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Rambalh, c'est un pot pourri de mes lectures, un blog pour partager mes coups de coeur et de gueule. Rambalh signifie Bordel en Occitan et c'est un peu le cas de ce blog. Il est surtout né de mon besoin de garder une trace de mes lectures. Retrouvez-moi aussi sur Accros & Mordus de Lecture.

vendredi 8 juin 2012

La balafre de Jean-Claude Mourlevat

Après les examens, la reprise de la lecture a été laborieuse : entre cervelle grillée, farniente à la plage et fêtes à gogo, j'avoue m'être laissée aller. Au milieu de mes partenariats pour le forum A&M, je me suis accordée une petite pause avec un roman de Jean-Claude Mourlevat, La balafre, que je me suis achetée il y a quelques semaines pour 20cts seulement (et dire que je le cherchais depuis longtemps en plus). Mourlevat est un de mes auteurs jeunesse fétiches : c'est une grande histoire d'amour littéraire qui a commencé en 2007 avec Le combat d'hiver mais ça, c'est une autre histoire que je vous conterai peut-être... La balafre est son tout premier roman publié en 1998 chez Pocket Jeunesse. Il est composé de 127 pages. Je pensais ne l'avoir jamais lu mais au final, les derniers chapitres me sont apparus bien trop familiers : sûrement l'une de mes premières lectures à l'école primaire, qui sait..



Quatrième de Couverture
Olivier vient d'emménager dans un hameau perdu. Un soir, l'adolescent est attaqué par le chien des voisins qui se jette sur la grille avec une rage terrifiante. Ses parents pensent qu'il a rêvé, car la maison est abandonnée depuis des années. Olivier est le seul à croire à l'existence de l'animal, le seul à voir une petite fille jouer avec ce chien. Obsédé par ces apparitions fantomatiques, Olivier veut comprendre.

Mon avis
Olivier a treize ans et, pour le boulot de son père, il doit quitter sa ville natale pour aller vivre durant une année entière dans un tout petit hameau. Quitter ses copains n'a rien de drôle et lorsqu'il arrive dans sa nouvelle maison, il comprend bien vite que vivre dans un village désert n'est pas drôle non plus. C'est l'occasion pour lui et ses parents de se retrouver, de profiter des joies de la vraie vie de famille. Olivier aime se promener dans le hameau, sur les chemins alentour. Mais un soir, un chien l'effraie et c'est le début d'une terrible obsession : personne n'a vu ce chien, la maison dans laquelle il se trouverait est abandonnée depuis cinquante et rien d'autre à part ce chien n'habite les pensées d'Olivier. Le jeune garçon se laisse alors happer par une histoire qui le dépasse...

Encore une fois, je me suis laissée emporter par l'histoire de JC Mourlevat. Son style d'écriture n'a rien d'exceptionnel mais il me touche : l'utilisation de la première personne m'a rapprochée d'Olivier, de ses angoisses, de ses doutes. L'histoire est profonde, touchante, elle se clarifie de plus en plus mais en même temps, elle devient plus complexe, plus sombre. Cette impression de toucher au but nous prend dès le début des investigations du héros et quand on pense qu'on tient enfin la clé du mystère, on est assaillis de questions : comment et pourquoi ?

Olivier est un personnage touchant et qui, pour une fois, entre bien dans ses treize ans. C'est pour ça que j'aime Mourlevat aussi : chez lui, ses héros sont conformes à leur âge, à leur vie. Pas de super adolescent qui sait tout, qui a tout vu et qui réussit tout ! Un héros de treize ans a des pensées en rapport avec son âge. Quand Monsieur Tournaire lui montre la lettre, on sent sa naïveté, sa façon de voir encore les hommes comme des gens généreux : l'évolution du personnage est intéressante à ce niveau puisqu'il passe de cette naïveté au réalisme de l'époque de l'occupation et doit essayer de comprendre et d'accepter que la nature humaine n'est pas toute blanche. Madame Goret a son rôle à jouer, on le sent dès son apparition dans l'histoire mais on n'imagine pas à quel point, on ne sait pas quoi penser de cette femme et c'est surtout à cause de la narration puis qu'on suit le fil des pensées d'Olivier et donc son opinion. Les parents de l'adolescent sont effacés, dépassés et ont du mal à comprendre ce qu'il arrive à leur fils. Les personnages sont à mon sens développés pile comme il le faut, sans trop d'informations ou pas assez.

L'histoire en elle-même est prenante parce qu'on ne sait pas vers où l'on va être menés : on pense d'abord qu'on va se retrouver face à un gosse mutilé par un chien méchant qui va devoir réapprendre à vivre avec une "balafre" mais en fait, ça n'a rien à voir avec ça et c'est plutôt la fin de l'histoire qui sonne comme une chute et qui explique le pourquoi du comment du titre. On navigue habilement entre réalisme et fantastique : l'auteur sème tout doucement ses éléments fantastiques et atteint son apogée avec la fin de cette année passée dans le hameau, une apogée qui surprend mais qui permet de garder ce petit goût de fantastique, d'histoire à travers les âges. JC Mourlevat aborde sans prendre de gants l'occupation et la montre telle qu'elle l'était à ses (plus ou moins) jeunes lecteurs : c'est peut-être risqué mais je pense que c'est un tour de force que de dire les choses comme elles sont aux plus jeunes même si elles ne sont pas belles. Le livre est d'ailleurs classé Pocket Junior - certains le contestent - et je pense que la dose de vérité est juste pile à la limite de ce qu'il faut pour de jeunes lecteurs, juste de quoi leur permettre de faire un premier pas vers l'histoire et le fait que les hommes ne sont pas toujours bons les uns envers les autres. Les histoires de dénonciation sont sûrement un peu dures pour de jeunes lecteurs mais à mon avis, c'est surtout pour mettre en relief les bonnes actions et montrer aux jeunes la voie à suivre. Je vais peut-être un peu loin dans mon analyse mais c'est ma façon de voir les choses sur le débat jeunesse.

Enfin, j'ai été très émue durant la lecture... Les passages où Olivier voit la nuit du drame m'ont bouleversée mais ça, c'est mon côté trop émotive quand il s'agit d'animaux, d'enfants et de littérature. Enfin, Mourlevat réussit toujours à me tirer quelques larmes et frissons, je n'y peux rien, c'est devenu une règle immuable. C'est un livre qui se lit vite, qui se savoure et qui laisse sa marque qu'on soit jeune ou moins jeune. Je le conseille à tout ceux qui aiment Mourlevat, à ceux qui aiment les histoires frôlant le fantastique, à ceux qui aiment la "vraie" littérature jeunesse - comprendre les livres où le héros est construit avec réalisme et où l'histoire n'a rien de complètement creuse - et à ceux qui veulent une lecture rapide mais avec du sens.

Encore une fois, merci Jean-Claude Mourlevat !

4 commentaires:

  1. En effet, on est bien accordé :) Mais pour moi Mourlevat était une découverte, qui j'espère deviendra un auteur fétiche tout comme toi ! J'ai le Combat d'hiver dans ma PàL je me réjouis :)

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    1. Il faut que tu le lises, c'est une petite merveille. Hier je l'ai sorti de mes étagères et j'ai du me faire violence pour ne pas le relire^^

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  2. J'ai un livre de mourlevat que j'ai emprunter a la biblio je l'ai toujours pas lu, tu me donne envie de le découvrir et ce livre aussi ;)
    t'es doué quant tu t'y met ^^

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    1. Je sais, je sais, je suis moi aussi vile tentatrice à mes heures :D
      J'ai aimé ton avis sur Terrienne au passage *.*

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