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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

mardi 31 janvier 2023

Tour B2 mon amour de Pierre Bottero

J’ai découvert Pierre Botero dans ma tendre jeunesse et mon petit cœur s’est brisé lors de sa disparition. Aujourd’hui adulte, je prends toujours plaisir à lire ou relire ses livres. Tour B2 mon amour m’a été vivement conseillé par une amie chère à mon cœur.



Quatrième de Couverture
« Je vous amène la nouvelle élève.
Silence total.
Tristan avait une drôle de boule nouée à l'intérieur du ventre. Une boule faite d'un sentiment étrange qu'il n'avait pas envie d'analyser.
Pas encore. »

Dans la rue de Vienne où se dresse la tour B2, un premier amour s'écrit sur le béton.

Mon avis
Tristan vit dans une cité grise et froide où la vie n’a rien de surprenant, où il s’englue dans son quotidien. Il navigue à travers l’adolescence en essayant de ne pas se laisser entraîner dans les coups foireux de ses copains. Le jeune garçon est à cette étape de sa vie où se fondre dans la masse et appartenir à un groupe relève de l’acte de survie.
Puis Clélia débarque dans sa vie. Elle dénote des autres habitants de la cité et sa différence percute Tristan de plein fouet. Avec ce premier amour, le jeune adolescent va peu à peu se découvrir et s’affirmer.

Lorsque Tour B2 mon amour débute, Tristan vit une scène typique de son quotidien, un coup de feu pour lequel « Tristan ne se donna pas la peine de rentrer la tête dans les épaules. Aucune raison de s’inquiéter, il savait ce qui se passait. » Et, quelques instants plus tard, il rencontre Clélia : « – Pourquoi avoir commis cette atrocité ? Tristan sursauta. »
L’arrivée de Clélia dans la vie du jeune garçon chamboule son monde. Son quotidien sans surprise devient une fourmilière de questions, d'émotions et, surtout, de mots. Cette nouvelle amie bouscule ses certitudes et il explore des chemins qu’il n’avait même pas remarqués avant.

Dans ce roman, Pierre Bottero aborde une multitude de sujets qui traitent de l’adolescence : le premier émoi, la peur d’être montré du doigt, les amitiés qui se délitent, la mince ligne entre l’inattention et le décrochage scolaire, l’uniformisation des codes sociaux… On est sur un vrai bon roman jeunesse qui accompagne le lecteur et lui montre qu’il n’est pas seul avec des préoccupations.
Et puis il y a aussi les jeux littéraires, qui ne se cachent que peu à travers les pages. Le lecteur, comme Tristan, apprend petit à petit à laisser les mots venir à lui sans entraver leur cheminement.

Tour B2 mon amour est un roman tout doux, ou presque, qui s’adresse aux adolescents sans les dénigrer, qui leur montre que ce qu’ils ressentent est important. Il traite de l’amour bouleversant de l’adolescence, sous toutes ses facettes dans un environnement qui semble ne laisser que peu de place au rêve. Et c’est ce qu’apprend Clélia à Tristan : les rêves sont permis, ils réchauffent l’âme, qu’ils puissent devenir réalité ou non.

« […]Tristan ?
– Oui ?
– Pourquoi n’existes-tu que lorsqu’il n’y a personne ?
Tristan ne put s’empêcher de sursauter.
»

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vendredi 27 janvier 2023

Famille de Lydie Salvayre

Lydie Salvayre est une autrice que je voulais lire depuis des années : souvent au rendez-vous de la Comédie du Livre de Montpellier, j’ai toujours été curieuse de découvrir sa plume et c’est désormais chose faite.



Quatrième de Couverture
« Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère. »

Mon avis
À l’intérieur de cette famille, trois êtres vivent ensemble sans se comprendre, sans réussir à communiquer. Autour de la maladie du fils, nous suivons la descente aux enfers de cette maison, sentant venir la chute qui échappe aux parents, incapables de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de leur fils.

Famille est un court roman angoissant où trois voix dissonantes se mêlent sans suffisamment se croiser pour entrer en harmonie.
Le père nie complètement la maladie de son fils, le rabaisse, ne comprend pas son état apathique : il est l’incarnation de la société qui pousse à la productivité, au travail. La mère, elle, noie l’état de son fils dans une autre forme de déni : elle est persuadée que l’amour étouffant d’une mère suffira. Elle ne réagit réellement qu’à travers son feuilleton quotidien préféré, déversant sa haine et sa frustration sur une fiction, son seul exutoire. Enfin, le fils s’enfonce un peu plus chaque jour dans les ténèbres de sa maladie, suffoque entre les reproches de son père et le calfeutrage de son être constant de sa mère. Ses parents étouffent chacun à leur manière ses cris de détresse, faisant peu à peu monter la pression en lui sans s’en rendre compte. Jusqu’à l’explosion.

