasser La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Je n’ai d’ailleurs jamais ressenti le besoin de lire les livres tellement ces films m’ont marquée, sûrement par peur de casser cette magie qui est née en moi dès mon plus jeune âge.

La Gloire de mon père nous transporte à Marseille puis dans la garrigue qui la surplombe à travers les souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol. Ayant vécu à Marseille mais aussi ayant arpenté une partie de cette garrigue lors de ma formation, revoir encore une fois ce film m’a rappelé à quel point je me suis attachée à Marseille et ses environs.

Le film est fidèle à l’ambiance de la Provence que j’ai découverte et il offre une vision belle et émouvante du début du XXe siècle. La beauté de la garrigue est retranscrite à merveille à travers les images du film, le chant des cigales, cette impression de terre brûlée qui est aussi semblable à ma garrigue natale… Tout dans ce film me transporte.

La narration utilisant les mots de Marcel Pagnol apporte une touche émouvante et réaliste à l’ensemble, c’est d’ailleurs un des aspects que je préfère dans ce film, entendre cette voix, chargée d’émotion, peindre avec recul ces souvenirs mis en scène.

J’ai pris énormément de plaisir à revoir ce film avec Jacana pour le Visionnage Commun A&M. Il est désormais évident que je vais bientôt lire le livre pour enfin profiter de la plume de Marcel Pagnol dans son intégralité.

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lundi 28 août 2017

Avec tes mains d'Ahmed Kalouaz

Après avoir découvert Ahmed Kalouaz avec son roman Une étoile aux cheveux noirs contant l’histoire de sa mère, je savais que je lirai celui racontant le parcours de son père et je n’ai pas hésité lorsque je l’ai trouvé en librairie.



Quatrième de Couverture
« J’aurais voulu que tu me montres, un jour de connivence, une photo longtemps dissimulée, en me disant que là, quelques jours dans ta vie, tu ne fus ni miséreux, ni soldat, ni travailleur de force, mais simplement un homme avec de la douceur au bout des doigts. »

Il s’appelait Abd el-Kader, né autour de 1917 dans un douar algérien. De ce père aujourd’hui disparu, Ahmed Kalouaz a voulu reconstruire le destin. Ces lambeaux de vie, sauvés du silence, tissent le portrait d’un homme dur à la tâche comme en affection, dont le parcours singulier a été commun à des centaines de milliers d’immigrés maghrébins.
Sans enjoliver ni noircir, Avec tes mains dit l’absence de mots communs entre les deux générations, les regrets et les rendez-vous manqués. C’est un chant d’amour bouleversant, adressé à un père dont la dernière volonté fut d’être enterré au pays, loin des siens.

Né en 1952 en Algérie, Ahmed Kalouaz vit dans le Gard. Il a publié une vingtaine de livres, nouvelles, romans, théâtre. La brune a publié de lui, en 1999, un récit, Absentes. Il intervient dans des lectures publiques, en atelier d’écriture ou de parole, notamment en prison.

Mon avis
À travers ce roman, Ahmed Kalouaz nous dresse le portrait de son père, Algérien ayant combattu pour la France avant de s’y installer, travaillant pour s’offrir de jours meilleurs en Algérie, jours qu’il ne connaitra jamais car la guerre d’Algérie va s’en mêler, puis la vie va le laisser en France, avec sa femme et ses enfants. C’est le roman initiatique d’un homme à travers les décennies mais aussi celui de son fils, qui tente de déchiffrer cette vie qui ne lui a pas été racontée.

Ahmed Kalouaz a encore réussi à me toucher avec ses mots, ses émotions qu’il transmet en partageant ses souvenirs ainsi que ceux de son père. Leur relation n’est pas celle qu’il avait avec sa mère : il n’est pas proche de son père, il s’en détache énormément d’ailleurs à travers l’école, en apprenant à lire, à découvrir le monde alors que son père n’a jamais réellement réussi à apprendre correctement le français, et n’a même jamais appris à lire ou écrire. Ce clivage fait qu’ils ne se comprennent pas malgré leur respect mutuel, ils appartiennent à deux mondes : son père, l’immigré qui est rejeté par la France, ce pays pour lequel il s’est battu, et lui, le jeune qui s’intègre et se cultive, qui est Français et qui ne comprend pas réellement l’attachement de ses parents pour leur pays.