Lydie Salvayre nous livre un récit angoissant où on comprend presque plus aisément la voix du fils que celles de ses parents, où on s’enlise dans les méandres de cette existence faite de souffrance qui sinuent au fil des pages comme du poison. Le livre se lit d’une traite, la respiration difficile, l’angoisse posée sur l’épaule et le besoin d’aller au bout pour que la souffrance qui suinte à travers les pages prenne fin.
C’était une lecture éprouvante, de celles qui compriment la poitrine par les mots, par le rythme ainsi que le message.
Pour une première lecture, c’est une réussite : même si j’ai eu mal au cœur et au corps, elle fait ressentir des tas d’émotions et c’est ce que j’aime.

« Je me sens dit le fils d’une humeur homicide. Je roule la vengeance au gouffre de mon cœur. Un bon assassinat me détendrait les nerfs. »

« L’esprit est mort l’esprit est mort l’esprit est mort clame le fils au désespoir. L’esprit est mort ainsi que Dieu. Il ne reste plus que son suaire. Parfois la mère est dépassée par les réactions de son fils. Heureusement il y a le Haldol, cinquante gouttes matin midi et soir. Le psychiatre a dit qu’en cas d’agitation on pouvait augmenter les doses. Ce qu’elle fait régulièrement, pauvre poussin. »

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mercredi 25 janvier 2023

Forever BITCH de Diglee

J'acheté cette BD d'occasion en souvenir des strips de Diglee que je lisais à l'époque où elle en mettait énormément sur son blog. Son style a pas mal évolué mais c'est toujours chouette de faire un petit retour en arrière.



Quatrième de Couverture
Louise, bientôt la trentaine, en couple, partage ses drames émotionnels avec son BGF (Best Gay Friend) et ses deux meilleures potesses aux caractères diamétralement opposés : Maud, Mère Teresa du plan cul depuis sa rupture avec l’ex-potentiel-homme-de-sa-vie, et Audrey, maquée avec son prince charmant… au grand dam de Maud, viscéralement mais secrètement jalouse de tant de niaiserie doucereuse.

Mon avis
Forever BITCH est une BD qui suit trois amies dans la fin de la vingtaine avec leurs doutes sur leurs vies amoureuses et ce qu’elles attendent vraiment des relations. Une sorte de Sex and The City dessiné moins chic que la série car plus vrai.

Cette BD ne m’a pas fascinée dans le fond, sûrement parce que je l’ai lue à un moment de ma vie où je ne suis plus le public cible. Pourtant, sous une apparente légèreté, Diglee dresse le portrait de trois jeunes femmes que tout semble opposer alors qu’elles sont finalement préoccupées par les mêmes choses. L’humour y est parfois subtil, parfois cru, comme dans la vraie vie et c’est agréable à lire. Le trait de Diglee est très expressif, on peut lire les scènes et les personnages sans même se pencher sur les mots. J’ai beaucoup aimé retrouver son style qui m’avait déjà bien plus à travers les strips lus sur le net.

Les ingrédients sont réunis pour fonctionner mais je pense que j’ai juste lu cette BD trop tard. Cela ne m’empêchera pas de poursuivre ma découverte de ses ouvrages, notamment à travers ses romans que j’ai bien envie de lire. Une BD rafraîchissante pour ceux qui aiment ce genre d’histoire.

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mardi 24 janvier 2023

Notes sur le chagrin de Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie, c’est un coup de cœur littéraire depuis que j’ai lu Americanah. J’ai lu quelques-uns de ses essais que j’ai trouvés fascinants de justesse et j’accumule pas mal de ses œuvres dans ma PàL. Regardant régulièrement ses ouvrages en librairie, j’ai trouvé Notes sur le chagrin dont le résumé m’a tout de suite happée.



Quatrième de Couverture
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l’amour et l’admiration qu’elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l’histoire du Nigeria. S’il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l’œuvre de l’autrice, il s’est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l’université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu’il était, son « dadounet originel ».
La perte se voit ainsi transcendée par l’amour et la transmission.

Mon avis
Durant le confinement de 2020, Chimamanda Ngozi Adichie a perdu son père. Depuis les Etats-Unis, elle a vécu un choc terrible, une perte immense lors d’une période critique où son deuil est vite devenu insurmontable. Assaillie par le chagrin et la colère, elle a couché sur papier des bribes de ses émotions violentes, parcourant les longs mois d’attente avant de pouvoir enfin mettre son père en terre.