On suit l’évolution de cet Algérien qui est l’exemple de ces jeunes qui ont été tirailleurs lors de la seconde guerre mondiale, puis qui ont oscillé entre deux eaux lors de la guerre d’Algérie, qui sont restés en France mais avec toujours cette envie de retrouver un jour leur pays, en revenant riches et forts. Ces jeunes qui vieillissent trop vite et dont le rêve ne se réalisera jamais.

C’est, enfin, un moyen pour l’auteur de faire la paix avec son père, avec son histoire mais surtout de se décharger de toute cette frustration accumulée : ce manque de discussions avec ce père qui n’a jamais partagé sa vie avec lui. Ce sentiment d’abandon quand son corps a été transporté en Algérie pour y reposer alors que lui aurait aimé qu’il reste en France.

Un roman touchant à travers lequel, par ses mots forts et poignants, Ahmed Kalouaz nous permet de plonger au cœur des relations père-fils mais aussi de la vie des Algériens arrivés en France il y a plusieurs générations.

« C’est triste une main d’homme qui n’a jamais tenu un livre entre ses doigts. »

« « Travail, famille, patrie », la devise du Maréchal avait laissé des traces dans les mentalités. C’était encore le temps du travail souverain, la reconnaissance passait d’abord par le fait de manier la truelle, la pelle ou la bêche. Si tu maniais mal la langue de France, et que, contrairement aux autres, tu ne savais pas lire le journal, tu pouvais au moins, grâce à tes bras, te rallier à la valeur commune, te soumettant de bonne grâce à cette vertu collective. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

vendredi 11 août 2017

Librairie insolite : Le Trouve Tout du Livre au Somail (Aude)


Juste avant l’arrivée, de quoi frétiller d’envie !

La semaine dernière, j’apprenais l’existence d’une librairie de livres anciens comptant plus de 50 000 ouvrages située dans un hameau, à tout juste 25 minutes de chez mes parents. Cette librairie s’y est implantée il y a presque quarante ans et je ne connaissais même pas son existence ! Je devais retrouver une copine et sa petite famille (Lili-One, si tu ne la connais pas encore, c’est le moment de foncer) alors je lui ai donné rendez-vous là-bas pour qu’on puisse s’émerveiller à deux !


L’entrée de la librairie.

Le Trouve Tout du Livre est une librairie créée dans les années 60 à Paris et qui était spécialisée dans la recherche et l’envoie de livres par correspondance. C’est dans les années 80 que les propriétaires se sont établis au Somail, petit hameau dans l’Aude, au bord du Canal du Midi. La librairie a investi une ancienne cave, adossée au château d’eau où trône fièrement un drapeau Occitan (mon amour pour ma région se gonfle d’orgueil, évidemment), et ses murs sont intégralement recouverts de livres jusqu’au plafond.


Aperçu de l’ensemble, ce que l’on voit après un long couloir déjà rempli de livres (désolée pour la qualité médiocre de la photo).

Si la spécialité de la librairie est le livre ancien, on y retrouve aussi du contemporain, du régionalisme récent, de la SF en poche, des ouvrages de sciences, de spiritualisme… Tout est là pour ravir petits et grands, amoureux du livre comme lecteurs occasionnels.


Livres anciens dans des éditions à tomber par terre.

Le centre de la librairie retrace son histoire à travers une petite exposition où de superbes œuvres et livres sont sous verre. Il est d’ailleurs possible de les acheter.


Exposition au centre de la librairie.

J’ai trouvé toute une tripotée de livres sur le Catharisme, de quoi faire frémir la groupie que je suis mais j’ai été forte ! Je sais que je dois d’abord faire du tri post-déménagement avant de remplir à nouveau mes futurs cartons de livres.


Encore un peu pour les yeux !

J’ai été très forte, je n’ai rien acheté parce que je n’ai pas eu le temps de faire le tour (et aussi parce que j’ai prévu d’y retourner la semaine prochaine pour au moins deux heures avec une liste #jenesuispassiforte) mais j’ai déjà repéré une pièce de Sophocle que je cherche depuis des années sans succès et qui s’y trouve dans deux éditions différentes : à moi le St Graal !