Notes sur le chagrin résonne comme un hommage à ce père que Chimamanda Ngozi Adichie aime, admire, toujours solide à ses côtés. À travers les chapitres, elle partage des souvenirs qui dressent le portrait d’un homme bon, juste, encourageant, inspirant. Un père qui l’a toujours soutenue et poussée à être la meilleure version d’elle-même. Il était son roc, cet être inébranlable sur qui elle pouvait se reposer mais aussi dont elle s’inspirait. Le vide qu’il laisse dans sa vie est immense et c’est la colère qui prend le pas sur le chagrin pour combler cette absence mais aussi la cruelle distance. Parce que Chimamanda est aux Etats-Unis, en plein confinement, et elle ne peut faire son deuil de ce pilier disparu au Nigeria. Elle ne peut intégrer pleinement sa perte, coincée à des milleirs de kilomètres, dans un contexte où tout semble en suspend : c’est donc sa rage qui s’accroche durablement à son corps.

Comme toujours, la plume de Chimamanda Ngozi Adichie m’a captivée. Son style sans détour est d’autant plus fort ici que la colère qui l’habite fusionne avec ses mots et les rend plus percutants encore. Les chapitres sont courts et construits en vagues de montagnes russes, à l’image de la fluctuation de son chagrin : certains sont doux à travers les souvenirs, comme un cocon, d’autres se terminent en chutes brutales. Ces chutes reflètent à la perfection la façon dont le chagrin peut nous prendre par surprise sur le chemin du deuil, lorsqu’un bon souvenir nous rappelle avec cruauté qu’ils seront tous au passé désormais et plus jamais au présent.

Notes sur le chagrin est un cadeau doux amer, une lecture forte, douloureuse mais tellement belle. C’est aussi un témoignage d’une époque, de cette terrible année 2020 où nos vies ont été impactées à bien des niveaux et où nos deuils ont été plus lourds à porter. Encore une fois, Chimamanda Ngozi Adichie a capturé mon esprit pour y imprimer ses mots et je lui en suis reconnaissante.

« Je regarde mon père de tous mes yeux. J’ai du mal à respirer. C’est cela que ça signifie, état de choc, quand l’air se transforme en colle ? »

« Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c’est chose opaque. Son poids est plus lourd le matin, après le sommeil : un cœur de plomb, une réalité obstinée qui refuse de bouger. »

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dimanche 22 janvier 2023

Trois mètres au-dessus du ciel de Federico Moccia

J’ai vu le film Twilight Love ado et, comme souvent, j’ai eu envie de lire le livre dont a été tirée l’histoire. Manque de pot, il s’agit d’une trilogie rassemblant plus de 1500 pages que j’ai lue… Et que je n’ai pas aimée ! Mais, comme toujours, quand je commence un bouquin, je ne peux m’empêcher d’aller au bout.



Quatrième de Couverture
Jeunes et déchaînés, ils s'aiment
jusqu'à décoller de terre,
jusqu'à toucher le ciel.
Plus que ça.
Au moins.., trois mètres au-dessus du ciel !
Mais ils ne sont pas seuls: il y a le lycée,
les parents, la bande de copains qui dérape
et franchit les limites...

Mon avis
Trois mètres au-dessus du ciel raconte l’histoire de Step et Babi, deux adolescents que tout semble opposer et qui tombent amoureux, d’un amour fou et passionnel. Ils se changent l’un l’autre, de la bonne façon, se permettant de se découvrir et de cheminer vers le grand escalier de la vie d’adulte. Seulement, les marches ne sont pas communes à leurs chemins respectifs et Babi choisit de prendre son envol seule pour éviter les déchirements qu’elle sent venir à cause de leurs différences.
Si le premier tome traite avec passion de ce premier émoi adolescent, les suivants illustrent tout ce qu’il y a de toxique entre les deux adultes que deviennent Step et Babi. Ils se retiennent l’un l’autre dans leurs travers alors qu’ils vivent des vies séparées. Step passe son temps à tout ramener à Babi qui, elle, semble se délecter de l’emprise qu’ils ont l’un sur l’autre à chacun de ses détours dans sa vie.

Au-delà de l’histoire, c’est aussi l’écriture qui m’a perdue. Le style est incisif par moment, jusqu’à vulgaire, et tout en rondeur parfois sans que j’y trouve un réel équilibre. Et c’est long. C’est atrocement long à la lecture. Les longueurs sont déjà présentes dans le premier tome, deviennent plus invasives dans le deuxième pour finir par étouffer le fil du récit dans le troisième. On sent que l’auteur avait tout le détail de son récit en tête et qu’il n’a pas cherché à trouver, encore une fois, le juste équilibre.

Et puis, pour la fin… J’ai eu l’impression de voir un mauvais film où, pour réunir les deux amoureux destinés l’un à l’autre, il fallait que la décision soit prise par le destin. Pousser les personnages à choisir de se réunir par eux-mêmes semblait faire mal à l’auteur : Step serait potentiellement passé pour un mauvais bougre, quittant femme et enfant pour Babi… Alors que, non, il aurait simplement été humain. Mais non, la vie c’est blanc ou noir, il ne fallait surtout pas que son héros choisisse, il fallait que la vie lui offre sur un plateau la mort de sa femme ainsi que la bénédiction de cette dernière pour toucher le bonheur qu’il a toujours mérité… Non, c’est bien pire ainsi à mes yeux.

C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas savoir abandonner une lecture. Quoi qu’il m’en coûte, je vais au bout. Au mois, cette fois, je me suis permis de lire la moitié des pages en diagonale !
Je ne saurais dire si cette trilogie est mauvaise ou si c’est juste mon ressenti qui me pousse à ne voir que le négatif. Tout ce que je peux conseiller est de se contenter du film bien mielleux adolescent ou encore de la récente adaptation de Netflix avec la série italienne du même nom, qui prend énormément de liberté pour le bien de tous.

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jeudi 19 janvier 2023

L'Expiation de Christelle Lebailly

J’ai découvert Christelle Lebailly à travers ses vidéos YT, à une époque où l’écriture me démangeait à nouveau les doigts. J’ai eu envie de découvrir son univers. Je lis très peu de romans auto-édité et je ne regrette pas d’avoir choisi celui-là. La mise en page est soignée, le texte bien calibré, de quoi rappeler qu’il est possible de sortir du schéma traditionnel de l’édition pour faire vivre ses histoires.



Quatrième de Couverture
On sait peu de choses sur Ashland, cette petite ville minière de Pennsylvanie qui n’en finit pas de se morceler, engloutie par les galeries qui courent dans son sous-sol. Pas de page internet ni de contacts extérieurs ; à croire que rien ne sort de la vallée.

Ainsi, lorsque Jessica y débarque pour vivre chez sa grand-mère, elle découvre une femme à l’image de la bourgade : pleine de froideur, de regards inquisiteurs, et de secrets. L’adolescente se retrouve confrontée à une communauté pieuse, où les traditions font office de lois, et rapidement, les mystères s’accumulent. Pourquoi les mines effrayent-elles tant les habitants, et pourquoi sa grand-mère refuse-t-elle de parler de la mort de son père, survenue dix ans auparavant ?

Jessica l’ignore, mais un compte à rebours a été enclenché dès son arrivée. Des murmures parcourent les bois, tandis que des tambours résonnent sous la terre.

L’Expiation approche, et l’heure du sacrifice a sonné.

Mon avis
Jessica est envoyée à Ashland chez sa grand-mère paternelle par sa mère qui préfère se consacrer à son copain du moment. La lycéenne découvre une ville où les habitants épient chacun de ses gestes et une grand-mère aussi froide que les lieux qu’elle intègre. Au sein de cette communauté pieuse et oppressante, Jessica prend conscience peu à peu de la folie qui anime la ville, alors que les visages se craquèlent au même rythme que les rues de la bourgade. La ville semble prête au sacrifice, dans la plus pure tradition barbare : les jours de Jessica sont comptés.

L’Expiation est un thriller fantastique au sens initial du genre : jusqu’au bout on se questionne, on se demande si les événements ont une explication rationnelle ou non. Ashland semble figée dans le temps tout en se délitant rapidement. L’ambiance y est sombre, humide et oppressante. L’oppression devient petit à petit étouffante, on suffoque, pris à la gorge, on cherche une bouffée d’air salvatrice jusqu’à la toute fin. Et lorsqu’on finit par inspirer un grand coup, c’est la chute finale, l’estocade fatale qui nous laisse en équilibre au bord du précipice.

Tout au long de ma lecture j’ai eu l’impression d’être plongée dans une histoire rappelant Le Village, film des années 2000 que j’avais beaucoup aimé.
Tous les éléments nous poussent à nous plonger dans cette ambiance, à sentir que les habitants d’Ashland cherchent à garder entre leurs griffes les jeunes générations. Jessica, elle, nous permet de comprendre au fil des pages ce qu’il se trame en ces lieux. Ou presque. J’ai à un moment été persuadée d’avoir compris la plupart des rouages de l’intrigue, voyant même dans la couleur de cheveux de Jessica un clin d’œil au film de Shyamalan. Et si j’avais effectivement compris certains détails, d’autres aspects m’avaient échappé et c’est tant mieux ! J’ai aimé le rythme de l’histoire, allant crescendo, ainsi que le fait de ne pas être plongée dans la psychologie des personnages secondaires : le récit se veut court et il fonctionne tel quel. C’est la vision de Jessica qui nous permet de suivre l’intrigue et elle n’est pas là pour entrer dans la tête de ses voisins : elle veut survivre, les fuir et on la comprend. Un poil de développement supplémentaire m’aurait cependant plu, notamment sur la ville et certains de ses rouages.