Promis, après j’arrête !

Et, à quelques mètres de la librairie, on retrouve un petit banc avec ce beau message :

« LES BANCS DE LA LIBERTÉ sont mis à votre disposition pour rencontrer les textes, les mots et les pages, et découvrir des auteurs, d’ici et d’ailleurs.
Sur tous les continents et avec tous les citoyens du monde, permettons-nous d’inventer des instants de vie, pour partager en liberté les émotions de l’écrit.
»


Les bancs de la liberté sont dédiés à Antoine de Saint-Exupéry

Je retournerai rapidement là-bas pour prendre le temps d’apprécier un peu plus les lieux (et acheter trop de livres). Si vous passez un jour dans le coin, n’hésitez pas à y aller.

Et vous, vous connaissez des librairies insolites ?

Page Facebook de la Librairie
Site internet de la Librairie

jeudi 10 août 2017

La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt

J’avais plusieurs fois été attirée par cette couverture mais je n’avais jamais craqué jusqu’à ce que je trouve une version d’occasion : c’est pile poil le genre de lecture que j’aime l’été.



Quatrième de Couverture
Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.

Mon avis
Grégoire Delacourt nous dresse le portrait d’une société où l’argent change les gens à travers le regard de son héroïne, Jo, qui valide un ticket gagnant pour une grosse cagnotte, un montant qui ferait tourner la tête de n’importe qui. En réfléchissant à ce qu’elle pourrait en faire, Jo se rend compte qu’elle possède déjà ce qu’il lui faut et que, ce qu’elle voudrait d’autre ne s’achète pas. Elle craint de perdre sa petite vie si elle encaisse son gros chèque et décide donc de le cacher et d’attendre.

L’histoire de Jo est touchante, ses réflexions sont frappantes de vérité et son petit monde reflète parfaitement notre société malade : vouloir toujours plus pour donner un sens à sa vie, se projeter sur des achats futurs pour être certains de se sentir encore en vie. Travailler pour acquérir, se briser l’âme pour s’offrir la vie que le monde capitaliste nous impose, oublier de s’intéresser aux autres au profit de son petit confort personnel.
Avec son blog de couture, Jo touche des milliers de personnes qui se sentent seules, comme elle, dans un monde où pourtant les contacts sociaux pourraient être légion. On ne partage plus l’essentiel, on se contente du futile, de tout ce qui se marchande. Elle le comprend, Jo, et c’est pour ça qu’elle a peur d’encaisser ce chèque. Elle a peur de changer sa vie, le regard des autres, de perdre son mari, ses enfants. Et elle a raison d’avoir peur.

L’écriture de Grégoire Delacourt m’a conquise : la poésie qui s’exprime à travers ses mots, son style narratif et ce qu’il véhicule m’ont touchée. J’aime particulièrement lorsque la narration interne est maitrisée et c’est ici le cas. On s’identifie à Jo, on a peur pour elle, on s’attache à cette femme que la vie a peu à peu brisée en petits morceaux.

Lorsque j’ai atteint les dernières pages de ce roman, j’ai eu beaucoup de peine pour Jo, pour ce qu’elle conclut de sa vie, de son aventure : « Je suis aimée. Mais je n’aime plus. » Après les déceptions, les coups durs de la vie, cette femme se résigne et n’est plus capable d’offrir l’intégralité d’elle-même. Et c’est tout ce qu’on ne veut pas vivre. Tout ce qu’on n’aimerait pas connaître.

L’argent fait tourner les têtes, change le comportement des gens alors que Jo, elle, avait déjà compris : « Une mercière qui saurait ce que pressentait Thomas d’Aquin : le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède. » On veut toujours plus et, de préférence, ce qu’on peut monnayer, et on applique ce fonctionnement avec les êtres humains. On change nos téléphones dès que le nouveau modèle sort, alors même que le nôtre fonctionne encore, comme on le fait avec les relations : on met fin à des liens qui, pourtant, fonctionnent encore…

Ce roman m’a touchée, m’a rendue triste et c’est tout ce que je demande à un livre : me faire ressentir des choses et me pousser à y trouver un peu de ma vie entre ses pages, tout en relativisant le monde. La postface de l’auteur est présente dans mon édition : elle est touchante, bouleversante.