Enfin, le vrai point fort de ce roman est le style d’écriture très descriptif : il entre pile dans la catégorie que j’apprécie. Si la psychologie des personnages est survolée, le décor, lui est personnifié. Et c’est ce qui m’a plu : j’aime quand les lieux prennent le pas sur les protagonistes dans ce genre de roman. Après tout, Ashland est sûrement LE vrai personnage principal de L’Expiation, celui qui fut, qui est et qui sera après tous les autres. C’est un choix qui laissera sûrement quelques lecteurs au bord de la route mais qui m’a tendu une main que j’ai prise sans hésiter.

« Le froid. Il avait recouvert tous les murs d’une pellicule d’eau, et il ne se trouvait pas un objet qui ne soit pas moite. La tapisserie puait l’humidité, et des pots-pourris étaient placés à intervalles réguliers dans des coupelles en cristal pour dissiper l’odeur de moisi. Toutes les maisons du quartier se décomposaient-elles ainsi ? Ashland était connue pour avoir un climat très pluvieux, et ce, peu importe la saison. Et si ce n’était pas des torrents d’eau qui s’abattaient, c’était un brouillard opaque, chargé d’humidité, qui s’infiltrait dans les rues. La ville devenait alors une cité fantôme, invisible depuis le ciel. »

Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mardi 17 janvier 2023

Le Livre des Etoiles, Tome 4 : La Boussole des Trois Mondes de Jimmy Blin

J’ai découvert par hasard la sortie d’un tome 4 du Livre des Etoiles en janvier 2022, juste quelques jours avant sa sortie. Cette saga de ma jeunesse, que j’avais adorée, se voyait offrir une suite près de 20 ans plus tard ! En deux clics, j’ai trouvé quelques infos et j’ai été bien surprise de voir qu’il s’agissait d’une fan fiction… En librairie, quelques jours plus tard, j’ai pris le livre dans mes mains et ai lu la préface écrite par Erik L’Homme. Cela m’a convaincue et je l’ai acheté !
J’ai d’abord relu la trilogie d’origine, chose que je n’avais pas faite depuis plus de 15 ans. J’y ai retrouvé de chouettes personnages, une épopée fantastique pour un jeune public et une bonne partie de mes vieilles émotions. Puis, j’ai foncé tête baissée dans le tome 4 que j’ai lu en une matinée.
Le Livre des Etoiles, c’est une bonne partie de ma vie de jeune lectrice.



Quatrième de Couverture
L'Ombre, l'ennemi juré du Pays d'Ys n'est plus ! Chevaliers, Sorciers et habitants célèbrent ensemble la paix. Mais la fête est de courte durée: Guillemot de Troïl, qui a sacrifié ses pouvoirs magiques pour vaincre la créature maléfique, a disparu. Seul le Vieux Compas, une boussole légendaire, permettra de retrouver la trace du jeune Apprenti. Une poignée d'irréductibles, accompagnés de Maître Qadehar, se lancent à sa recherche pour sauver leur ami Guillemot.

Mon avis
L’Ombre n’est plus depuis deux ans. Cela fait aussi deux ans que Guillemot de Troïl a disparu, envolé de son lit d’hôpital juste après sa victoire contre l’Ombre. Depuis, ses amis et sa famille n’ont de cesse de le chercher mais aucune trace de lui ne subsiste au Pays d’Ys.
Kushumaï la Chasseresse a pourtant une dernière idée : réunir les fragments du Vieux Compas, objet légendaire qui tend vers le mythe, dont la magie pourrait localiser Guillemot. L’heure est venue de vivre une ultime quête.

Le défi était risqué mais Jimmy Blin a su le relever. A partir d’une trilogie qui a marqué toute une génération il a su faire naître une suite qui tient la route, tant dans le fond que dans la forme. Il n’est finalement pas risqué de dire qu’il a rendu un bel hommage à Erik L’Homme.

Jimmy Blin a utilisé les éléments de la trilogie d’origine pour donner vie à une nouvelle aventure. Il a reproduit les codes de la saga et a su rester fidèle à l’ambiance de départ, à l’essence des personnages. Le schéma narratif est le même, tout comme la construction des chapitres ainsi que les messages véhiculés par le récit. C’est d’ailleurs un choix à double tranchant : on aime ou on déteste. Quand il s’agit d’une suite officielle ou non écrite par une autre personne, il faut faire ce choix : garder le même rythme ou en adopter un nouveau. Jimmy Blin a choisi de calquer son histoire sur celle d’origine et ça a parfaitement fonctionné avec moi.
On retrouve les chapitres courts, les ellipses régulières notamment lors de situations critiques et toute la fougue de la jeune bande d’amis. Une ambiance fidèle au Livre des Etoiles de notre jeunesse, qui n’a d’ailleurs pas trop mal vieilli. Le récit ne détonne clairement pas dans la littérature jeunesse, de quoi s’adresser aux vieux fans comme moi mais aussi à une toute nouvelle génération.
Le style de Jimmy Blin se rapproche assez bien de celui d’Erik L’Homme, si ce n’est qu’il manque encore un chouia d’aisance sur quelques tournures de phrase par rapport au maître en la matière : s’adresser à un public jeune sans simplifier son langage et en trouvant la juste tournure est un exercice complexe. Erik L’Homme maîtrise cette pirouette à la perfection mais Jimmy Blin a su s’en rapprocher de très près.

Enfin, l’intrigue était chouette. Peut-être un poil simple et rapide mais elle a été menée en un seul tome contre trois il y a 20 ans, ce qu’il faut noter. Je regrette seulement le manque de présence de Guillemot, principalement par nostalgie, cette absence servant très bien le récit. Ceci dit, cela ouvre une nouvelle fois la porte des possibles. Jimmy Blin nous rappelle aussi avec ce tome 4 qu’il n’est pas interdit de rêver et, surtout, d’imaginer sans limite une suite à nos œuvres préférées une fois la dernière page lue.

Une suite à lire pour les fans, avec la bénédiction d’Erik L’Homme en prime !

Les avis des Accros & Mordus de Lecture sur la Trilogie
Les avis des Accros & Mordus de Lecture sur le Tome 4

samedi 14 janvier 2023

Grisha, Tome 3 : L'oiseau de feu de Leigh Bardugo

Avec cette chronique tu dernier tome de Grisha, je finis enfin la rédaction de mes avis lecture de... 2021. J'ai pris un retard monstre mais je le vis bien. Pour écrire mes chroniques, je dois me repongler dans ces lectures et c'est agréable de retrouver mes sensations d'il y a un an. J'espère quand même réussir à rattraper une bonne partie de mon retard cette année !



Quatrième de Couverture
« Et je devins une lame. »

MANIPULATION. PARJURE. TRAQUE.
Un royaume au bord du chaos.
Un tyran sur un trône d'ombre.
Une sainte sans pouvoirs.
Sans alliés. Sans armée.
Le combat final de la lumière contre les ténèbres.
AMOUR. LOYAUTÉ. DÉLIVRANCE.

Le salut de Ravka mérite-t-il tous les sacrifices ?
Seule l'Invocatrice de lumière en décidera.

Mon avis
L’attaque du Darkling à Os Alta laisse Alina affaiblie, cachée sous terre par l’Aparat contre son gré.Si loin du Soleil, elle n’a plus accès à sa lumière tout comme à sa liberté. Aidée par les survivants de la Seconde Armée et de ses amis, Alina va pouvoir poursuivre sa quête pour réunir les trois amplificateurs. Cette course contre le temps touche à sa fin, Lumière et Ténèbres vont s’affronter une toute dernière fois.

Avec ce tome, la trilogie Grisha touche à sa vin, le point final arrive et on le sent. On le sent à travers ses personnages, les dernières étapes de la quête et, surtout, ses révélations, celles qui permettent d’obtenir la vision d’ensemble qui est caractéristique de la fin d’une saga.

Alina passe par les ténèbres lorsqu’elle est sous terre, par l’espoir absolu en retrouvant la surface et son pouvoir. Puis vient la détermination. Sur la fin du second tome, Alina était prête au sacrifice final, prête à devenir cette martyre que beaucoup voient en elle pour être une sainte, Sankta Alina. Dans ce dernier tome, nous sommes au-delà du sacrifice au sens littéral, c’est le sacrifice total de sa vie d’avant qu’Alina est prête à faire pour de bon, de celle qu’elle était. Elle ne se projette plus vraiment au-delà de la victoire qu’elle veut avoir sur le Darkling. Elle reste uniquement fixée sur la fin des ténèbres et la libération de Ravka ainsi que sur le dernier amplificateur de Morozova. Elle sent que ce troisième amplificateur lui permettra de tuer le Darkling tout en causant sa fin à elle. Ils sont comme les deux faces d’une même pièce, liés, semblables et différents à la fois : complémentaires. C’est en se focalisant sur ce lien qu’elle semble ainsi se détacher de tous ceux qui l’accompagnent ; c’est peu explicité mais c’est ce qu’on ressent à la lecture.

En rédigeant cet avis final, je me rends compte que j’ai tout traité à travers le personnage d’Alina. Et c’est aussi quelque chose qui résume bien ma lecture : Alina ne m’a pas plus fascinée que d’autres personnages, dans ce livre où ils sont nombreux à être chouettes, ou encore dans d’autres œuvres, mais Leigh Bardugo a instillé en elle toutes les étapes du cycle de la vie ainsi que toutes les facettes de son univers. Et surtout, Alina est terriblement humaine : elle comprend qu’elle peut aussi sombrer comme le Darkling, elle est pleinement consciente que personne ne peut résister à l’attrait d’un pouvoir aussi puissant que le leur : après des siècles, elle aussi serait sûrement devenue un monstre. Et c’est ce doute final qui reste et qui fait qu’on s’interroge à la fin de cette saga : est-ce que tout le monde serait voué à une telle histoire sombre avec un pouvoir aussi grand ? Alina ne le saura jamais et c’est aussi ça la beauté d’un livre : les questions qui restent sans réponses, le champ des possibles…

Grisha est une trilogie bien écrite, à l’univers prenant et qui offre un très bon moment lecture. Leigh Bardugo a vraiment un talent certain pour faire de ses personnages l’histoire même de ses livres, pour en faire le miroir du monde dans lequel ils vivent. Et, en me replongeant dans cette trilogie lue en 2021 pour enfin rédiger mon avis, je me suis rappelée que je n’avais jamais lu la troisième saga du Grishaverse : King of Scars : je suis en train de rattraper mon affront !