« Il avait déchiré la liste de mes besoins, de mes envies et de mes folies.
Il m’avait privée de ces petites choses qui nous maintiennent en vie. L’économe qu’on achètera demain au Lidl. La Calor à Auchan la semaine prochaine. Un petit tapis pour la chambre de Nadine, dans un mois, ce sera les soldes.
Il m’avait ôté l’envie d’être belle, d’être coquine et bonne amante.
Il avait griffé, rayé mes souvenirs de nous. Abîmé jusqu’à l’irréparable la poésie simple de notre vie…
»

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mercredi 9 août 2017

La Passe-Miroir, Tome 3 : La mémoire de Babel de Christelle Dabos

Après avoir relu les deux premiers tomes, j'ai enfin pu découvrir le tome 3 !



Quatrième de Couverture
Thorn a disparu depuis deux ans et demi et Ophélie désespère. Les indices trouvés dans le livre de Farouk et les informations livrées par Dieu mènent toutes à l'arche de Babel, dépositaire des archives mémorielles du monde. Ophélie décide de s'y rendre sous une fausse identité.

Mon avis
Le troisième tome nous force à un bond dans le temps, alors qu’Ophélie est cloîtrée sur Anima depuis plus de deux ans. J’ai eu du mal à imaginer une pause sur une aussi longue période après le rythme effréné des deux premiers tomes mais la logique y est.

J’avais lu de bonnes critiques de ce tome, notamment sur la découverte de la nouvelle Arche, Babel, par Ophélie. Cependant, Babel m’a laissée de marbre face à la magie qui avait opéré pour moi avec le Pôle et notamment la Citacielle : si l’histoire de Babel, son fonctionnement et ses descriptions sont superbes, je reste attachée au Pôle qui a su conquérir mon cœur de lectrice.

L’intrigue avance plus encore et ce que découvrent Ophélie et Thorn pousse à de nouvelles questions auxquelles nous n’avons pas encore de réponses. Encore une fois, Christelle Dabos réussit à nous donner envie de lire la suite mais, surtout, elle nous séduit chaque fois un peu plus.

Je n’ai qu’une hâte, en apprendre plus encore sur les autres Arches, comprendre enfin tous les tenants et aboutissants de la Déchirure mais après un nouveau tome riche en découvertes, rebondissements et surprises. J’aime la façon qu’à Christelle Dabos de jouer avec nos nerfs, avec nos émotions et notre imagination. Et j’en redemande !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mardi 8 août 2017

La Passe-Miroir, Tome 2 : Les disparus du Clairedelune de Christelle Dabos

Enfin l'avis sur le tome 2, qui est aussi une relecture.



Quatrième de Couverture
Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions des personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d’une redoutable vérité.

Mon avis
Le second tome, même après relecture, reste mon préféré. J’ai découvert avec avidité la suite des événements du Pôle, j’ai adoré l’intrigue des disparus de l’ambassade et j’ai été enchantée par l’évolution des personnages mais aussi des liens qui se construisent entre eux.

J’avais un souvenir assez fade d’Ophélie dans ce tome mais, en le relisant, cette impression a complètement été balayée : j’ai pris énormément de plaisir à la voir grandir et s’affirmer. Sa relation avec son fiancé est toujours aussi plaisante : hors des clichés, construite sur le temps, à travers les épreuves et dans une certaine logique. Les changements qui s’opèrent chez Thorn sont agréables à suivre : sa mécanique est mise à mal par Ophélie et, restant égal à lui-même, il gère le tout comme il peut, sans perdre de son essence.

L’intrigue de ce tome est son point fort : une histoire fascinante, faisant grandir l’intrigue générale de la saga et rendant le lecteur plus addict encore. C’est ce livre qui m’a fait comprendre que je ne pourrai qu’aller au bout de l’œuvre de Christelle Dabos. Et sa relecture a été un enchantement : j’avais beau connaître les rouages de l’enquête, j’ai lu avec la même avidité que la première fois chaque page.