« […]Le peuple t’aimera pendant un moment. Mais que penseront-ils quand leur bon roi vieillira et mourra, tandis que sa sorcière de femme restera jeune ? Quand tous ceux qui se souviendront de tes sacrifices ne seront plus que poussière ? Combien de temps penses-tu qu’il faudra à leurs enfants ou leurs petits-enfants pour se retourner contre toi ?

Ses mots me glacèrent. Je ne parvenais toujours pas à me faire à l’idée de cette vie infinie qui m’attendait, ce gouffre d’éternité.

– Tu n’y as jamais pensé, n’est-ce pas ? demanda le Darkling. Tu vis dans l’instant, moi dans un millier d’instants.
»

Avis Grisha, Tome 1 : Les orphelins du royaume de Leigh Bardugo
Avis Grisha, Tome 2 : Le dragon de glace de Leigh Bardugo
Avis Six of Crows, Tome 1 de Leigh Bardugo
Avis Six of Crows, Tome 2 : La Cité corrompue de Leigh Bardugo
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

mercredi 11 janvier 2023

Grisha, Tome 2 : Le dragon de glace de Leigh Bardugo

On poursuit l'exploration du Grishaverse avec le tome 2 de Grisha. Rédiger cette chronique a attisé ma hâte de voir la saison 2 de Shadow and Bone !



Quatrième de Couverture
« Je suis l’Invocatrice de lumière. Et je suis votre dernière chance. »

DÉVOTION. REMORDS. MARTYR.
Un pays déchiré par la guerre civile.
Une jeune femme idolâtrée, rongée par ses propres pouvoirs.
Un corsaire flamboyant et mystérieux.
Un soldat renégat, en proie aux doutes.
Une menace grandissante. Un danger imminent.
RÉSISTANCE. POUVOIR. SACRIFICE.

Pour s’opposer au Darkling, Alina devra explorer ses propres ténèbres. Au risque d’y perdre sa lumière.

Mon avis
Alina et Mal ont pu échapper au Darkling grâce à l’amplificateur mais ils ont rapidement été retrouvés et se réveillent sur un navire, au milieu de la mer. Entre le Darkling et le Capitaine du bateau, ils sont coincés, en route vers le deuxième amplificateur de Morozova. Mais un corsaire a plus d’un tour dans son sac et c’est en dirigeante de la Seconde Armée qu’Alina revient à Os Alta, prête à tout pour vaincre le Darkling.

Le tome 2 de Grisha nous propulse dans une course-poursuite où, quoi qu’elle fasse, Alina se retrouve face au Darkling. Mais à chaque rencontre, elle est plus forte, comme son histoire ainsi que l’univers de Leigh Bardugo. Le caractère d’Alina s’affirme tout autant que la plume de l’autrice dans ce deuxième tome qui devient rapidement addictif. De nouveaux personnages entrent en scène, à l’identité aussi forte que celle des personnages du premier tome, qui ont pris en profondeur : Alina voit bien mieux à travers les gens et nous entraîne avec elle dans cette clarté. La narration interne prend de plus en plus de sens au fil de cette aventure.
Le tome 1 était celui de la découverte, de la plongée dans ce monde. Le tome 2 est celui de l’ancrage où Alina prend sa place, accepte son destin et l’embrasse pour s’y noyer sans résistance. Si le pouvoir qui l’habite se doit d’être exceptionnel alors elle le sera elle aussi. La lumière l’embrase, la consume et l’exalte : elle sera reine s’il le faut. En prenant la tête de la Seconde Armée, elle ne fuit plus et se prépare à l’affrontement. Si le tome 1 est une sorte de phase adolescente, le tome 2 est clairement l’affirmation de l’âge adulte.

Et Alina n’est pas seule dans son combat : Mal se révèle, Nikolaï fait une entrée fracassante, Zoya montre qu’elle n’est pas seulement cruelle et le Darkling laisse entrevoir qu’il pourrait se laisser ébrécher. L’univers, l’histoire et les personnages sont une trinité efficace, le tout délicieusement accompagné de dialogues percutants.

En relisant rapidement ce tome pour rédiger mon avis (un an après ma lecture), je me dis que, finalement, j’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture.

« – Je me fiche de ce que vous pensez de moi, que vous me preniez pour une sainte, une imbécile ou la catin du Darkling. Si vous voulez rester au Little Palace, vous devrez me suivre. Et si ça ne vous plaît pas, quittez les lieux avant la nuit ou je vous ferai enchaîner. Je suis une guerrière. Je suis l’Invocatrice de lumière. Et je suis votre dernière chance.

Je traversai la salle et ouvris les portes des quartiers du Darkling, remerciant les Saints qu’elles ne soient pas verrouillées.
»

Chapitre 13

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mercredi 4 janvier 2023

Grisha, Tome 1 : Les orphelins du royaume de Leigh Bardugo

Après avoir lu Six of Crows, j'ai directement enchaîné avec ce tout premier tome du Grishaverse que j'ai beaucoup aimé (même s'il n'arrive pas à la cheville de Six of Crows). Il aurait pu être un coup de coeur si j'avais découvert l'univers avec lui.



Quatrième de Couverture
Orpheline, Alina ne peut compter que sur elle-même. Quand l'armée la recrute pour une expédition dans la Nappe d'ombre, un brouillard maléfique qui déchire le royaume, la jeune fille s'attend à y laisser sa peau... Les rares survivants des précédents raids racontent que des monstres s'y repaissent de chair humaine ! Seul Grisha, puissants magiciens, sont à même de lutter contre cette malédiction. Et si cette épreuve révélait aux yeux de tous la véritable nature d'Alina ?

Mon avis
Grisha nous entraîne au cœur de Ravka, royaume en guerre mais aussi affaibli par immense Nappe Sombre qui coupe le pays en deux, rendant l’accès long et tortueux vers les voies navigables. Le royaume est dirigé par la famille Lantsov, à la tête de l’armée divisée en plusieurs groupes : les Grishas, personnes dotées de capacités extraordinaires et les simples soldats, très bonne chair à canon. Dans ce pays aux inspirations russes, les Grishas sont autant respectés que craints, admirés que jalousés. Ils sont puissants mais aussi tenus en laisse par la famille royale qui la protègent des pays voisins qui leurs réservent un sort moins enviable : vendus, disséqués ou brûlés. Ravka est leur refuge et ils servent le pays, menés par le Darkling, invocateur d’ombre.

L’univers est riche sans être trop complexe et nous entraîne au cœur d’une course au pouvoir, fidèle au genre de la fantasy. Ce tome introductif nous permet de découvrir progressivement les ficelles et les rouages de Ravka, aux côtés d’Alina qui se retrouve propulsée au rang de Grisha hors norme, unique en son genre, incarnant l’espoir de tout un peuple. Elle est l’invocatrice de Lumière, celle par qui l’ère de la Nappe Sombre doit prendre fin. Grisha offre donc un monde meurtri où l’espoir fait son entrée à travers un personnage dont le destin le dépasse.

S’il n’y a rien de révolutionnaire dans ce premier tome, les ingrédients de la fantasy qui y sont réunis fonctionnent, portés par des personnages humains qui se dévoilent au fil des pages, qui gagnent en force, en profondeur et en substance. C’est principalement le cas de l’héroïne dans ce tome qui, d’abord dépassée par les événements, embrasse peu à peu son destin et affirme son caractère. Elle reste aussi une jeune femme naïve, prête à croire les gens autour d’elle, malgré le malaise que lui provoque ce nouveau monde forgé dans le luxe et l’hypocrisie. Alina grandit peu à peu et passe progressivement de la fraîcheur de la fin de l’adolescence à la violence de l’entrée dans le monde des adultes. Sa candeur initiale contrebalance la froide maturité du Darkling, puis c’est sa fougue qui vient s’opposer à la rigidité de son leader : ombre et lumière s’opposent autant qu’ils se complètent. Seulement l’un finira par écraser l’autre.
On rencontre toute une palette de personnages, effleurés ou percutés de plein fouet pour notre plus grand plaisir.

Ce premier tome est une ouverture très agréable sur l’univers de Grisha, une lecture rythmée, addictive, qui n’a pas été un coup de cœur uniquement parce que j’ai eu la mauvaise idée de lire six of Crows en premier (la seconde saga du Grishaverse).
Une bonne saga de fantasy young adult.

« Admets-le, ricana-t-il. Tu es à lui.
- Toi aussi, tu es à lui, lâchai-je. Nous sommes tous à lui.
Son sourire s’évanouit.
- Sûrement pas, rétorqua-t-il d’un ton féroce. Pas moi. Jamais.
- Vraiment ? N’es-tu pas attendu quelque part ? N’obéis-tu pas à des ordres ?
Mal se redressa, le visage froid.
- Oui. En effet.
Il tourna les talons et s’en fut.
»
Chapitre 14

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